Acid King + Carlton Melton le 02/04/2011, Mondo Bizarro, Rennes
Samedi 02 avril 2011
Salle : Mondo Bizarro
Rennes
A Rennes, le Doom grandit. A Rennes, on peut enfin se targuer d'avoir un reflet de scène, les Ramesses sont venus, Electric Wizard a suivi, et d'autres attendent encore sur la liste. Au Mondo Bizarro, seul fief restant de la scène alternative en ces terres dévastées par la législation anti-décibels, on peut tout de même se retrouver entre cheveux longs et voir des pointures user de leurs gigantesques amplis pour nous apporter la bénédiction du fuzz.
Ce soir là, pas d'excitation prépubère, pas de groupies, pas de gloriole. Pas de pogo non plus ni de slam, et surtout pas de mec bourré pénible, l'événement n'ayant pas attiré leur coriace attention, Satan en soit loué. Alors, cette soirée était pour nous, personne ne l'aura gâchée, mis à part le fait que 20 personnes de plus auraient permis de compléter les fonds nécessaires pour l'organisation du concert (soit 20 bourrés-chiants-cons ?)... Et pourtant ! à comparer aux 300 personnes qui étaient venus assister à la messe d'Electric Wizard un dimanche soir, on n'en retrouvait que 80, un samedi soir, pour découvrir son alter-ego du nouveau continent, autrement dit un cador du genre, j'ai nommé : Acid King.
Acid King ! Rarement on n'aura vu un groupe accumuler autant de clichés de la scène Doom stoner, lisez plutôt : bikers sataniques potes à Charles Manson, taillant la route dans les déserts comme des pirates en pleines Bermudes, le chopper avec un pentagramme tatoué dessus, et un son enfumé comme rarement on se l'est permis. Un groupe qui commence à avoir une sacrée bouteille aussi, traînant son cambouis sur la route depuis maintenant 18 ans, soit autant qu'Electric Wizard, quand on y pense... "Oui mais ce n'est pas pareil" me diriez-vous ?
Mais d'abord parlons de la première partie, Carlton Melton. Sans aller vous raconter que c'était complètement génial, le trio a défendu son set avec brio : le batteur qui commence le premier morceau passe ensuite à la basse, le guitariste à guitare bleue passe ensuite à la batterie, les effets psychés tournent depuis le clavier de l'autre guitariste, tout ça fait une soupe de delay assez énorme, et alors qu'on pourrait croire que tout ce magma psychédélique n'a ni queue ni tête, que eux sont là, pieds nus, les cheveux ébouriffés comme de vieux hippies (ce qu'ils sont réellement), n'ayant pas décroché depuis la séparation de Pink Floyd, prenant leur temps, on croirait qu'ils se perdent eux-mêmes là dedans... Mais non, tout cela tient debout, par virtuosité ou miracle, on ne sait mais ça donne un space rock instrumental dont les morceaux tiennent à un ou deux riffs (le deuxième riff n'étant bien souvent qu'une variation du premier).
Le plus étonnant restera lorsque le guitariste propose sa guitare à la foule. Personne n'osa la prendre, sauf une personne qui jaillit du troisième rang pour s'en prendre à l'instrument et accompagner la fin du set dans une ambiance assez chaleureuse. Après tout il l'avait mérité, c'était le tout premier à acheter une prévente pour le concert.
C'est donc très poussé dans le psyché, complètement hypnotique, et les trois compères se baladent là dedans en permanence. Une voix aurait pu compléter cette musique, mais il faut bien reconnaître qu'elle est déjà assez nébuleuse comme ça, et que la surcharge pour la surcharge n'arrangerait rien. Pas forcément convaincu de tout le set qui tire un peu en longueur, mais de belles révélations qui surgissent de nulle part dans leur musique. Un groupe dont l'évolution est à surveiller.
Ils auront en tout cas joué aussi longtemps qu'Acid King. Ces derniers, rapidement en place après une vingtaine de minutes, chargent de leur fuzz qui s'agrippe aux parois du Mondo bizarro qui tremble, une fois de plus, sous des riffs plombés comme rarement on n'a pu plomber un riff. Tout cela tourne au ralenti, mais tourne néanmoins avec une sacrée puissance. Le batteur s'éternise roulements sur roulements, dans un feeling typiquement 70's, sauf que l'aspect live rend une puissance à ses coups que l'enregistrement studio ne peut lui donner.
