Funeral Parade - F.P.

S’il y a bien une tâche à laquelle je n’ai pas envie de m'atteler – mais que je vais pourtant devoir me résigner à effectuer, à reculons – c’est de casser le premier album d’un jeune groupe ayant a priori tout pour plaire: univers Cabaret Nawak, amour assumé pour les Stolen Babies, titres pleins de promesses (tiens: « Funeral Boogie »), pure intro Circus Metal avec orgue de Barbarie de série, imagerie doucement cintrée… On se croirait à la maison, dis!

Pourtant, après moult écoutes, malgré la meilleure volonté du monde et des prédispositions certaines (Nawak vaincra!)… Eh bien non, ça ne passe pas!

Rhaaaaaaaa… Tu imagines ça, toi? Devoir sabrer un groupe apparenté à la grande famille du Nawak Metal? Français en plus?! Autant demander à Garfield de chier sur une pile de pizzas! M’enfin maintenant que j’ai balancé un « Banco! » au boss et que j’ai reçu le CD…

Alors pourquoi donc, quand passent les 13 titres de F.P., mon foutu cerveau ne veut-il pas commander à mes babines de se retrousser en un large rictus de plaisir? Pas à cause de l’ambiance, ni de l’esprit présidant à cette entreprise, ça c’est sûr! A vrai dire, le problème majeur semble être le chant et les textes de Lenny. Même syndrome que lors de l’écoute du premier album de Bad Tripes. Pourtant cette voix rock chaleureuse, qui prend parfois des accents à la Muriel Moreno (Niagara, vous voyez? Ah-ou, tchatchatcha), est loin d’être désagréable. Mais dans le contexte présent, cela confère aux compos une touche « variétoche rock » assez malvenue. Vous avouerez que l’on n’a pas forcément envie de voir Michel Drucker débarquer dans la Tim Burtonnerie que l’on est venu écouter... Et la maladresse occasionnelle des textes en Français – dont la relative naïveté stylistique louche parfois vers Indochine – en ajoute une couche supplémentaire dans le « Aïe, Gloups, Oh Non! »…

Ne vous y trompez pas: en grand fan des Pin-Up Went Down / Chenille, Akphaezya, Diablo Swing Orchestra, Stolen Babies & co, les vacheries lancées plus haut ne découlent nullement d’une misogynie crasse ou de je ne sais quelle « trve »-itude mal placée.

L’erreur, quand F.P. passe sur la platine, c'est sans doute d’attendre trop fort que du Stolen Babies sorte des écouteurs. Oh pourtant on sent bien que cet accordéon discret et ces ambiances gothico-foraines doivent beaucoup au groupe de Dominique Persi. Mais dans une version moins ambitieuse, moins aboutie. Nettement. Sans chercher à être cruel pour le plaisir, pour saisir l’impression que procure F.B. il faut imaginer que Funeral Parade est plus ou moins à Stolen Babies ce que Superbus est à No Doubt. Pas complètement à côté de la plaque, mais pas non plus franchement dans la même catégorie.

Vous voyez mieux du coup?

L’album offre quand même quelques instants et éléments croustillants à se caler dans les oreilles. Une basse agréablement rebondie, par exemple. L’intro « Prequel », qui donne l'impression que c'est une véritable orgie décadente qui va suivre. Le très bon début de « Taxidermiste », qui fout une grosse patate pendant 30 bonnes secondes. Et ne soyons pas chiens: « Funeral Parade » reste assez sympa, tout comme le Rock forain de « Osez! » et un « Funeral Boogie » assez enlevé.

M’enfin des douches froides comme « Mr J » et « Mon Venin » (morceaux emblématiques de tout ce qui me dresse les poils chez Funeral Parade. Ecoutez donc les objets du délit sur le lecteur dispo sur la gauche, vous comprendrez mieux), ou encore « Mrs Hyde », « Corrompue » et « Culpabilité » demeurent des tue-l’amour qui m’empêchent définitivement d’attribuer plus qu’une petite moyenne à cet acte de naissance.

Finalement, F.P. est à l’image de sa pochette: plutôt sympa au premier abord, on aurait envie de l’aimer. Sauf que la chose s’avère vite trop naïve, trop « amateur » pour entretenir un enthousiasme qui n’aura le temps que de faire 3 p’tit tours avant de s’en aller. Du coup « F.P. », pour moi ce sera la « Fois Prochaine », en espérant que le groupe arrive alors à passer un cap. J'ai « bonne espérance »...

La chronique, version courte: Funeral Parade propose un univers Cabaret Metal un peu barré qui pourra rappeler les Stolen Babies. Mais de loin. De vraiment loin. Un peu comme Guy Marchand rappelle Franck Sinatra.

Cglaume

le 11/04/2017