Gloomy Hellium Bath - Interview du 07/11/2015
Membre(s) interviewé(s) : Krys Denhez (guitare, chant) & Edgard (guitare, machines)
Krys: Le nom du groupe reflète notre démarche totalement humoristique. C'est la combinaison de trois mots qui ne devraient pas être ensemble, un peu comme certains éléments de nos titres. Par contre ton rapprochement avec deux groupes que j’apprécie fait bien plaisir. Et effectivement, on a un rapport avec le GHB, car la notion de violence gratuite de notre musique et - à l'opposé - son aspect parfois easy listening font écho à l’ambivalence parfaite du GHB. Mais je te rassure: notre charme naturel est la seule arme utilisée dans nos séances mouvementées de drague. * rire *
Ed: J’aime bien la référence à la technique de drague…
Dans le genre "C'est quoi ce bordel?", on continue avec la question du pourquoi du titre de votre 1er album: Sistema Solera... L'orthographe psychédélique, la référence à l'espace : l'idée c'est qu'il s'agit d'une musique pour des gens qui planent ?
Krys: Non, c'est plus une référence au Rhum, car nous vouons un véritable amour à cet alcool, et tout particulièrement à certains rhums affinés via la technique du Sistema Solera. En deux mots, la méthode Solera est un procédé de vieillissement des liquides tels que le vin, le vinaigre et l’eau de vie, par mélange fractionné, de manière à ce que le produit fini soit constitué d'un mélange d’âges, l’âge moyen augmentant progressivement à mesure que le processus se poursuit au long de plusieurs années.
Ed: Cela évoque donc en quelque sorte le subtil affinage de nos expériences musicales… Non sans blague, on voulait aussi un truc qui rappelle une étiquette de vieux rhum.
Officiellement, quel est censé être le créneau stylistique de GHB ? Le "Free Style Indus" ? Il n'est pas aussi incontournable que je le pensais initialement, mais il y a un petit côté Nawak dans vos compos...
Krys: L’Indus et "le bruitiste" sont des éléments récurrents dans tout l’album. L’aspect Nawak est quant à lui amené par différents samples, le chant et le mélange des parties. Au départ on n’a pas cherché à coller à un style plus qu’à un autre. On a juste laissé nos envies s’enchaîner et s’entremêler entre elles.
Ed: On s’est laissé glisser... Sincèrement, au départ on (je) ne savait pas trop vers quoi cela allait tendre, (quoique je me doutais bien que cela allait être bruyant et partir en vrille à un moment ou à un autre…), mais une sorte d’alchimie s’est faite naturellement. En tous cas on s’est bien marré…
La bio de GHB évoque le mouvement Steam punk (j'avoue n'avoir pas vraiment trouvé le côté XIXe siècle dans votre musique...), tandis que l'artwork de l'album arbore un beau cocktail Fuck Off + Crête: je n'avais pas forcément tilté aux premières écoutes, mais le Punk semble être une autre composante fondamentale de votre univers stylistique ?
Krys: Il y a une volonté de faire un clin d’œil au mouvement Punk, ainsi qu'à l’imagerie décalée du Steam punk. On voulait un personnage fictif qui soit intriguant et fun. Stan W Decker a créé ce personnage qui nous a 'de suite séduits, car on y a bien retrouvé cet aspect fun et décalé.
Ed: Pour le Steam punk, c’est plus visuel que musical. Quoique j’aime bien utiliser des logiciels super modernes en même temps qu'un tas de vieux trucs... Donc ça reste bien dans l’esprit !
Quand on essaie de replacer votre musique dans l'arbre généalogique du Metal histoire d'y retrouver vos ancêtres, on hésite: on tombe a priori sur Ministry, Nerve, le vieux 6:33 (forcément!), Punish Yourself, Circus Of Dead Squirrels... Ainsi que tout plein d'autres aïeux plus ou moins éloignés. Sans compter ceux qui m’échappent, n’étant pas hyper calé en Indus / EBM & co. Quelles sont les formations qui ont - plus ou moins consciemment - amené à la création du "son GHB" ?
Krys: Les sources sont diverses, mais je dirais Skinny Puppy, Circus Of Dead Squirrels, Front Line Assembly, Tantrum. Après, pour le côté dérision, Ugly Kid Joe est une influence que j’ai toujours eue, et qui me suivra toujours, partout, tout comme l'humour noir à la Michel Sardou.
