Shaolin Death Squad - Five Deadly Venoms

Chronique CD album (44:37)

chronique Shaolin Death Squad - Five Deadly Venoms

… C’est à ce genre de détail qu’on fait la différence entre un groupe de Prog avant-gardiste et un gang de Nawak Metal. Bah si: une formation respectable, qui a l’habitude de titiller les sens de son public avec gants blancs et tapis de roses, quand on lui demande de lister les 5 animaux dont le venin est le plus mortel, aux côtés des inévitables scorpions et serpents, il va chercher des mille-pattes, des lézards et autre crapauds crapuleux… Ce qui ne trompe personne! L’artiste Nawak, lui, n’a pas peur de balancer: du coup il ne se démonte pas, et à côté des 2 incontournables cités quelques phrases plus haut, il épingle sa belle-mère, Valérie Twit-Rottweiler et M. Petleck-Houilles – le fumier qui habite au 3e, à droite en sortant de l'ascenseur.  

 

Pas convaincus? Ces 5 bébêtes seraient imposées par le scénar' du vieux film Hongkongais de même titre (Wikipedia est votre ami) auquel cet album rend hommage? Je vous trouve bien terre-à-terre les aminches. 'Faudrait peut-être voir à reprendre la drogue, tiens: je vous trouve un peu trop sérieux ces temps-ci!

 

Mais bon, on vous l’avait déjà signalé lors des chroniques de l’EP et de l’album précédent, donc vous aviez bien compris que Shaolin Death Squad n’est pas un pur groupe de YoupiYouplacore. N’empêche, ce 2e  album longue durée peut être vu comme un retour vers plus d’immédiateté (… notion qui reste quand même relative dans le cas de ces espiègles ninjas), avec entre autre objectif de compiler ce qu’il y a de meilleur au sein des 2 productions précédentes des américains. Ainsi point d’errance Psyché-Prog éthérée ici: les Voivoderies restent cantonnées au titre « Lizard ». De même les growls restent sagement rangés au placard, et les plans tortillonneux ne débordent pas trop au-delà de « Scorpion ». Non, stylistiquement cet album se place plutôt dans la voie d’une Fusion progressive doucement Nawak, les références revenant le plus fréquemment à son écoute étant cette fois Polkadot Cadaver (notamment du fait de la proximité vocale entre Androo O'Hearn et Todd Smith – cf. « Centipede », « Let Us Welcome The Actors »…), mais aussi Faith No More (ce synthé sur « Last Stand » et « Farewell »), et toujours Toehider – ou, si vous préférez, un Devin Townsend insouciant (au milieu de « Centipede », en petites touches sur « Snake »).

 

Sauf que la plupart du temps, on ne décèle aucune similarité évidente avec telle ou telle formation: on suit alors sans arrière-pensée et avec délectation le savoureux fil d'Ariane liant ces 11 morceaux composés par des esthètes pour des métalleux raffinés. Car de l’intro (qui reprend le thème des « Jeux Interdits ») au poignant « Peace Be Upon You » (apparemment adapté d’une chanson traditionnelle juive particulièrement pertinente dans ce contexte, vu qu'elle clôt l’album avec le faste, la gorge serrée et les mouchoirs qui s’agitent de circonstance), les américains font une fois de plus montre d’une maîtrise et d’une finesse sans égales. « Scorpion » mis à part (le titre étant un peu trop bâti de guingois – et encore: il finit par convaincre), on se délecte de l’enchaînement de ces morceaux déroulant subtilement la narration, amenant de superbes refrains (« Centipede », « Farewell »…), retournant dans les contrées robotiques d’un « One More Day » (sur « Last Stand »), mais sachant quand il le faut taper du poing Thrash sur la table, afin que les troupes ne se laissent pas aller à de trop douces rêveries.

 

Et puis ça fait plaisir, une fois le bilan établi, de se rendre compte que, finalement, le groupe n’a pas rechigné à mettre la main à la pâte Nawak. Non c’est vrai: cet accordéon sur « Scorpion », le superbe instrumental « Mischeif And Epiphany » qui hoquète joyeusement un Ska symphonico-déconnant, le passage purement Cabaret Metal de « Let Us Welcome The Actors », le visage 100% Polkadot Cadaverien de la 2e mi-temps de « Farewell »… Autant de preuves juteuses qu'il reste pertinent de rattacher – même indirectement – nos joyeux moines Shaolin à la mouvance du Metal qui part en vrilles. D’autant que c’est pour la bonne cause, des morceaux comme « Mischeif And Epiphany », « Last Stand » ou encore  « Farewell » étant de vraies petites pépites.

 

Finalement, bien qu’Intelligent Design soit l’album le plus fréquemment mis en avant dans le discographie de Shaolin Death Squad, il n'est pas sûr qu'il soit le plus apte à convaincre les foules de se mettre à la pratique du Katana Metal. Car l’EP originel et Five Deadly Venoms présentent des atours bien plus sexy – ou du moins ont un impact bien plus fort. On vous conseille donc vivement ce cocktail aux 5 parfums suavement mortel…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: alliant l’accroche et la touche doucement déconnante de Shaolin Death Squad à la classe et la Prog attitude d’Intelligent Design, Five Deadly Venoms se présente comme le point d’entrée privilégié dans le monde de Shaolin Death Squad. On vous le recommande donc chaudement!

photo de Cglaume
le 17/11/2015

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