Commodore - Driving out of focus

Et si on arrêtait de dire que les groupes de hardcore, de noise ou de post hardcore suisses défoncent tout à chaque fois ? Ou plus simplement,  si les groupes suisses voulaient bien comprendre qu’il n’y a pas qu’eux sur Terre et arrêter de tout défoncer à chaque fois ? Hein ? C’est possible de faire un chronique estampillée « pays du chocolat et des banques » qui ne se ramasse qu’une mention passable ?

Visiblement non.

Commodor(e – ils ont visiblement rajouté le "e" dernièrement), c’est donc bien un putain de trio de Genève qui envoie du bon gros post hardcore 90’s façon Fugazi, Condense ou Shellac avec classe et brio. Preuve en est leur premier album, driving out of focus, véritable collection de purs titres de rock n’roll tendus, bruyants et rythmés, le tout s’aérant un brin à coup de gimmicks un peu plus pop avec du chant clair (limite faux des fois mais c’est pas grave, cf. le style joué par le groupe). Ça fait toujours un peu vieux con de faire l’apologie de tels groupes mais on ne m’ôtera jamais de l’idée que les années 90 n’ont pas suffi à cette fameuse scène post hardcore (au sens noble du terme) qui n’a jamais tourné en rond… Tout particulièrement en terre francophone et c’est pas les gars de Ventura (encore des suisses) qui me contrediront là dessus. Du reste, il est vrai que Commodore ne verse pas trop dans l’originalité tant on retrouve tous ces éléments si familiers que sont ce bon gros son de basse bien rond, ce crunch si caractéristique, cette batterie matte, ce chant délicieusement approximatif… Mais on ne résume pas forcément un groupe à ça, tout particulièrement dans ce champ musical. 

Commodore joue donc en terrain connu, ok, mais il le font avec classe. En effet, c’est un vrai plaisir de voir avec quel talent les dissonances approfondissent les chouettes riffs mélos que l’on trouve au détour de quasi toutes les pistes du disque (Panavision, Goats on the Cliff, Dune). C’est tout aussi cool de vibrer au rythme de la tension que le trio insuffle à ses compos (Driving out of focus, Tolt). En clair et au delà de toute recherche d’originalité et de nouveauté, on a ici un groupe qui sait juste écrire des putains de chansons passionnantes. Il paraît d’ailleurs qu’ils viennent tout juste de sortir une nouvelle galette. A bon entendeur donc…

Swarm

le 01/04/2011