Acod - The Divine Triumph

Chronique CD album (53 mn)

chronique Acod - The Divine Triumph

Trois albums (2009, 2011, 2015) et deux EP (2014 et 2016), la discographie d’A.c.o.D. (désormais ACOD), groupe marseillais, est déjà bien touffue lorsque sort en août 2018 leur 4e opus The Divine Triumph chez Jive Epic (aujourd’hui RCA). La signature chez ce nouveau label qui appartient au mastodonte Sony Music peut paraître pour d’aucuns comme une sorte de consécration d’une carrière musicale entamée en 2006. Il boxe dorénavant dans une autre catégorie ; ça, c’est sûr ! Il suffit de voir les groupes pour lesquels ils ouvrent les concerts en 2019 : Arch Enemy, Cannibal Corpse, Cradle of Filth, Decapitated, Napalm Death, … Cependant le prix à payer pour faire évoluer le groupe vers un Death metal plus sombre – dans la continuité de l’EP Inner Light – a été très lourd, puisque « la divergence artistique » – comme on dit – provoquée au sein du line-up s’est traduite par le départ des deux guitaristes, Chris et JB, étonnamment non remplacés, si ce n’est pour les concerts. Les exigences de Jive l’ont donc emporté….

 

Cet album est l’occasion d’un nouveau départ, d’un nouveau projet, à trois cette fois-ci avec Frédéric Peuchaud au chant et aux lyrics, Jérôme Grollier à la basse et Raphaël Clément à la batterie. The Divine Triumph est présenté comme la première pierre d’une trilogie, qui nous narre le voyage initiatique et cathartique des « éveillés », « ces âmes mortes qui s’élèvent dans l’au-delà », condamnées à se mouvoir dans « un monde obscur et occulte où se côtoient anciennes divinités, horreurs et merveilles » (sic).  Une trilogie de laquelle devrait sortir … un nouveau nom ! En attendant ACOD s’appuie sur un nouveau logo (merki Christophe Szpajdel, pas mal le trident renversé !) et sur un environnement visuel complètement repensé (merki Paolo Girardi pour l’artwork de qualité et Igor Omodei pour les clips réussis).

 

Afin de relever le défi de cette authentique épreuve – renaître suite à un tel bouleversement de line-up n’est pas chose aisée –, le combo phocéen a eu l’habileté de bien s’entourer.  L’album a en effet été enregistré par Shawter (le frontman de Dagoba), puis mixé par Linus Corneliusson (qui a déjà collaboré avec Amon Amarth, Kreator et Moonspell) et masterisé par Jens Bogren (qui a travaillé notamment avec Fleshgod Apocalypse). De ce côté-là, c’est clean et irréprochable. À 100%. Jérôme a beau avoir composé les lignes de guitare, ce n’est pas lui qui les a enregistrées, puisqu’ACOD a fait appel pour le studio au très bon Matthieu "Hank" Asselberghs (Nightmare, Sangdragon) qui s’est parfaitement adapté aux exigences du trio.

 

Passons de suite aux 11 pistes de travail. Une invitation séduisante attend l’auditeur avec ce concept album : emprunter tour à tour les chemins maudits et éreintants des Enfers et des Abysses ! Le pari est globalement réussi. Les deux grosses minutes de « L’ascension des abysses » donne le ton à l’ensemble, avec un souffle épique et émotionnel qui ne retombe que rarement. Un gros travail sur les samples et sur le piano est d’ailleurs à mettre au crédit de Richard "Fixhead" tout au long des 53 minutes. Souvent placées à l’entame (« Tristis Unda ») ou à la fin des morceaux (« Omnes Tenebrae »), les orchestrations sont généralement bien menées, approchant souvent les compos de celles proposées par Septicflesh. Comme si la brutalité ultra-rythmée d’un Carcass rencontrait la délicatesse symphonique d’un … Chaostar ! Bon, d’accord, je l’avoue, ACOD relève davantage du premier que du second ! Écoutez ainsi le très bon « Road To Nowhere » (ouf, les riffs à la 3e minute !) et l’excellent « Sleeping Shores » tout en complexité. Si un manque d’originalité apparaît, seulement par instant (« Between Worlds »), la qualité domine largement avec « Sanity Falls », « The Divine Triumph » et « Beyond Depths » (quelle entame ! quel blast à la guitare !). Est-ce sans doute lié à la composition "restante" du trio et au travail effectué sur la musique par Jérôme, mais les lignes de basse sont très marquées – le surmix est une volonté artistique assumée –, avec même de véritables solos qui surprennent, positivement (« Broken Eyes »). L’agressivité fait, enfin, un pas de côté avec « Fleshcell », belle parenthèse mid-tempo, très sombre et mélancolique, portée par un superbe mix à plusieurs voix.

 

Un trio, un trident, un triomphe divin, … La trinité chère à ACOD, à la fois symbolique et chimérique, est associée ici avec un réel talent à une autre trinité, bien musicale celle-là : de la violence, du rythme, de l’orchestration. Trois qui ne font qu’un ici.

photo de Seisachtheion
le 03/05/2019

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