'68 - Give One Take One

D'ici une petite dizaine d'années, probablement moins, Josh Scogin entamera une carrière à la Eddie Vedder. En simplicité, décontraction, quelques loops qui traînent derrière une guitare acoustique et une voix chaude et éraillée.

Nous n'en sommes pas encore là, et Give One Take One nous emmène faire un tour aux States. Dans les squats de Douglasville en Géorgie d'où est natif Scogin, 30 000 habitants au doigt levé, devenu le terroir des productions Netflix, le café y est bien moins cher en terrasse qu'à Los Angeles. Sur les pistes de skate de Chicago (pour le punk), et sur les docks à New-York (pour le blues et le hardcore). '68 est insaisissable, partout et là où l'on ne les attend pas.

Frontman réputé, ses expériences au sein de Norma Jean et The Chariot. Scogin semble prendre un plaisir infini à se produire dans le plus simple appareil (ou presque). '68 est toujours un duo. On retrouve l'excellent Nikko Yamada à la batterie. Plus large que la formule Guitare-Voix/Batterie, vite indigeste, ils ont la bonne idée de s'entourer d'une basse, d'un clavier et probablement une bonne douzaine de pédales d'effets. Et cela change tout. Impossible de rendre un hommage aussi magistral aux Stooges, à Led Zeppelin et aux Cramps le temps d'un « Nickels and diamonds » très justement nommé.

Si on est un peu chagrin, le name-dropping prend de la place. Le duo s'amuse à dissimuler de nombreux clins-d'oeil. Suicide sur « Bad Bite », et plus loin, une pointe rock psyché,  Muse, Black Sabbath ou Jon Spencer Blues Explosion. D'ailleurs, Le trio new-yorkais pourrait bien être la figure inspirante derrière leur raffut hautement jouissif.

Give one take one a tous les atouts pour passer un bon moment. L'énergie communicative, la bonne humeur, l'inventivité, les emprunts respectueux, le place dans le haut du panier des productions punk'n'roll de ces dernières années. Remède parfait contre la morosité.

Eric D-Toorop

le 04/11/2021