LADLO Fest (Arkhon Infaustus + The Great Old Ones + Au-dessus + Regarde Les Hommes Tomber) le 06/10/2018, Maison de Quartier de Doulon, NANTES (44)

Arkhon Infaustus + The Great Old Ones + Au-dessus + Regarde Les Hommes Tomber

Samedi 6 octobre 2018

Salle : Maison de Quartier de Doulon

NANTES (44)

Dix ans d'activisme dans l'Underground français, pour un label, c'est quelque chose qui se fête. Et quoi de mieux pour cela qu'un festival? C'est donc à deux jours réunissant un grand nombre de groupes de son roster (ou en ayant fait partie) que Les Acteurs De L'Ombre nous convient en ce premier week-end d'octobre dans la cité des ducs de Bretagne. L'occasion de voir, ou de revoir, des formations dont je vous ai parlé des sorties studio ici même. Direction l'estuaire de la Loire avec avec mon Black Metal Buddy préféré. Il fait un vrai temps de breton à Nantes, mais ce ne nous empêche pas d'être remontés comme un rappeur français dans le duty-free d'un aéroport.

La salle est fort plaisante, toute en longueur, avec des gradins et une fosse conséquents et une grande scène. Tout au long du festival il n'y aura pas à se plaindre du son pas trop fort mais suffisamment, avec parfois une batterie un peu trop mise en avant, mais rien de susceptible de gâcher le plaisir d'écoute. En revanche, j'apporterai un bémol sur l'éclairage: hormis pour Monolithe et Regarde Les Hommes Tomber, les lights proviennent de derrière les musiciens et sont très majoritairement monochromes. De ce fait, distinguer précisément ce qui se passe sur scène est parfois ardu et mon pauvre appareil photo (qui a le même âge que LADLO) est souvent à la peine pour prendre des clichés potables. Je m'en excuse platement.

Les hostilités commencent à l'heure, et l'organisation au top fait qu'il n'y aura quasiment pas de retard tout au long des deux journées malgré quelques problèmes de sono. Heir a la lourde tâche d'ouvrir le bal, et il le fait plutôt bien. Même s'il n'est pas le plus original, son Black Metal moderne fait son petit effet sur le public déjà relativement nombreux.
Secoué par des polémiques, Aorlhac débarque en suivant. Le plaisir d'être là et la motivation de son chanteur sont évidents mais cela ne suffit malheureusement pas pour effacer les problèmes techniques et le manque de rythme; le groupe peinant à rendre justice à ses compo épiques.
Pénitence Onirique impose tout de suite son ambiance mystique avec ses musiciens encagoulés et vêtus de noir, coiffés d'imposantes couronnes. Il ne dispose pas d'une très grande expérience scénique mais son show est rodé, et les trois guitares permettent, grâce à une bonne mise en son, de développer les subtilités de son BM violent, mélodique et malsain. Il en profite pour interpréter un nouveau titre, de très bonne facture, qui préfigure un album hautement prometteur.
Moonreich, à l'image de l'ensemble de sa discographie, livre une prestation en demi-teinte: les premiers titres sont assez anecdotiques. Les concert monte crescendo, et se termine par des morceaux les plus récents, "Pillars Of Detest" puis la suite "Fugue" qui, en live, gagne encore en puissance.
La participation de Monolithe au LADLO Fest n'a pas été simple. La formation a intégré il y a peu un nouveau guitariste et Violette Wanty (Bloody Rabbeat) a assuré au pied levé le remplacement derrière le micro. Elle s'en sort vraiment bien, tant vocalement que physiquement. Seule entorse à une programmation purement Black Metal, Monolithe s'impose tout de même avec son Doom aux ambiances sombres qui ne dépareille pas tant que ça.
Cette année, Regarde Les Hommes Tomber ne donne que deux concerts, préférant se concentrer sur la réalisation de son prochain album. Mais ce manque d'activités scénique ne se fait aucunement sentir. Les nantais sont rodés et leur prestation est absolument sans failles, enchaînant les hits en véritable machine de guerre; le set touche à son terme bien trop vite.
Arkhon Infaustus fait un peu figure d'intrus au milieu de cette affiche, avec son Black Metal old school, fortement influencé par le Thrash. Le groupe bénéfice d'un grande expérience en matière de concert, mais l'ensemble est assez convenu, et les titres, courts, pourtant efficaces, ont du mal à pleinement révéler leur potentiel. À revoir dans d'autres conditions.

