A.a Williams - As The Moon Rests

Chronique CD album (01:01:29)

chronique A.a Williams - As The Moon Rests

Nul besoin de vous présenter A.A. Williams ici. Les lecteurs assidus connaissent bien cette personne à l’aura aussi noire que mystérieuse. Un premier EP en 2019 qui nous a charmé suivi d’un album l’année suivante qui nous a clairement conforté dans l’idée qu’on avait su dégoter une perle rare. Place au sophomore, qui, si vous avez l’oreille douce et le cœur écorché, va vous transcender. As the moon rests ( toujours chez Bella Union ) sort ce 7 octobre 2022 et s’annonce comme étant l’Original Soundtrack idéale pour votre déprime automnale chronique.

Analyse.

 

On rentre très vite dans le vif du sujet avec «  Hollow Heart » qui ne comporte aucune introduction ( tout du moins extrêmement succincte ) et l’on se retrouve immédiatement happé par la puissante mais contrainte (intime?) force vocale d’A.A Williams. Je vous invite à lire les précédentes chroniques : l’alchimie entre puissance et intimité y est déjà expliquée. C’est un réel plaisir de retrouver ces vocalises si particulières, si typées, ces compositions parsemées de « soubresauts rythmiques » à l’instar d’ « Evaporate » et ces murmures glacés qui pourtant te réchauffent.

 

Passé l’écoute des trois premières pistes et la satisfaction de retrouver A.A. Williams dans ce qu’elle sait faire de mieux, un instant d’effroi m’a tout de même traversé l’esprit : et si rien n’avait changé ? Et si elle n’avait rien d’autre à nous dire, à nous raconter que ce qu’elle nous a déjà dit au travers de Forever Blue ? Je me voyais déjà conclure cette chronique par une phrase du type « A.A Williams fait du A.A Williams ».

Puis l’oreille se pose sur « Pristine » et c’est alors que s’ouvre une toute autre partie de l’album ; innovante, surprenante parfois, pleine d’influences aussi multiples que diverses. Me voilà donc rassuré, l’extase peut se poursuivre.

 

Sa collaboration avec les nippons de Mono a laissé des traces, pour ne pas dire de profondes marques. Les parties atmosphériques se font plus présentes, plus travaillées, plus longues : plus assumées. Les arpèges clean, les guitares reverbées, les nappes de violons, la rythmique évidemment mise en avant : le package parfait du post rock est bien en place.

En parallèle, on ne peut nier une influence doomy qui se dévoile, s’effeuille tout au long des onze titres de l’album, notamment sur « For Nothing » ( où les riffs rotatifs se couplent aux expérimentations aériennes des leads) et tout particulièrement sur « Alone in the deep ». Les guitares se sont alourdies, possiblement droppées, les riffs sont plus agressifs. Une proximité avec les Italiens de Messa ne serait pas déconnante.

Ce à quoi s’ajoute une petite dose de coldwave, notamment décelable sur « Evaporate ». Une rythmique tranchée, un chant distant mais tout de même mis en avant, des grattes reverbées.

Maintenant, vous prenez toutes ces influences, vous les mixez et vous obtiendrez la piste phare de l’album, éponyme et faisant office de conclusion.

Tout, dans « As the moon rests » est subtilement et savamment orchestré sans pour autant que les marques de construction ne soient visibles. L’assemblage des différents genres/influences se fait parfaitement sans que rien ne dénote, sans que l’on ne vienne se dire que c’est un patchwork, un amas de plusieurs éléments. On peut ici formellement parler de symbiose.

 

A l’instar de son titre éponyme, As The Moon Rests est un voyage auditif, une aventure intime. A.A. Williams nous prouve, avec ce sophomore, qu’elle possède les armes nécessaires pour nous emmener dans ce périple intimement solitaire aux paysages multiples et surprenants mais toujours gracieux et délicats.

photo de Vincent Bouvier
le 22/10/2022

2 COMMENTAIRES

Moland

Moland le 23/10/2022 à 17:44:10

Une valeur sûre, un des albums que j'attendais le plus cette année. Bravo pour la  chronique  idoine. 

Pingouins

Pingouins le 02/11/2022 à 07:03:51

Vraiment un très bel album, empreint d'une mélancolie froide.
Content d'avoir enfin pris le temps de l'écouter avec attention.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Planet of Zeus + guests au Petit Bain à Paris le 6 mars 2025

HASARDandCO

Costa Gravos - Sick My Duck
Melvins - 1983
Chronique

Melvins - 1983

Le 25/11/2012