Hellfest 2016 - Le week-end de Cglaume - Seconde partie
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EVIL BEQUILLES, jour 2
SAMEDI 18 JUIN
Tous les ans c'est la même chose : il y a toujours une journée « light » pendant le Hellfest, journée pendant laquelle on papillonne, butinant d'une scène à l'autre dans l'espoir de faire une découverte juteuse – ce qui, en dehors du vidage marathonien de pichets de binouze, reste la façon la plus sympa de meubler les longues plages horaires séparant les quelques concerts épars entourés en rouge sur notre programme. C'est ce qui explique qu'on commence la journée en regardant en direction de la Main Stage 2 pour observer de loin Thy Art Is Murder. Sauf que leur Deathcore extrêmement classique ne nous motive en aucune façon à nous attarder dans le coin : c'est donc le moment ou jamais de profiter de la faible affluence sur le site pour aller recharger une carte cashless dangereusement à plat. Et comme la veille nous a vu cantonnés aux confins orientaux du site, il est grand temps de prendre le contre-pied (ah ah) pour aller vérifier de visu s’il est bien vrai que du côté de la War Zone – à l’ouest donc – le Hellfest a fait peau neuve. Et là on peut dire que « Nom d’un p’tit bonhomme ! » résume parfaitement ce qu’on pense des lieux, effectivement liftés de près. Artères goudronnées, site en escalier façon amphi (pour assurer une meilleure vue sur la scène), copeaux de bois pour diminuer l’effet « catch dans la boue », espace bouffe entièrement revisité, statue de Lemmy aux dimensions staliniennes… Les lieux ont certes perdu en cachet Punk/HxCx, mais il serait malvenu de critiquer ces indiscutables améliorations. Et pour tester le bien fondé de cette nouvelle configuration, on décide de poser nos membres endoloris sur les « gradins » afin d’assister, en bas, dans l’arène, au concert des Dirty Fonzy. Alors non, pas de banane à la « Happy Days », mais un Happy Punk Rock qui pourrait parler aux fans de The Offspring, mais en plus véloce et en plus gouailleur. En plus sale, quoi. Facile d’accès, boosté par 2, voire 3 mangeurs de micros, mélodique et enjoué, avec parfois un rien de fond « Irish Folk Punk », voire quelques accents plus Thrash, les Toulousains nous livrent le plus vitaminé des petits dèj’, que même qu’on se sera à peine rendu compte de la chute de quelques petites gougouttes de pluie.
Chemin faisant, la route de retour vers l’Altar nous permet de constater que le Skate park est toujours bien présent sur le site, mais relocalisé côté War Zone – lieu auquel il se rattache sans doute plus naturellement. C'est également l’occasion de remarquer enfin la tyrolienne installée de part et d’autre des Main Stages – l’attraction étant finalement beaucoup moins incongrue que la grande roue. Finalement arrivé sous la tente, il faut se rendre à l’évidence : c’est Drowned et non pas Drowning qui va se produire à présent. Bref, pas de bon vieux Death à la Française au programme, mais… Du bon vieux Death à la Teutonne ! Eh bien on peut dire qu’on perdra au change, le style gluant et lent du groupe étant assez peu sexy, entre Confessor et Cadaver. Zéro communication avec le public, attitude statique et minimaliste, trombine d’architecte bobo trentenaire pour le gratteux, musique plombée, répétitive, limite Doom: le set des Allemands constitue un prolongement tout sauf naturel au concert débordant d’énergie communicative des Dirty Fonzy !
Puis c'est déjà l’heure de la première pause, le trajet de retour vers le Q.G. des estropiés étant l’occasion inespérée de trouver, abandonnée sur le sol, une paire de… Gants de travail, mais oui !!! Finies – ou presque – les ampoules aux mains ! Y aurait-il un dieu pour les boiteux ?