Puis s'enchaîne le set sur l'hymne "2 wheel nation", bien plus rapide qu'on ne pouvait l'entendre sur l'album, "III". Un peu dommage, car la véritable dynamique de ce groupe pour moi est de tourner avec une lenteur implacable. Mais à ça rien de grave : passé ce titre, on retrouvera le doux ronronnement graisseux de titres phares piochés dans leur discographie pour leurs riffs hypnotiques. Le bassiste balance un son complètement dégueulasse à faire grincer une armoire normande, mais c'est aussi celui qui donne le plus d'énergie en live, le plus charismatique d'entre tous... Non, je n'oublie pas bien sûr Lori, au chant, mais je sais bien maintenant combien il est difficile de tenir une scène, un concert, la gratte et le chant en même temps, et ce en tournée. Trop concentrée sur son micro plutôt que d'être vraiment "là", la qualité de sa prestation reste très bonne, c'est juste que la musique n'a probablement pas suffi à remplir l'atmosphère. Atmosphère qui malgré tout est venue du public lui-même, car sous une aussi épaisse couche de son on sentait bien que ce n'était pas un concert "habituel" où il faut crier pour encourager, pour remercier, etc. Non, là on avait surtout des yeux attentifs, les cheveux qui bougeaient lentement mais sûrement.
Car la voix de Lori reste énorme, projetée jusqu'à l'horizon, comme si elle avait traversé un désert avant d'arriver à nos oreilles, et c'est bien dommage qu'elle n'ait pas été mieux portée par la sonorisation ce soir là (et le bon delay qui va bien, "à la Led Zeppelin" comme elle demandait"). Mais tout de même, ce soir là, avec des morceaux comme l'insurmontable "War of the mind" qui s'éternise sur son riff monolithique, on a eu le droit à une purée très lente et surtout sans grande variation de rythme pour le bonheur de nos cerveaux embrumés.
Ce soir là, notre mère à tous, Lori, nous a couché. La meilleure berceuse qu'il soit pour apprécier un Samedi soir. Bien sûr je paraphrase, j'exulte, comme d'habitude, mais pour moi cette Lori m'a fait forte impression, un sacré bout de femme aux traits qui sentent le vécu.
La Setlist :
1 - Busses woods
2 - 2 wheel nation
3 - Silent circle
4 - Into the ground
5 - Outter space
6 - On to ever after
7 - Electric machine
8 - War of the mind
+ le rappel : Sunshine and sorrow
Les photos ont été prises par Lucie Inland : http://lucie.inland.free.fr
Ce soir là, pas d'excitation prépubère, pas de groupies, pas de gloriole. Pas de pogo non plus ni de slam, et surtout pas de mec bourré pénible, l'événement n'ayant pas attiré leur coriace attention, Satan en soit loué. Alors, cette soirée était pour nous, personne ne l'aura gâchée, mis à part le fait que 20 personnes de plus auraient permis de compléter les fonds nécessaires pour l'organisation du concert (soit 20 bourrés-chiants-cons ?)... Et pourtant ! à comparer aux 300 personnes qui étaient venus assister à la messe d'Electric Wizard un dimanche soir, on n'en retrouvait que 80, un samedi soir, pour découvrir son alter-ego du nouveau continent, autrement dit un cador du genre, j'ai nommé : Acid King.
Acid King ! Rarement on n'aura vu un groupe accumuler autant de clichés de la scène Doom stoner, lisez plutôt : bikers sataniques potes à Charles Manson, taillant la route dans les déserts comme des pirates en pleines Bermudes, le chopper avec un pentagramme tatoué dessus, et un son enfumé comme rarement on se l'est permis. Un groupe qui commence à avoir une sacrée bouteille aussi, traînant son cambouis sur la route depuis maintenant 18 ans, soit autant qu'Electric Wizard, quand on y pense... "Oui mais ce n'est pas pareil" me diriez-vous ?
Mais d'abord parlons de la première partie, Carlton Melton. Sans aller vous raconter que c'était complètement génial, le trio a défendu son set avec brio : le batteur qui commence le premier morceau passe ensuite à la basse, le guitariste à guitare bleue passe ensuite à la batterie, les effets psychés tournent depuis le clavier de l'autre guitariste, tout ça fait une soupe de delay assez énorme, et alors qu'on pourrait croire que tout ce magma psychédélique n'a ni queue ni tête, que eux sont là, pieds nus, les cheveux ébouriffés comme de vieux hippies (ce qu'ils sont réellement), n'ayant pas décroché depuis la séparation de Pink Floyd, prenant leur temps, on croirait qu'ils se perdent eux-mêmes là dedans... Mais non, tout cela tient debout, par virtuosité ou miracle, on ne sait mais ça donne un space rock instrumental dont les morceaux tiennent à un ou deux riffs (le deuxième riff n'étant bien souvent qu'une variation du premier).