La seconde journée du festival commence avec Lifestream, devant une salle déjà convenablement remplie. Le groupe est à l'aise sur scène et délivre une prestation solide. Malgré un temps de jeu réduit et une musique encore un peu "verte", il remporte un joli succès.
Maïeutiste, aujourd'hui, n'interprète qu'un seul extrait de son unique album, proposant quasi exclusivement des extraits de son opus à venir. Avec son Black Metal doomisant faisant une part belle au chant clair, il assure un show poisseux riche en ambiances qui prend le public à la gorge. Le concert se termine par une reprise de Deathspell Omega, à la fois fidèle et personnelle, belle conclusion à un concert au caractère exceptionnel.
J'ai vraiment curieux de voir ce que pouvait donner Hyrgal en live après avoir été bluffé par son premier album. Et je doit avouer que je ne suis pas déçu, malgré le manque d'expérience, on assiste à une démonstration, tant le groupe maitrise son propos en délivrant un Black Metal personnel et épique, en concluant, comme sur disque, par l'impressionnant "Etrusca Etiqua".
Le gospel des sirènes du film des frères Coen O' Brother retentit dans une salle bondée: c'est le (très bon) choix de Déluge pour chauffer le public avant de lui asséner son Post Black pluvieux. Comme sur album, les bruitages d'ondées occupent les silences. Contrairement à la plupart des autres groupes jouant ce week-end, le groupe mise sur des titres courts. Malgré l'absence de son bassiste (ses parties sont samplées), il se montre extrêmement convainquant, bien plus pour moi que sur album ou lorsque je l'avais vu précédemment. Une bonne petite claque surprise.
Au-Dessus est l'une des principales raisons de ma présence à Nantes ce week-end. Les quatre lituaniens encagoulés ont tout compris au Black Metal moderne en terme de son, de composition, d'attitude. Et en live, c'est une véritable machine de guerre, en interprétant ses classiques ainsi qu'un titre moins évident mais bonnard, "VI".
Pensées Nocturnes a la lourde tâche de leur succéder sur scène. Le groupe est intimement à la naissance du label, du coup sa présence ici est mille fois justifiée, malgré le style pratiqué. Il est l'essence même, la quintessence du Black Metal Nawak, violent, décadent, malsain, décalé, mais surtout crédible. Assez étonnamment, la sauce prend rapidement et la foule adhère massivement à ce que propose le groupe. Le titre "Le Marionnettiste" est un parfait résumé de son show: intro à l'accordéon, rythmique reggae, cuivres sur fond de double pédale, expolosion de Metal extrême. Le groupe nous propose deux titres extraits de leur album à venir, fort alléchants ma foi. Une réussite sur toute la ligne.
Nombreux (dont moi) attendaient cette prestation de The Great Old Ones. J'ai vu le groupe à plusieurs reprises, dans des conditions vraiment diverses (bar minuscule, grande salle, festival) mais pour autant mon excitation est grande, le groupe a annoncé un set orienté autour ses premiers albums sortis chez Les Acteurs De L'Ombre. L'intro lovecraftienne de rigueur, "Cthulhu ftagn" et suit un premier titre plutôt poussif. Puis l'intro "Je Ne Suis Pas Fou" se fait entendre et le groupe retrouve sa superbe sur les morceaux suivants, méritant amplement sa place sur l'affiche. Une version dantesque de "Jonas" permet de finir ce concert et ce festival en apothéose.