Akphaezya - Fell Down The Veil (Anthologies I,III & V)

Chronique CD album (45:59)

chronique Akphaezya - Fell Down The Veil (Anthologies I,III & V)

Anthology II en 2008, Anthology IV en 2012… Puis plus rien. En dehors d’une nouvelle de mauvaise augure : celle du départ de l’exceptio-Nehl Aëlin, sur les épaules de laquelle nous étions nombreux à penser que reposait une grande partie du poids de la voûte musicale akphaezyenne.

 

Oui mais ne sont-ce pas les mêmes qui croyaient qu’en quittant le carnaval suédois, AnnLouice Lögdlund signait l’acte de décès de Diablo Swing Orchestra ? Comme quoi on retombe sans cesse dans les mêmes a priori…

 

Car l’identité d’Akphaezya, c’est surtout la muse de Stephan H. Zag-Zero, guitariste-compositeur de son état, qui en définit les contours. Par ailleurs, les chanteuses brillantes – si l’on en trouve moins que des ânes sur un plateau de CNews – quand on les cherche, on les trouve ! La preuve : celle qui a ici pris le relais est manifestement dotée de tout l’appareillage pharyngo-buccal requis pour faire à nouveau pétiller nos oreilles. Hakata Ooh qu’elle se surnomme, la gente dame (C’est pas également une chanson du Roi Lion ? Je confonds ?)… Et si on ne l’entend point shieker – pratique à laquelle Nehl s’était jadis livrée si mon disque dur cérébral ne bugue pas trop – elle fait preuve du même genre de capacités hautement caméléoniques que sa prédécesseuse. Avec peut-être un petit supplément de gouaille Rock, ce qui ne sera pas pour déplaire aux rugueuses oreilles qui trainent en ces pages.

 

Avec Fell down the veil (Anthologies I​,​III & V)Akphaezya s’en revient donc pour conclure avec faste une trilogie en 5 tomes (!) à la logique narrative quelque peu torturée – même la saga Star Wars semble linéaire en comparaison… Et ces douze ans n’ont en rien infléchi ni ralenti la course de ce fringuant vaisseau musical ! Mais peut-être ne faites-vous pas partie des heureux initiés s’étant déjà délectés des épisodes précédents ? Sachez alors que le groupe propose un délicieux Metal progressif regorgeant d’informations et pourtant éminemment accrocheur. Pour autant ne vous attendez pas à des Dream Theater-wannabes : le Metal Akpha s’avère autrement plus musclé (les riffs vont souvent faire un tour en territoire Thrash), et relevé :

- d’un feeling parfois ouvertement rock (dentelles et cuir se marient mieux qu’on ne le pense)

- d’une basse rondelette, pas envahissante, mais clairement expressive

- de parfums d’orient aussi diffus que subtiles

- et surtout d’un bon gros grain, de celui qui exsude des fous-rires nerveux agitant les loustics se mouvant encore, vers trois heures du matin, à la toute fin des soirées étudiantes en écoles de cirque

Et le fait est que si l’on voulait être exhaustif pour décrire le genre pratiqué par ces joyeux Akphrançais, il faudrait glisser un préfixe « nawako- » par ci, ou un qualificatif « avantgardo-chtarbé » par là.

 

Qui dit chapitre final d’une trilogie dit révélations. Et c’est effectivement ce que livre Fell down the veil (Anthologies I​,​III & V), album nécessairement narratif qui rebat les cartes jouées lors des deux premiers opus afin de confectionner un scénario béton plein d’organisations secrètes, d’expériences sordides et de drames familiaux. C’est « The Other Face », final à l’inexorable déroulé, à la fois dramatique et apaisant, qui dénoue les fils en nous laissant avec le cœur gros et l’envie de rembobiner cette intense aventure afin d’en humer à nouveau tous les parfums. Mais la route est longue avant que le rideau ne tombe. Et au cours des trois quarts d’heure qui précèdent, je peux vous dire que glandes sudoripares et hypothalamus sont grandement mis à contribution ! Tout particulièrement sur « At Shyrya » et « Nauseating Blend », qui swinguent comme dans la boîte de Jazz de Michel Jonasz. Rebelote sur le trépident trampoline de « Case 24-135 », sur la folle chevauchée « Dissociative Identity Disorder » – qui nous renvoie aux épisodes les plus wildwildwestesques du All Stars d’Ufych – ou encore sur le long « T.R.O.Y. », qui couvre un spectre aussi large que magistral allant des hollywooderies orchestrales de Danny Elfman à un Rap Metal aussi épique que combatif.