Mais le tout début d’après-midi offre la possibilité aux fans de Swedeath d’aller goûter à la soupe aux grumeaux des Suédois d’Entrails. Retour sous l’Altar, donc, pour Bibi, qui ne connait que leur premier album mais qui est confiant quant à la capacité du groupe à balancer une bonne grosse dose de décibels grassouillets. Par contre, je le confesse: je ne m'attarde que le temps des 2 premiers titres, un RDV m’appelant un poil plus loin pour retrouver quelques compères de bonne compagnie. Alors certes, ces 2 titres riment – on s’en serait douté – avec « routine ». Mais une routine agréable, de celles qui ne promettent ni surprise ni déception, un peu comme le gigot / flageolets du dimanche. Le son est compact, le fond du marécage est plein de vase figée, et sans même connaître les compos on en profite à plein. Une rythmique légèrement D-Beatesque, de la bonne grosse mélodie façon mélasse, de la simplicité… En fait tout cela aura été parfait si, une fois encore – l’effet Altar ? – le show n’était pas si statique. Après une courte pause blablahteuse avec d’illustres membres du webzine Les Eternels suivie de quelques photos épiques, décision est prise de préparer le prochain concert en faisant le plein au stand « La Tartine de l’Enfer ». Malheureusement il faut bien reconnaître qu'autant le mélange Cantal jeune / Jambon cru est relativement sympa sur le papier, autant ce cocktail servi tiède-froid et peu goûtu ne peut décidément lutter contre la galette à l’andouillette servie à peine plus loin, sur un stand bretonnisant.
On me l’a répété, je l’ai lu et re-lu : non seulement Cattle Decapitation, de base, ça bute, mais en plus leur dernier album est une tuerie. Et en effet, beaucoup de monde attend le groupe de pied ferme sous la tente. Nous allons donc enfin avoir une occasion de juger la bête sur pied (!)… Et il est vrai que le constat est globalement plutôt positif. Car le Brutal Death des Américains, bien que déployant tous les poncifs du genre, est plutôt varié, et pas systématiquement dans l’hyperblast-in-your-face. Bon, il est toujours difficile de vraiment rentrer à fond dans la musique d’un tel groupe quand on le découvre sur scène, notamment dans un grand espace comme celui-ci. Mais l’impression qu’il nous laisse est qu’effectivement, la formation semble bien mériter sa réputation. En espérant que les gugusses n’aient pas profité des 10 dernières minutes de leur set pour déclencher l’apocalypse finale, on utilise opportunément cette fenêtre temporelle pour s’en aller boitiller vers la War Zone, où la légende Discharge doit sous peu se produire… Et là, vraiment : la honte. Assister au concert d’un groupe de Punk aussi référentiel le cul planté sur une chaise… Autant être un anar’ tatoué et fort en gueule et enseigner dans une école privée catho (hou le vilain tacle ! Pas gentil le lapin…). Du coup, posé à l’espace P.M.R., le concert en question est l’occasion de profiter d’une belle vue panoramique sur les lieux, et de réaliser tardivement que l’on est ici entouré d’une muraille façon Guantanamo, avec fil de fer barbelé et miradors en guise de déco. C’est donc une nouvelle fois missionné par mon Crom-Cruach de collègue (après que celui-ci nous ait déjà recommandé Wolfbrigade l’année précédente) que je me retrouve devant une tribu constituée d’un crétu bagarreur derrière le micro, d'un cowboy/farmer à la basse et d'un gros porteur de bandana à la première guitare (parce que oui : voilà un groupe de punk à 2 guitares !). Le déluge de morceaux courts et secs qui s’ensuit est sans appel : nous voici ici devant la définition vivante de ce qu’est le Punk. Méchant, basique, furieux, bouillonnant… Et parlant un Anglais aussi peu compréhensible que celui de Wattie de The Exploited. Je dois avouer que l’aspect un peu uniformément teigneux du set ne suffit malheureusement pas à éloigner durablement les spectres d'une insidieuse fatigue qui pointe déjà le bout de son nez (ça use les béquilles !), malgré l’intensité de la prestation. La faute à la position assise, également, sans doute. Heureusement, la fosse aura été plus animée que votre serviteur.
