Infectious Grooves - Más Borracho
Chronique CD album (73:00)
- Style
Fusion ultra groovy - Label(s)
Suicidal Records - Sortie
2000
« Más Borracho » est un album qui annonce assez clairement la couleur, même à ceux qui ne pratiquent pas plus que ça l’espagnol. Que ce soit au niveau de l'artwork ou des paroles du titre éponyme, le mot d'ordre semble bien être de se prendre une bonne vieille murge. Pourtant pas de quoi faire ze grosse teuf vu qu’apparemment le groupe a été lâché par Sony. M'enfin n'ayons pas l'alcool triste… Alors, Infectious Grooves bourré: ça donne quoi? Est-ce que ce 4e opus capitalise sur le gros succès de « Groove Family Cyco », ou la discographie continue-t-elle sa dynamique en mini dents de scie? Bah oui: en haut avec « The Plague », un peu plus bas avec « Sarsippiu’s Ark », retour en haut avec « Groove Family Cyco » et … Oui, on va dire ça: « Más Borracho » nous offre un nouveau – relatif – « bas ». M’enfin on parle d’un bas du type « Sarsippiu’s Ark », ce qui signifie que vous pouvez quand même envisager d’envoyer une fois de plus votre tirelire-cochon à l’abattoir.
Pour vous dresser un tableau rapide et permettre aux plus feignants de passer à autre chose sans atte(i)ndre le bout de la chro, je vous ferai un résumé conclusif dès ce début de 2e paragraphe: « Más Borracho » est un album éminemment cool, plein d’entrain, de funk joyeux et de groove frais. On lui reprochera quand même quelques morceaux vraiment dispensables, un chant toujours aussi peu inspiré sur une grosse moitié des titres, et l'absence de vrais tubes pouvant prétendre au « Funk Metal Hall of Fame »… N'empêche qu'on ne pourra nier le potentiel sympathie d’un groupe qu’on croirait formé d'une poignée de nos meilleurs potes, ni un humour et une envie de faire la fête de tous les instants, ou encore ce sacré bon sang de groove viscéral qui fait la part belle à une basse vrombissante et bondissante, ainsi qu’à des guitares distordues à mort qui crachent du Wouïïïïïngggg Wouïïïïïngggg à ne plus savoir où claquer des doigts. Bref: l’album idéal pour fond sonore de virée à la plage entre copains… Par contre soyons clairs: ne vous attendez pas à la nouvelle référence à porter en étendard de la Funky Familly Metalhead Army au moment de partir en guerre, comme cela avait été le cas pour un « The Plague » ou un « Groove Family Cyco ».
A dire vrai, cette chronique pourrait être déclinée en deux versions diamétralement opposées – l'une pleurnicharde et sentant la bile, l’autre survoltée et hyper enthousiaste – tant on trouve autant de bon que de passable sur cette galette. La première commencerait par se plaindre de « Citizen of the Nation », morceau d’ouverture particulièrement mal choisi, aussi peu sexy que « Cousin Randy » sur l’album précédent. Puis elle ferait de même à propos de la fin de l’album, à peine plus judicieuse avec un « What goes up » ressemblant à un délire enregistré au dernier moment en studio et un « Leave Me alone » certes pas mal, mais offrant une conclusion bien sombre et lente au regard de la réputation d’un groupe censé être le groove et le fun incarnés. Ajoutez à cela un chant toujours aussi inégal – notamment sur les refrains qui sont souvent massacrés en mode « chorale skate/cartoon » – qui casse l’énorme potentiel de certains titres (« Good For Nothing »). Ajoutez encore quelques titres loupés, comme « Going, going, gone » qui s’enfonce dans le sombre et le rampant… Et on obtient au final un concert de grincements de dents bien plus important que ce que l’on aurait souhaité venant d’un album d’Infectious Grooves.
Mais l'autre chronique balaierait tout cela d'un revers de main au vu du shoot maousse de bonheur en barre provoqué par la prestation de la bande à Mike Muir et Robert Trujilo. Elle insisterait sur cette longue salve funky non stop que l'album propose de « Just a lil' bit » à « Wouldn't You Like to Know », et sur le fait que la suite, bien que moins homogène, propose encore de bons gros morceaux bien juteux, le tout culminant sur « Borracho » et « 21st Century Surf Odyssey » – deux morceaux incarnant à eux seuls le caractère infectieux et entêtant de la musique du groupe. Elle mentionnerait également la carrure légendaire du début d'un « Good for Nothing », le superbe effet de contraste sur lequel capitalise « Wouldn't You Like to Know », ainsi que le puissant mélange Infectious Grooves / Suicidal Tendencies qui booste « Lock in the Pocket » (mazette ce vrombissement massif de gratte à 1:16!). Elle vanterait enfin le talent multi-facettes d'un groupe capable de pondre 2 morceaux plus sombres (« Leave Me Alone » et « Fill You Up »), en décalage franc avec le reste de l’album, mais pourtant réussis, notamment grâce au développement de véritables ambiances et à leur capacité à s’incruster au plus profond de nos crânes (« Fill You Up » notamment).
C’est à dessein que je vous laisserai sur les bonnes impressions de la chro positive. En effet cette 4e offrande reste du bon Infectious Grooves, et les quelques défauts précédemment évoqués sont suffisamment – si ce n’est largement – compensés par les qualités de celle-ci… Alors pas de bouderie ni d’hésitations de vieille métalleuse mijaurée: en attendant impatiemment la suite, envoyez-vous donc une bonne rasade de téquila et faites tourner « Más Borracho »!
PS: Si vous vous tâtez encore au vu de cette évidente dualité qui fait de « Más Borracho » le Janus de la discographie du Groove Infectieux, sachez que le groupe a inclus en bonus sur certaines versions de l’album les 5 titres du « Pneumonia EP », qui regroupe un morceau de Suicidal Tendencies aux accents très InfectiousGrooviens, un brûlot stoner psyché à la Cathedral proposé par My Head, un trip ‘old ST’ avec « Choosin’ My Own Way of Life » de No Mercy Fool!, une excellente tranche de surfin’ rasta-rock à vocaux hip hop par Creeper et enfin une bombinette de punk metal joyeux et survolté interprétée par Mr Muir coiffé de sa casquette Cyco Miko. A noter que dans No Mercy Fool!, c’est Miko qui, une fois encore, pousse la chansonnette aux côtés de Mike Clark, Mr Clark que l’on retrouve dans Creeper alors qu’Adam Siegel officie au sein de My Head. Bref, on reste entre copains …
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE