Format - Interview du 24/03/2021

Format (interview)
 

Le mieux c'est de commencer par faire un petit point biographique : Mathieu, tu nous fais les présentations ?

Pour commencer, Format c’est avant tout un groupe de vieux potes, on se connait notamment depuis l’école primaire avec Simon (basse), on a grandi dans le même coin, juste à côté de Clermont-Ferrand, génération tournant de la rigueur. La première fois que l’on a joué tous ensemble, avec Jérôme (batterie) et son frère Vincent (synthé), c’était à la toute fin de nos années collège. ça remonte au temps où Skyrock et Fun Radio passaient du grunge à l’heure du goûter ! On a survécu au lycée, au nu-métal, aux packs d’Adelscott, aux changements de line-up, aux concerts dans les salles des fêtes. Le groupe s’appelait ‘Obari’ à l’origine et avec les déménagements pour les études et le boulot, on a été contraint d’arrêter pendant de longues années.

Après quelques expériences, expérimentations musicales chacun de notre côté, on a enfin pu se retrouver en trio guit/bass/batt autour de 2012 et on ne savait pas forcément dans quelle direction aller, on a laissé libre cours à nos envies.
 

Comment en vient-on à dire : "Tiens et si on jouait du math-rock ?" Et comme tout connard qui se respecte, je vais vous poser la question incontournable : "Pourquoi vous appelez-vous Format ?"

On avait envie de composer de la musique en répétant tous ensemble, en jouant fort, sans contrainte de structure (couplet/refrain), s’inspirant les uns des autres dans des bœufs progressifs avec l’idée de construire des morceaux sur une base rythmique libre et pourquoi pas un tantinet originale. On est tous tout à fait conscient de nos limites techniques sur nos instruments respectifs, alors on se pousse mutuellement, ça prend un temps infini, mais quand la magie opère, c’est extrêmement jouissif !

Quant au nom du groupe, on a longtemps hésité avec ‘Central Moquette’, problème on aurait fini par faire des reprises de Shaka Punk dans les Bricomarchés.
 

Vos artworks sont particulièrement réussis, on en parle ?

Pour les visuels de nos deux EP, on a fait dans le circuit court car on a la chance de connaitre de supers artistes sur Clermont. On s’est permis de leur demander de réaliser nos pochettes en leur laissant carte blanche. Et on est supers contents du résultat. C’est Thierry Toth qui s'est chargé de ‘Empyrée’ et Marc Brunier Mestas pour ‘Coryphée’. On tenait aussi à ce que le rendu soit le plus chouette possible. C’est une sérigraphie 3 couches dans le premier cas et une impression offset artisanale qui défonce pour le deuxième _ bisous à Odile de La Platine à Marseille. On coupe/plie/colle le tout avec des bières à la maison.

 

Un EP en 2016, un autre seulement maintenant...Pourquoi ce format et autant de temps entre les deux ?

Réaliser des EP nous semblait plus facile, plus rapide pour graver l’évolution du groupe et rendre le tout le plus cohérent possible. Pour ‘Coryphée’, on a vraiment pris le temps d’apprivoiser tout un tas de machines avec Vincent qui venait de revenir avec nous. On a pris beaucoup de plaisir à composer à 4 avec un nouvel équilibre de groupe pas si facile à trouver ! En plus, ce coup-ci, c’est Simon qui s’est occupé du mixage. On voulait progresser dans la compréhension du processus enregistrement/mixage/mastering. On a appris plein de choses mais c’est une véritable culture à acquérir, hyper chronophage et passionnante … si tu aimes les plug in et les tricks ! On se sent maintenant mieux armé pour aborder la suite, faire de la recherche sonore et des choix de production le plus en amont possible.

 

Quel est le sens des titres ?

Au risque de te décevoir, les morceaux instrumentaux que l’on compose portent longtemps un simple numéro ! Les noms changent ensuite sans arrêt au grès du temps. Le sens peut te paraitre obscur peut-être, mais je t’assure que c'est limpide comme une bonne stout !
 

Causons un peu d'Araki Records et Atypeek music !

