Penfield - Parallaxi5
Chronique CD album (45:00)
- Style
Rock progressif free-jazz - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2016 - écouter via bandcamp
Il n'est pas rare que la Suisse s'invite sur les pages de CoreandCo : la scène de l'autre côté du Lac Léman propose depuis très longtemps des groupes à l'univers chonchon qui ravissent les amateurs de musique vénère que nous sommes.
Mais se limiter à une bande de gros gueulards sur fond de guitares saturées pour parler de la scène helvète reviendrait à croire que la Suisse ne fait que du fromage, du chocolat et du blanchiment d'argent.
Après tout, c'est aussi le pays de...bon...ben...sûrement plein d'autres trucs à des kilomètres de ces clichés.
Bon. Retour sur Penfield.
Pour mieux situer ce disque, disons qu'avec "Parallaxi5" s'ouvre... à l'Univers. Ni plus, ni moins. L'univers musical du quintet, ça oui, clairement il y en a un. Mais il n'est pas hors-sujet de parler de l'Univers avec un "U" majuscule : celui qui va bien au-delà de not' petit cul, que celui de not' pays, de not' continent, de not' planète : il faut voir plus grand, plus haut, plus loin.
Avec son rock progressif assisté d'un clavier et d'un saxophone (ou plutôt des saxoS puisqu'un alto et un soprano semblent se succéder d'après de vieux souvenirs auditifs de fanfare municipale), le groupe voit bien au-delà de sa confédération. Il explore toutes les musiques, il balance des épopées ("La physique anarchique"), raconte des histoires ("Apax 34 002" qui rappelle l'histoire d'un astronaute prêt à décoller [comme le fameux Major Tom de Bowie] , "L'anonyme"), met en musique des mots (la série des excellents [Hapax]).
Mieux encore, jamais le groupe ne s'enferme dans un style, il touche à tout, s'osant à toutes les fantaisies. Hip-hop, Trip-hop, free-jazz, reggae ("Les sentiers goudronnés") : toutes les musiques s'invitent et influencent le groupe qui n'écoute pas que ses contemporains puisqu'il tend une oreille sur les 70's.
Dans Penfield, l'orchestre rock est une base. Une belle base, bien travaillée, carrée, qui, en apparence, structure. Mais si on décompose un peu plus leur travail, on découvre un groupe qui tricote pour se préparer à détricoter... parce qu'il faut bien bâtir pour démolir. Avec le clavier et le saxo, le groupe déconstruit, virevolte, divague. Un travail que la basse, la batterie et la guitare font, mais dans un relatif retrait du son.
Plus qu'interroger, perturber, happer, le groupe sait aussi faire réfléchir quand résonnent des mots français sur "L'anonyme".
Sorte de gloubi-boulga-rock-progressif-free-jazz, "Parallaxi5" est une oeuvre perturbante (à l'image de cette chro décousue) que l'on prend plaisir à écouter pour tenter de la rationaliser (en vain) ou au contraire, se laisser transporter.
Avec une musique qui ne se veut pas facilement accessible mais qui ne se rend pas non plus inaccessible, Penfield ne cherche pas à séduire mais il parvient à se faire aimer.
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