 

Mais tenter de résumer cette abondante masse d’informations en une poignée de mots est peu ou prou aussi efficace que de se lancer dans un exposé d’astrophysique générale sur un format TikTok : laissez-vous plutôt envoûter par cette pochette sublime, cette histoire mystérieuse et ces entrelacs mélodiques captivants en lançant le lecteur de la page Bandcamp accessible ici. Et que je ne vous entende plus dire qu’il n’y a jamais rien d’excitant dans l’actualité musicale post-2020 !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : le challenge était de taille, et ils ont mis 12 ans à le relever. Mais ça y est : avec Fell Down The Veil (Anthologies I​,​III & V), Akphaezya boucle sa trilogie de la plus magistrale des façons ! Pour une plongée enivrante dans un monde fait de complots complexes, de Metal progressif raffiné mais punchy, de pétages de boulard qui swinguent et de sensations fortes, vous savez dorénavant quoi demandez à votre dealer de musique préféré !

 

 

 

photo de Cglaume
le 05/11/2024

13 COMMENTAIRES

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 05/11/2024 à 14:46:39

Ah bah une trilogie en cinq volumes ça renvoie immédiatement au Guide du Voyageur Galactique, direct paf v'là la ref qui claque. L'en fallait pas plus pour sauver les douze ans d'attente !

cglaume

cglaume le 05/11/2024 à 15:03:27

Je l'ai lu en plus ce guide, il y a bien longtemps !

Xuaterc

Xuaterc le 05/11/2024 à 17:56:45

42

cglaume

cglaume le 05/11/2024 à 18:54:30

Réponse exacte, mais un peu rapide

Thedukilla

Thedukilla le 05/11/2024 à 21:03:22

L’important c’est la question, de toute façon…

L’album bute.

Oliver

Oliver le 06/11/2024 à 08:47:50

Effectivement, une très belle pochette... quand les groupes comprendront-ils que l'artwork est aussi important que la musique... ? Pour le simple fait se capter l'attention du futur auditeur...... le "Black album", aussi simpliste soit sa pochette, tout le monde sait de quel groupe on parle... un excellent coût de marketing... !

el gep

el gep le 06/11/2024 à 09:35:58

Mais non, la pochette du disque n'est pas du tout aussi importante que la musique, et heureusement.

cglaume

cglaume le 06/11/2024 à 09:51:08

Alors c'est vrai que le nouveau "That Handsome Devil" est super alors que sa pochette est toute moisie. N'empêche, je rejoins Oliver sur le fait qu'une belle pochette est un gros plus. De la même manière qu'un beau gâteau, c'est plus sympa dans une belle assiette, avec un peu de coulis par ci, une boule de glace par là, et quelques raisibs secs sur le côté, plutôt que dans une vieille feuille de papier d'alu

el gep

el gep le 06/11/2024 à 10:28:57

J'ai pas dit que c'était pas important. Ce n'est pas à mettre au même niveau, c'est tout. Des musiques ont changé des vies. Des pochettes de disques ? Je ne crois pas ou très très peu (si la pochette est une œuvre d'art puissante par exemple).

Oliver

Oliver le 06/11/2024 à 21:23:25

Oui, bon, j'y suis allé un peu fort... c'est ça d'écrire au réveil, on parvient pas à démêler le vrai du faux...
Évidemment, la musique prime... et heureusement !
Mais tout de même une belle pochette, ou tout au moins marquante... à moins que ce soit la zique qui ne nous fasse pas oublier la pochette... 😁
Alors ces pochettes, quelles sont-elles ? 😉

el gep

el gep le 06/11/2024 à 21:40:06

Oliver, oui je me doutais que tu t'enflammais, hein pas de souci.
Mais pour m'autocritiquer je dirais que peut-être bien que des pochettes de disques ont changé des vies aussi, après tout.
Des vies de graphistes par exemple, ahah !

AKPHAEZYA

AKPHAEZYA le 08/11/2024 à 12:18:52

Merci pour cette super chronique 😍
(Et effectivement, c'était bien 42 !)

cglaume

cglaume le 08/11/2024 à 14:41:03

Plus qu'à faire un concept album sur le Routard Intergalactique 🙂🤘

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