C’est sous une fine bruine que l’on s’en retourne vers les abords du VIP, stoppant un instant devant The Amity Affliction avant de réaliser que non, vraiment non: le Metalcore ça n’est pas pour nous. On se demande juste comment la transition avec Foreigner, prévus juste après sur la Main Stage 1, va bien pouvoir se faire… Poussés par les mêmes lectures et conseils qui nous avaient précédemment vanté les bienfaits de Cattle Decapitation, décision est alors prise de précéder le concert de Entombed A.D. par un petit tour sous la Temple afin de voir si Fleshgod Apocalypse marie si bien que cela Death Metal ronflant et prétentions néo-classiques. Eh bien malgré un positionnement toujours aussi propice à se faire un torticolis et à finir transformé en caisson de basse vivant, on vous le dit tout de go : ces on-dit sont loin d'être mensongers. En effet, la formation italienne tabasse avec classe, que ce soit musicalement ou scénographiquement. Certes les costumes d’époque, portraits et décors font un peu too much – mention spéciale à la diva guindée portant masque vénitien –, la pompe déployée peut sembler exagérée… Mais bordel, le résultat est imposant, et au final ça fonctionne ! Ces 50 minutes de Death lourd et emphatique à haute teneur en éléments atmo-symphoniques nous laissent sur l’agréable impression d’avoir vu un Septicflesh en dentelles. Le seul point que l’on pourra reprocher au groupe c’est de sacrifier à cette détestable habitude d’enjoindre le public à entonner des « Hey ! Hey ! » complètement inutiles. M’enfin on a vu pire comme reproche de fin de report…
Petite translation sur la gauche pour rejoindre les abords de l’Altar afin d’assister à notre 2e concert d’Entombed en Loire Atlantique. Bon alors, on a l’habitude: les concerts ne commencent quasiment jamais avec ces morceaux qui nous font grimper aux rideaux. C’est pourquoi on accueille sans surprise un amuse-bouche Swead-Punk simplissime intitulé « Midas In Reverse », a priori tiré du dernier album en date. Puis BIM !, « Stranger Aeons » dans nos faces ravies. Pendant ce temps L.G. se bat avec les méli-mélos du fil de son micro, qualifiant le bordel résultant de « Maze of Torments »… On n’aurait pu dire mieux ! Puis on repart dans les morceaux récents avec « Second To None », que l’on oublie bien vite avec l’arrivée de « Eyemaster », le groupe alternant décidément avec régularité vieux tubes et nouveautés plus ou moins excitantes. Par contre le son de l’Altar étant particulièrement mauvais de là où je le perçois, ce n'est que difficilement que je reconnais le morceau. Je vous épargne la liste des autres titres récents et de l’intensité de l’indifférence avec laquelle je les accueille, pour me concentrer sur les tubes précédemment évoqués. Pour « Living Dead », l’interprétation s'avère ne pas vraiment être à la hauteur, le morceau se retrouvant aplati et dénaturé par la véritable bouillie sonore qui sort des enceintes. Elles sont où l’aura, l’ambiance, la menace émanant du titre original ? Ce que l’on entend n’est plus qu’une coquille vide, avec derrière le micro un L.G. ayant vraiment perdu en voix… Sur « Revel In Flesh », on se fait encore la réflexion que Mr. Petrov est vraiment devenu un vieux clown avec un gros coup dans le nez… Heureusement sur le trio final constitué de « Wolverine Blues », « Left Hand Path » et « Supposed To Rot », le groupe se sort à nouveau les doigts pour finalement réussir à se ré-attirer notre sympathie. N’empêche, faudrait pas vieillir…
En parlant de « ‘faudrait pas vieillir », et malgré la présence à l’affiche d’Asphyx et Terrorizer, la suite des aventures n'est finalement composée que d’un rapide passage devant Joe Satriani – qui termine son set sur l’inénarrable « Surfing With The Alien » (petit regret quand même : pourquoi ne pas avoir pris son courage à 2 mains pour aller jusqu’à l’espace P.M.R, c’était quand même Ze Joe. Carton jaune lapin !) – puis rencard avec divers potes dont certains membres de 6:33. C’est qu’il faut reprendre des forces pour se préparer à aller voir ma 2e plus grosse attente du Hellfest avec Overkill : le retour de sa majesté Ludwig Von 88 !!!!!!
