Revocation - Great Is Our Sin

Chronique CD album (47:53)

chronique Revocation - Great Is Our Sin

Grand écaaaaaaaaaaaaart!

 

Non non, rassurez-vous: ce n’est pas Revocation qui a décidé de risquer l'élongation des adducteurs en délaissant le Death/Thrash de sa dernière livraison pour s'essayer au Ragga-drone sur Great Is Our Sin. C’est juste ce retardataire de chroniqueur qui, ayant dernièrement (et donc très tardivement) découvert les Américains avec la réédition de leur premier album, s’en va aujourd’hui à l’autre bout de leur discographie pour vous causer de leur petit 6e. Du coup, vous êtes prévenus: les lignes qui suivent seront avares en comparaison avec le Deathless précédemment sorti… Et on ne grommelle pas dans les rangs sinon interro surprise de Techno-Thrash made in 90s!

 

Alors si Revocation a vraiment commis un gros péché (cf. le titre de l’album – ‘fallait pas dormir pendant les cours d’Anglais de Mlle Braquemoutte), ce n’est clairement pas celui de la paresse. Car il doit falloir s’entraîner sans relâche jour après jour pour jouer aussi carré. Et ce n’est pas celui de la facilité non plus. Car au lieu de continuer à riffer en rond dans une sphère stylistique définie en tout début de carrière, sur Great Is Our Sin les Américains mettent leur acuité technique au service d’un Death/Thrash qui brasse de plus en plus large, s’aventure de plus en plus loin… Sans non plus faire n’importe quoi, hein, réprimez ces inutiles frissons d’effroi bande de réfractaires au changement! Ainsi, de passages en chant clair (étonnamment bien maîtrisé) en breaks Prog-limite-Jazzy (les tortillons veloutés de « Monolithic Ignorance », le velours ouaté aux 2 tiers de « Copernican Heresy »…), le groupe n’hésite pas à injecter dans le flot bouillonnant de ses véhéments décibels quelques plans flirtant avec le « hors cadre ». Comme l’aparté planant, puis lourd, qui vient rappeler Gojira en plein milieu de « Profanum Vulgus ». Comme la beauté résignée de « Cleaving Giants of Ice » dont les chœurs sobres en chant clair donnent plus dans le « post- » et les petits fours que dans les fulgurances létales. Sauf que malgré la manière désinvolte, voire un peu moqueuse avec laquelle je décris la chose, le résultat est très classe, et même carrément séduisant.

 

Maintenant le fonds de commerce de Revocation reste tout de même ce Metal extrême presque aussi mélodique qu’il est technique, parfois plus Death/Thrash – quand les blasts, la double et les gros biscotos sont de sortie –, parfois plus Thrash/Death – quand on voit passer les ombres de Dew-Scented, Dimension Zero et The Haunted. Quoique l’ouverture légèrement proggy et le chant clair occasionnel aidant, c’est de plus en plus souvent à Darkane que l’on pense, notamment à l’écoute de « Arbiters of The Apocalypse » ou de « Monolithic Ignorance ». Et l’on se prend à nouveau un panard dantesque sur une première moitié d’album quasi-sans faute, l’alternance audacieuse rythmique punky / plan Prog de « Monolithic Ignorance » et le chef-d’œuvre « Communion » constituant les points culminants de cette chaîne de pics jouissivement acérés. La 2e moitié de l’album n’est pourtant pas ridicule elle non plus. C’est juste qu’elle comporte deux titres faux-jumeaux / siamois qu’il aurait peut-être été judicieux de fusionner pour un résultat plus compact. Car « The Exaltation » commence joliment mais tranquillement, dans la retenue BCBG, sans franchement nous foutre sur le cul, pour ne tout donner que vers 2:30, quand Marty Friedman a fini de taper le solo (si si), et que la bête est enfin lâchée. Et à l’inverse « Copernican Heresy » donne tout sur un démarrage tonitruant qu’on croirait voire la flotte américaine fondre sur la Normandie, pour progressivement se déliter et perdre de son mordant. Petite perte d’énergie que je vous disais. Et bien que la reprise du « Altar of Sacrifice » de Slayer perfore la jugulaire bien dans les règles, on ne peut s’empêcher de se dire qu’un grand groupe n’a pas le droit de finir le boulot sur du remâché, fut-il parfaitement exécuté, surtout quand aucune brin de fantaisie ni supplément d’adrénaline n’est injecté dans le potage.

 

Du coup, oui: Great Is Our Sin est un grand album de Death/Thrash mélo-technico-burné, plein de moments ébouriffants, de riffs juteux et d’accroches savamment pensées. Il nous fait passer un foutredieu de bon moment, et résume bien tout ce qui nous fait bicher chez des groupes comme Darkane, The Haunted, chez les Deatheux guerriers du siècle dernier comme chez leurs grands-frères Thrasheux d’encore avant. On navigue clairement ici dans le très haut de gamme. Mais les quelques menues imperfections listées ci-dessus m’empêchent de péter ma durite et de le survendre comme LA tuerie du genre à n’absolument pas louper cette année. N’exagérons pas non plus. C’est un très bon album, et c’est déjà pas si mal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: toujours à cheval entre Death et Thrash, aussi à l’aise en double saut périlleux technique arrière qu’en lancer de mélodies charnues, Revocation livre avec Great Is Our Sin un 6e album qui, cette fois, va s’aventurer un poil plus loin dans le chant clair et les détours proggy, pour singer parfois le grand-frère Darkane… Et ça marche du feu de Dieu!

photo de Cglaume
le 23/12/2016

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