Le plus étonnant restera lorsque le guitariste propose sa guitare à la foule. Personne n'osa la prendre, sauf une personne qui jaillit du troisième rang pour s'en prendre à l'instrument et accompagner la fin du set dans une ambiance assez chaleureuse. Après tout il l'avait mérité, c'était le tout premier à acheter une prévente pour le concert.
C'est donc très poussé dans le psyché, complètement hypnotique, et les trois compères se baladent là dedans en permanence. Une voix aurait pu compléter cette musique, mais il faut bien reconnaître qu'elle est déjà assez nébuleuse comme ça, et que la surcharge pour la surcharge n'arrangerait rien. Pas forcément convaincu de tout le set qui tire un peu en longueur, mais de belles révélations qui surgissent de nulle part dans leur musique. Un groupe dont l'évolution est à surveiller.
Ils auront en tout cas joué aussi longtemps qu'Acid King. Ces derniers, rapidement en place après une vingtaine de minutes, chargent de leur fuzz qui s'agrippe aux parois du Mondo bizarro qui tremble, une fois de plus, sous des riffs plombés comme rarement on n'a pu plomber un riff. Tout cela tourne au ralenti, mais tourne néanmoins avec une sacrée puissance. Le batteur s'éternise roulements sur roulements, dans un feeling typiquement 70's, sauf que l'aspect live rend une puissance à ses coups que l'enregistrement studio ne peut lui donner.
Puis s'enchaîne le set sur l'hymne "2 wheel nation", bien plus rapide qu'on ne pouvait l'entendre sur l'album, "III". Un peu dommage, car la véritable dynamique de ce groupe pour moi est de tourner avec une lenteur implacable. Mais à ça rien de grave : passé ce titre, on retrouvera le doux ronronnement graisseux de titres phares piochés dans leur discographie pour leurs riffs hypnotiques. Le bassiste balance un son complètement dégueulasse à faire grincer une armoire normande, mais c'est aussi celui qui donne le plus d'énergie en live, le plus charismatique d'entre tous... Non, je n'oublie pas bien sûr Lori, au chant, mais je sais bien maintenant combien il est difficile de tenir une scène, un concert, la gratte et le chant en même temps, et ce en tournée. Trop concentrée sur son micro plutôt que d'être vraiment "là", la qualité de sa prestation reste très bonne, c'est juste que la musique n'a probablement pas suffi à remplir l'atmosphère. Atmosphère qui malgré tout est venue du public lui-même, car sous une aussi épaisse couche de son on sentait bien que ce n'était pas un concert "habituel" où il faut crier pour encourager, pour remercier, etc. Non, là on avait surtout des yeux attentifs, les cheveux qui bougeaient lentement mais sûrement.
Car la voix de Lori reste énorme, projetée jusqu'à l'horizon, comme si elle avait traversé un désert avant d'arriver à nos oreilles, et c'est bien dommage qu'elle n'ait pas été mieux portée par la sonorisation ce soir là (et le bon delay qui va bien, "à la Led Zeppelin" comme elle demandait"). Mais tout de même, ce soir là, avec des morceaux comme l'insurmontable "War of the mind" qui s'éternise sur son riff monolithique, on a eu le droit à une purée très lente et surtout sans grande variation de rythme pour le bonheur de nos cerveaux embrumés.
Ce soir là, notre mère à tous, Lori, nous a couché. La meilleure berceuse qu'il soit pour apprécier un Samedi soir. Bien sûr je paraphrase, j'exulte, comme d'habitude, mais pour moi cette Lori m'a fait forte impression, un sacré bout de femme aux traits qui sentent le vécu.
La Setlist :
1 - Busses woods
2 - 2 wheel nation
3 - Silent circle
4 - Into the ground
5 - Outter space
6 - On to ever after
7 - Electric machine
8 - War of the mind
+ le rappel : Sunshine and sorrow
Les photos ont été prises par Lucie Inland : http://lucie.inland.free.fr
2 COMMENTAIRES
vkng jzz le 07/04/2011 à 22:46:55
un sacré bout de gras surtout hahaha
dillinger le 08/04/2011 à 10:29:42
ah non c'est moi qui avait acheté la 1ère prevente! ticket n°1 !
sinon excellent concert effectivement. rdv au mondo avec COUGH fin avril
AJOUTER UN COMMENTAIRE