On a la joie d’avoir été soutenu par Araki Records pour la sortie de l’EP en vinyle et par Atypeek Music pour la sortie digitale sur toutes les plateformes de streaming. L’un comme l’autre, ils sont hyper actifs pour supporter la scène alternative française, c’est vraiment un super boulot qu’ils font en ce moment ! Pour nous c’est important en terme de visibilité parce qu’avec les tonnes de sorties d’album hebdomadaire, cela nous donne une chance supplémentaire d’être écouté. Le rock/métal instrumental, le post-rock, le math-rock étant aujourd’hui clairement des musiques de niche, on veut juste se donner l’opportunité d’accéder aux oreilles des passionnés de ces musiques, et aux autres aussi si possible. Les algorithmes ne sont pas toujours en notre faveur, faut dire qu'avec le nom de groupe qu'on s'est dégotté, c'était un peu le jeu...

 

Le sujet est incontournable en ce moment : comment le groupe vit-il ces douze derniers mois en terme de création, le rapport au manque de live etc. ?

En terme de création, l’année 2020, ainsi que ce début d’année 2021, n’est absolument pas propice à l’écriture pour FORMAT. Notre salle de répète étant bien entendu fermée pour raison sanitaire, on bricole chacun de notre côté, mais c’est clairement à l’encontre de ce qui fait l’essence de ce groupe : jouer fort dans 15m², boire des bières, se prendre la tête sur des mises en place et finir par un bœuf noise.

On a hâte de se retrouver tous ensemble et de jouer des heures. Et puis aussi de travailler sur du nouveau matériel et défendre nos morceaux sur scène !

Au lieu de ça, on prend notre mal en patience et on écoute beaucoup de musique.

Le climat ambiant nous incite quand même à sacrément durcir le ton, à avoir des sonorités plus radicales.

 

Qu'est-ce que tu écoutes ? As-tu quelques groupes favoris ? Avec qui t'es-tu construit une culture musicale ?

On a grandi dans les années 90' comme toi je crois. On nous a littéralement roulé dessus à l'adolescence : de RATM à NIN en passant par Aphex Twin et Tool. Ensuite, on a suivi la route et pour t'épargner les centaines de noms de groupes que l'on a kiffé, je peux te lancer à la volée des labels que l'on a littéralement essorés : Ipecac/Hydrahead/Warp/Relapse/Dischord/Neurot/Deathwish/Constellation/Robotic Empire/Heads Records/Africantape

Actuellement, je navigue dans mon panthéon musical entre Daughters, Girl Band, Swans, Dalëk et Moondog.

Nos goûts sont hyper éclectiques de Mulatu Astatke à Meshuggah en abscisse et de Godspeed à Breach en ordonnée, ça fait déjà un beau terrain de jeu.
 

Comme tu le dis, nous avons à peu près le même âge, la même culture musicale, alors une question me taraude, qu'aimes-tu d'autres en matière de littérature, de cinéma ? Cela a t-il une quelconque influence sur la musique du groupe ?

Pour mon cas personnel, j'aimerais avoir le temps de lire plus. Quand je peux, je me tourne essentiellement du côté du polar américain. Typiquement, si tu me sers un flic/adolescent/trader alcoolique sous tranxene, un cartel Porto Ricain ultra-violent qui s'associe avec un groupe d'activistes Pro-Trump et une journaliste lanceuse d'alerte menacée de mort, je suis client ! Donc plutôt polar urbain mais j'en connais qu'une partie infinitésimale. Je peux par exemple citer le dernier roman qui m'a bien secoué : 'Ohio', premier roman de Stephen Markley avec des formules souvent savoureuses. De mémoire : « difficile de rester bourré dans toute cette agitation ».

Même si très franchement, l'influence de la fiction littéraire ou sérielle sur la musique de FORMAT ne peut se retrouver qu'à la marge, dans les atmosphères. Parce que oui, comme tout le monde, je regarde pas mal de séries et je suis pas mal sensible aux BO d'ailleurs. Idem pour le cinéma mais là c'est un peu différent, rapport au fait que je vis avec quelqu'un qui semble souvent oublier qu'on a réalisé des films après 73.

 

 

 


 

Merci à Mathieu pour ces réponses ! Merci à Format pour ses EP que nous vous invitons à écouter ici : https://formatmusique.bandcamp.com !

photo de Tookie
le 16/04/2021

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