Bordel: Ludwig. La dernière fois que je les ai vus c’était en 1995, au festival Aucard de Tours, peu après la sortie de 17 Plombs Pour Péter Les Tubes… ‘tain le coup de vieux! C’est donc clopin-clopant que je retrouve le chemin de la War Zone pour aller m’installer tout en hauteur, au P.M.R. local. Aaaaargh, plus encore que devant Discharge, les bouuuuuules de voir un tel groupe assis plutôt que sautillant devant la scène ! En même temps il aurait été compliqué de trouver une bonne place debout tant la foule était compacte pour ce grand retour de l’un des piliers de la scène Punk du siècle dernier, aux côtés de Gogol 1er, Les Béruriers Noirs ou encore Les Garçons Bouchers. Pour ceux qui ne les connaitraient pas, les Ludwig Von 88 sont sans doute les plus Nawak du lot ! Costumes à chier, Boite-à-rythme dégueulasse : pas de doute, ce sont bien eux qui entament le set avec « J’ai tué mon père » : putain le bonheur ! Suivent « Louison Bobet » et « Guerriers Balubas »... On n’a sans doute jamais vu porteur de béquilles beugler autant dans un espace P.M.R., tous festivals confondus ! Ça déconne toujours sec sur scène, tandis que de notre côté on se dit que la jeune génération va avoir sacrément du mal avec cette sacrée B.A.R. ! Et le best of le plus joyeux du Hellfest de continuer dans la bonne humeur la plus débile avec « Cheval Fou », « Les babas »… Et le groupe de lancer « Pour la 1ere fois au Hellfest : du ragamuffin ! ». Balançant alors 4 gros ballons colorés dans le public, le groupe se lance dans une version Ragga de « Antisocial »… N’importe quoi ! On aura encore l’occasion de s’égosiller sur « Music is so nice », « H.L.M. », « Fistfuck playa club ». L’interprétation de « New Orleans » et « Paris brûle-t-il » constituent une petite pause moins intensément Youpla-boum, avant que ça reparte comme en 14 avec « Marche », « Sprint », « 30 millions d’amis » (Il y a dans le ciel, des milliers d’abeilles : Bzz, bzz, bzzzzzz) puis l’incontournable « Houlala ! ». Putain quelle claque ! Quel retour gagnant au collège ! Les gars : on vous aiiiiiiiime (… enfin: un vieux lapin jaune du moins).
Toutes ces émotions ne nous laissent que 5 minutes pour aller soulager une vessie bien malmenée et espérer rejoindre à temps l’Altar où Napalm Death est censé rugir une heure durant, les Anglais ayant cette année pour mission de divertir les ceusses que la perspective d’un show de Twisted Sister ou de Fu Manchu ne défriserait pas plus que ça. L’affluence autour des urinoirs, l’absence d’ailes à mes chevilles et l’heure tardive agissent de concert pour me faire manquer les toutes premières minutes du show, mais mon handi-pass magique (et les 3 bénévoles chargés de l’accueil des PMR – des perles !) me permet une fois de plus de rejoindre mes camarades éclopés afin de regarder le show en contre-plongée avec eux. Au milieu du joyeux bordel généré par les 4 furieux s’excitant en haut des planches (Barney étant toujours aussi foufou malgré les années qui passent), on profite tout particulièrement des classiques « Suffer The Children », « Nazi Punk Fuck Off », « When All Is Said And Done » et « The World Keeps Turning », sans parler de l’ultra-court « Scum », entre les discours toujours engagés du charismatique (ou presque) leader. Puis arrive le temps de la célébration tous-ensemble-on-est-frères-Lemmy-est-notre-berger, le son et lumière commémoratif organisé cette année par l'orga' étant généreusement arrosé d’effets lacrymalo-pyrotechniques… Je n’ai rien contre Motörhead – loin de là – mais je n’ai jamais été fan de ces moments où l’émotion est imposée et rythmée par des subterfuges à grosses ficelles. Du coup je profite honteusement de l’occasion pour me rendre à un bar quasi-déserté afin d'essayer quelques mélanges à base de rhum, ceux-ci offrant la matière première à quelques délires entre amis, parmi lesquels le meilleur fut sans doute celui de l’évocation des « blast-bifles », technique que nous ne vous recommandons pas forcément d’essayer chez vous (… en même temps c’est vous qui voyez !).
2 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 24/11/2016 à 20:46:37
Y'a une phrase qui va se payer...
cglaume le 24/11/2016 à 20:56:24
Mais c'est qu'il lit vraiment le report le bougre ! Je ne vois vraiment pas de quoi qu'tu causes... ^^
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