Primus - Sailing the Seas of Cheese

Chronique CD album (45:43)

chronique Primus - Sailing the Seas of Cheese

QUOI ? Que font la police, la brigade du bon goût, l'ABBA (l'Association des Bassistes Bien Accordés), et l'escouade nawakophile ? Aucun album de Primus chroniqué sur CoreAndCo ? De quel droit ? Pas assez core ? Pas assez metal ? Pas assez crust ? Pas assez tsagada pouët pouët ? Alors que Gamma Ray et Manowar ont eu le droit aux honneurs, peau d'zob pour le trio californien. On a cassé des pouces pour moins que ça. Pour corriger cet affront, pleins feux sur Sailing The Seas Of Cheese.

 

Avant toute chose, je tient à préciser que je ne suis aucunement musicien, encore moins bassiste, alors ne comptez pas sur moi pour vous dire si Les Claypool est meilleur que Steve Harris, que Jaco Pastorius ou que Paolo Jr, j'en sais foutre rien. Et s'il joue en slap, tapping ou en picking, pareil, j'en sais foutre rien, mais ce n'est pas là l'important.

 

Paru en 1991, il s'agit là du second album de Primus enregistré en 1991 aux Fantasy Studios et produit par le groupe. Laissons les considérations techniques. Sorti au début de la déferlante grunge, le trio avait de sérieuses cartes à jouer pour s'imposer avec sa mixture hautement improbable de metal au groove funky imparable, mais génialement barré. Soutenu par MTV, deux clips ont été tournés pour « Jerry Was A Race Car Driver » et « Tommy the Cat », et l'album sera certifié or.

 

A la batterie, on retrouve Tim « Herb » Alexander, qui remplace Jay Lane. Un ancien Possessed sur « Seven Churches », élève de Joe Satriani, tient la guitare. Et enfin, au chant et aux basses, on a donc Les Claypool, qui avait en son temps postulé pour succéder à Cliff Burton dans Metalloche (on sait que les Mets ont pris peur devant le jeu et la personnalité extravagants du personnage). Véritable force motrice du groupe, son timbre de voix et sa manière de jouer sont immédiatement reconnaissables. L'originalité du combo réside dans le fait que ce n'est pas la guitare qui mène la danse mais la basse : c'est elle qui assène les riffs, tantôt funky, tantôt heavy, toujours costauds, sur lesquels la six-cordes vient placer des leads excentriques, rampants, presque serpentins. Dans l'esprit, on peut rapprocher cette façon de composer de celle de Type O Negative. Poussée très en avant dans le mix, on n'entend presque que la basse, ce qui permet de mettre en évidence la virtuosité de Claypool, autant influencé par Rush que par James Brown ; son audace et son extravagance le rapprochent également de Franck Zappa. En s'appliquant systématiquement à composer de véritables chansons, au sens pop du terme, il tisse des hymnes à faire taper du pied n'importe quel paraplégique cul-de-jatte.

 

Sur cette musique tellement décalée viennent se poser des vocaux eux aussi décalés. Souvent à la limite du ridicule, sans jamais se prendre les pieds dans le tapis, Claypool endosse avec son timbre nasillard et désabusé le costume de bateleur de foire pour nous conter des historiettes parfois futiles (« Fish On »), ironiques (« Jerry Was A Race Car Driver ») ou délicieusement contestataire (« American Life »).

 

Par la suite, les albums de Primus, à mon goût, perdront une partie de cet humour 3ème degré et son côté chien fou (imputable certainement à la jeunesse du groupe). Sailing The Sailing Of Cheese est pour moi une pierre angulaire du mouvement nawak au même rang que Angel Dust.

photo de Xuaterc
le 06/12/2015

8 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/12/2015 à 11:27:55

9/10, tu déconnes ?

cglaume

cglaume le 06/12/2015 à 11:55:43

Très bien ça: il était temps que l'on commence à chroniquer du Primus ici !

Xuaterc

Xuaterc le 06/12/2015 à 12:03:56

"9/10, tu déconnes ?"
Je réserve les 10 pour des albums véritablement exceptionnels
La pochette te va si bien au teint Cyril, je suis surpris que tu ne n'en sois pas chargé avant

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/12/2015 à 17:50:05

Primus, j'ai essayé de me fader une chronique du dernier délire sur Charlie et la chocolaterie : c'est imbuvable. Bon il reste Frizzle Fry, Pork Soda et Tales from The Punchbowl.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/12/2015 à 17:53:55

Concernant ta chro, perso je pense que tu as oublié le côté inquiétant de certains morceaux (comme American Life) et qui culminera sur Pork Soda.

Xuaterc

Xuaterc le 06/12/2015 à 20:12:13

"tu as oublié le côté inquiétant de certains morceaux"
Effectivement, oubli de ma part.
Le Brown album faut le coup aussi
En revanche, j'ai adore quand Claypool reprend Pink Floyd

el gep

el gep le 06/12/2015 à 21:12:02

"Brown Album", oui, très bon! D'excellents morceaux, des vraies chansons, oui et un son crasseux qui leur va bien mieux!
"Frizzle Fry", tout simplement génial!
"Pork Soda", carrément glauque, les deux-tiers du disque sont bien au-dessus de "Sailing..." Mais le reste... "Hamburger train", tout ça, buuuuurps, pardon!
Et donc ce dernier ci-cité, oui, de bons morceaux mais il est un peu chiant à mon goût sur la longueur...
Inégal, comme "Tales From The Punchbowl", oui...
Quelle nostalgie à reparler de Primus...

cglaume

cglaume le 07/12/2015 à 06:23:46

"je suis surpris que tu ne n'en sois pas chargé avant"
... Il y a tellement de choses dont je ne me suis pas chargé ! Heureusement qu'il y a du renfort :)

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