Ed: Wumpscut, Hocico, Infected Mushroom entre autres…
Krys: Il y a un clin d’œil à Clawfinger, en effet, et à d’autres groupes tels que Backtab - un groupe qu’on a connu dans le Val d’Oise. Après il y a peut-être un quelque-chose de Dubaï, mais je peux t'assurer que les prises ont été faites juste deux semaines avant mon départ... Donc inconsciemment, ça a pu jouer.
Ed: Je n’avais pas fait le rapprochement.
Le morceau « Sistema Solera » finit sur une séance de Dubstep particulièrement sexy. Perso' j'applaudis... Mais n'avez-vous pas peur de heurter les oreilles sensibles qui voient souvent ce genre d'Electro comme la dernière horreur technoïde à la mode (cf. les commentaires ayant accompagné la sortie de The Path of Totality de Korn, de l’EP de remixes d’Iwrestledabearonce, voire de l’avant-dernier Skindred …) ?
Krys: Au contraire, ça fait partie intégrante du patrimoine de la zik Indus ou de l'Electro. On ne pouvait pas passer à côté. Mais ce n’est pas l’essence de notre musique. On aime jouer avec différentes grilles de lectures et différentes approches. C’est une chance que l’on a de nos jours, de pouvoir toucher à tout.
Ed: On emprunte pas mal de sons et de codes à différents styles, donc aucun souci avec le Dubstep. C’est un ingrédient comme un autre, c’est tout. Cela aurait tout aussi bien pu être du Reggae…
L'album se finit sur « Dead Rising Horse », morceau qui possède de sérieux atouts, mais qui a également un côté éthéré un peu brumeux qui n'aide pas à asséner le gros coup de bambou final qu'on aime se prendre en fin d'album. Alors que « Fucking Mashine », juste avant lui, possède un impact autrement plus fédérateur... J'avoue penser que ce dernier aurait été un meilleur dernier morceau... J'imagine que vous n'êtes pas d'accord, sinon vous n'auriez pas procédé de la sorte ?
Krys: En fait "Dead Rising Horse" est un morceau qui, du point de vue de la théâtralisation, peut quasiment être vu comme un clin d'œil aux Doors. Il clôture l’album sur une touche plus Prog' et moins percutante, mais sur une fresque entièrement décalée et morbide. Un coup de grâce plus mental que purement violent, en effet.
Ed: De cette manière la boucle est bouclée… Finir sur "Fucking Mashine" aurait en quelque sorte laissé la porte ouverte…
Krys: GHB est un projet qui me tient totalement à cœur, car c’est avant toute chose un trip entre amis, une parenthèse nécessaire dont on avait besoin avec Edgard. C’est aussi un projet où j’ai pu rejouer de la guitare, et c’est vraiment fun. Le côté expérimental de GHB est un laboratoire de fun et de pure folie sonore. Le genre de projet où tu peux tout tenter et où tu peux te faire un bien fou à l’âme. Mais je porte chacun de mes projets de la même manière, et je les défends du mieux que je peux, sinon je ne m’y engage pas. Nerv et Mur sont deux formations talentueuses qui me permettent d'exprimer la part de violence qui est en moi. Område est le projet le plus personnel que j’ai eu depuis Why Draft: c’est un espace d’émotions multiples que l’on partage avec Jean Philippe Ouamer. En clair, je m’éclate !
Ed: Tant qu’il ne me demande pas de faire une reprise de Michel Sardou, tout va bien…
Vu l'éclatement géographique du line-up, je suppose que le live n'est pas une priorité pour vous ? Et si vous aviez l’occasion de participer à une belle affiche sur mesure, avec qui vous verriez-vous ? J’avoue qu’une date/tournée en compagnie de The Algorithm, Punish Yourself et Igorrr ma botterait bien
Krys: Nous avons envie de faire de la scène, et on y pense beaucoup car GHB est fait pour cela. Tout est une question d’organisation, car faire les choses à moitié ne nous ressemblerait pas. Mais oui, on aimerait partager la scène avec toute cette folie de la scène Indus française et européenne.
Ed: Ce serait cool oui !
J’ai forcément éludé un aspect que vous auriez aimé abordé dans cette interview. C’est le moment de rattraper ce loupé : cette « question / page blanche » est toute à vous !
Krys: Tout d'abord merci à toi pour cette tribune. Le point que tu n’as pas abordé, c'est pourquoi une sortie quasi exclusive en numérique... Et je répondrais que cela fait sens pour un groupe Indus de nos jours. D'autant que Dooweet nous a proposé un contrat de distribution numérique qui nous a bien bottés. Après, on a quand même des CDs physiques en stock, mais uniquement 100.
1 COMMENTAIRE
mcmetal le 12/11/2015 à 11:38:34
l 'album démonte!
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