Zaang - Perdition

Chronique CD album (30:00)

chronique Zaang - Perdition

On croise de drôles de loulous dans les campagnes du Pas-de-Calais, et j'peux te dire que j'en ai vu des drôles de trucs dans les bleds à cul-terreux.
"Par cont' dins min villache y'a nin eu d'groupe eud métol qu'est v'nu faire sin album" pourrais-je te dire dans mon patois local.

 

A 1600 pas de ma maison à Bailleul-Sire-Berthoult (j'ai déjà calculé), joli repère de gangs en tracteurs, s'est enregistré dans le village de Willerval, un album du nom de "Perdition".

Et c'est plutôt plaisant de voir que des esprits s'animent dans les coins ruraux, bien loin des batailles de clocher, des votes FN à 50% ou des expressions à la con.
(Exemple : "A Berthoult, les femmes préfèrent la m****, à Willerval, elles aiment l'an**" suivi d'un bon rire gras laissant éclater une dentition limitée à 4 chicots jaunes) Bon, tu vois le topo ?

Bref, si j'te raconte tout ça, c'est parce qu'il est rare de croiser du chevelu dans le coin. Et Zaang a dû créer un certain effroi en débarquant enregistrer son premier album sorti chez M&O music.

 

Surtout que dans ce coin paisible, le groupe a laissé éclater sa colère.
Pendant une petite demi-heure, le groupe fait du "métal".
J'me garde bien de rentrer dans le détail sur "la fameuse étiquette", parce qu'elle finirait par faire 10 lignes.

Avec des guitares un peu thrash, un peu prog', parfois néo. Un clavier ambiant comme t'en trouves chez les scandinaves, plutôt discret mais pas inutile. Une basse bien groovy/néo : on se retrouve avec un mélange des genres qui a tout pour être foireux sur le papier.
Et pourtant, ça passe.
On se demande même comment, mais ça passe bien !


Des riffs thrashy à l'allemande, des crissing, quelques courtes balades de manche, des rythmiques syncopées pour des compos qui prennent des chemin assez directs (4min20 en moyenne) : Zaang accumule les couches d'écoute, les changements d'ambiance, balance des tas de passages assez techniques mais arrive à rendre le tout hyper accessible.

D'accessibilité il en est encore question sur le chant.


Par contre, on ne va pas causer poésie.
Brailler en français est un peu le truc du moment. Certains cachent leurs faiblesses d'écriture en baragouinant, d'autres font dans les images et les figures de style compréhensibles par 3 docteurs en littérature classique au monde. Il y a une 3ème catégorie, celle de ceux qui crachent leur rage comme elle vient.

Pour le coup, le micro-boy de Zaang fait parti de la dernière avec un chant clair, un autre parfois plus punk (y'a même des relents Tagada Jones c'est dire), un autre ronchon, plus accroché avec toujours la même volonté : rester compréhensible.
Parce que si le bien nommé, Jay, s'est fait chier à écrire dans sa langue natal, c'est parce qu'il a des choses à dire.
Les thèmes : l'argent, le pouvoir, les profiteurs etc.
Rien de neuf sous le soleil, mais on retrouve un côté punk avec un tas de chants qui rappellent le néo français il y a 15 ans. 

Ce panel vocal est à l'image de Zaang: ratisser large, au-delà des styles compartimentés, au-delà des modes. Et ça fonctionne malgré tout.
Parce que s'il y a des bricoles au final peu esthétiques ("Madoff" qui souffle le meilleur et le moins bon), elles se tiennent en quelques secondes.
Surtout, l'album s'imprime dans les têtes, et c'est sans doute dans ce domaine que le groupe fait fort.

Bien qu'accumulant les étiquettes au point d'en faire un annuaire, on reprend vite quelques paroles, on se souvient rapidement des riffs, on secoue sa tête au rythme imprimé par la section rythmique. Comme ça, mine de rien, le groupe s'est installé dans un coin de ta tête.
Quelque part entre l'expérimentation de plusieurs genres et l'efficacité, Zaang n'a pas oublié d'y ajouter une blinde d'audace...et ses 6 paires de couilles.

photo de Tookie
le 08/04/2016

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 08/04/2016 à 12:31:21

"gloubi-boulga" voyons : P

Tookie

Tookie le 08/04/2016 à 12:49:30

Rhaaaa foutue dyslexie...C'est corrigé. (merci !)

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