Flotsam And Jetsam - The End of Chaos

Chronique CD album (49:20)

chronique Flotsam And Jetsam - The End of Chaos

La vérité c’est qu’à l’origine, pour ce 13e album, les vénérables thrasheurs de Flotsam and Jetsam avaient mis les petits plats dans les grands en commandant à Andreas Marschall une pochette de folie représentant de violentes scènes de saccage sur les Champs Elysées, avec des manifestants aux yeux injectés de sang stoppés en plein vol par un colossal raz de marée de flash balls envoyé en mode Kaméhaméha par des Son Goku en tenue de CRS. The End of Chaos, quoi… Ce n’est qu’au dernier moment qu’AFM Records aurait modifié le visuel, après avoir envoyé au groupe un email d’excuse contenant des termes confus comme « Gilles est jeune », « veto de Benalla » et « évitons la polémique ». Sauvé par le fils de l’attachée de presse du label allemand – ceinture jaune en Photoshop et fan de Doomsday for the Deceiver (vous aviez reconnu la bestiole?) – l’album aura pu partir à la presse dans les temps, mais de justesse, sans que personne ne s’aperçoive de rien…

 

Mouais…

 

On va rester sur cette version des faits, qui a au moins l’avantage de fournir une excuse au groupe pour nous avoir à ce point pourri les yeux. En même temps, tant que ce ne sont pas les oreilles qui saignent, tout va bien! Et de ce point de vue, pas de risque. Car les Américains ont fait un bon petit « level up » depuis Ugly Noise – et, semble-t-il, depuis son successeur auto-baptisé, que l’on n’a pas eu la chance d’écouter plus que ça. Fini les petites boucles électroniques osées et les coups de mou: le groupe manifeste plus que jamais un solide appétit pour les chevauchées sauvages et les cavalcades Thrash. Exposé à la torgnole « Control », on peine d’ailleurs à réaliser que nos amis ont 35 ans de musique dans les pattes. Et l’hallu’ continue à l’écoute du bien speedé « Snake Eye » (qui trahit toutefois des velléités plus old school), ainsi que sur les couplets à fond de train de « The End ».

 

Mais le groupe ne s’est pas non plus mis au niveau de testostérone des Crisix et autres Vektor qui, de leur côté, ont réussi à vigoureusement rafraichir le Thrash de Grand Papa. Non, au cours des années la musique de Flotsam and Jetsam a obliqué vers un mélange fifty-fifty entre Thrash vigoureusement ronronnant et Heavy aussi fiérot que poignant – cette seconde facette de la personnalité du groupe devant beaucoup à l’usage de twin guitares carillonnantes ainsi qu’à la voix d’Eric A.K. qui semble constamment hésiter entre des trémolos à la Bruce Dickinson (Iron Maiden) et des chevrotements à la Geoff Tate (Queensryche). Sauf que cette fois plus que jamais auparavant, ce mélange s'avère inspiré et vigoureux, et poussé au cul par une basse très présente. Au long des titres, chemin faisant, on pense à de belles petites références comme Agent Steel (mais sans les pointes aigues briseuses de cristal), à Overkill (sur le vénère « Unwelcome Surprise »), ou à Nevermore (sur le sombre mais profond refrain de « Architects of Hate »).

 

Mais notre appréciation des compos n’est pas directement indexée sur la vitesse de croisière ou sur les ressemblances flatteuses. C’est un vrai regain d’inspiration et de vigueur qui nous vaut de vibrer sur les solos échevelés et les belles mélodies de « Control », qui nous pousse à nous prendre pour Stallone sur « Demolition Man », qui nous donne l’impression de jouer à la boule dans le flipper « Good or Bad », ou qui nous transforme en air guitarist sur « Snake Eye » et « The End ». Et ce n’est que rarement que, de loin en loin, le groupe débande un peu, sur un « Recover » ou un « Prepare for Chaos » moins marquants, ou sur un « Survive » un peu moins accrocheur.

 

M’enfin même en n’étant pas spécialement fan de ces trémolos ampoulés qui glissent parfois vers le Heavy Prog mondain (désolé Eric), on a du mal à mettre beaucoup moins que 8/10 à ce sémillant nouvel album. Alors je n’imagine même pas la note que mettront ceux qui écoutent Operation Mindcrime et Brave New World tous les matins au petit déjeuner!

 

... Il va peut-être temps de penser à prendre sa place pour la date Overkill / Flotsam and Jetsam / Destruction prévue en mars au Trabendo dites donc!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: inspiré, puissant – véloce même – The End of Chaos est une nouvelle occasion d’affirmer que dans le milieu du Metal, le « grand âge » est loin d’être un naufrage!

photo de Cglaume
le 10/04/2019

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 10/04/2019 à 10:11:07

Arf, la dernière ligne de cette chro trahit le loooooooong délais qui sépare l'écriture de l'article de sa mise en ligne :D

Seisachtheion

Seisachtheion le 10/04/2019 à 10:57:29

Musicalement, c'est pas mal du tout, bien punchy. Belle dextérité à la gratte. Mais la voix Hard Rock FM...! Beurk, beurk ! Rédhibitoire... Un p'tit grognement vocal aurait complètement rhabillé l'atmosphère de cet album. Dommage :(

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