Viva and The Diva - S/T
Chronique CD album (23)
- Style
Rock/Electro - Label(s)
Les airs à vifs / autoproduction - Sortie
2011 - Lieu d'enregistrement Paris
En me plongeant dans ce 5 titres, j’ai repensé au film de Kathryn Bigelow de 1995, Strange Days. La réalisatrice, connue pour ses engagements, dépeint, sans la moindre ironie, un monde habité par l’image. Elle nous y livre toutes les dérives et dresse le constat noir de l’asservissement de l’humain aux manichéismes du tout-pré-digéré. Le tout sur fond de rock industriel, d’électronique fumeuse et hypnotique et de rage contenue (ou presque). Faith Justin (incarnée par l’excellente Juliette Lewis) propulse une vision chaotique du rock tendancieux à la manière de PJ Harvey. Franchement, ce disque me rappelle ces ambiances. La b.o. de ce disque, une des meilleures dans le genre, voit s’acoquiner Tricky, Skunk Anansie, Lords of Acid, Peter Gabriel et Prong; pour un ensemble très cohérent. Viva and the Diva réussit le même pari.
A un tel niveau d’exigence, il est certain que nous n’avons pas affaire aux premiers venus. La bio officielle nous apprend que - pour une création lors d’une carte blanche à Sonic Youth pour Jazz à La Villette -, Maxime Delpierre (Joakim, Louis Sclavis) rassemble Sir Alice, Arnaud Roulin (Poni Hoax, Paris), Mark Kerr (Rita Mitsouko) et crée Viva & The Diva... Et il convient d’admettre que l’ensemble tourne plutôt bien.
Sir Alice est devenue, au fil des années, un personnage hors-normes. Punkette engagée dès l’âge de 14 ans dans différents groupes du cru, elle parvient à suivre une scolarité de manière exemplaire. Alice Daquet est diplômée en sciences cognitives et en neurosciences. Elle sera chercheur à l’Ircam autour des interfaces Homme-Machine. Elle signera chez Tigersushi, son premier album – 1 – à l’âge de 22 ans. Un mélange éclaté de folk éthéré, d’indus, et d’électro malade. Forte de ces expériences, elle participe à différents projets comme Nouvelle Vague où elle reprend Killing Joke.
Aujourd’hui, elle pose sa voix légèrement éraillée sur des ambiances toutes lynchiennes ou tarantinesques c’est selon. « Maria Magdalena » ouvre le disque sur un faux rythme western avant de déraper via « Across the universe » vers le meilleur titre que Courtney Love n’écrira jamais. « Pump up » renvoie directement à l’ambiance de Strange Days… Ce blues apocalyptique… Excellent titre. Ensuite, c’est une PJ Harvey habillée en complet new-wave qui nous susurre l’histoire d’une jeune fille perdue dans la forêt. « Substitute » arrive bien trop tôt pour clôturer ce premier chapitre, qui – espérons-le – n’en restera pas à son statut de démonstration de force.
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