Alice Cooper - A Paranormal Evening At The Olympia Paris
Chronique CD album (1:28:56)

- Style
Shock Rock - Label(s)
earMusic - Sortie
2018
écouter "Ballad Of Dwight Fry"
En règle générale, je ne m'intéresse pas spécialement aux albums live. C'est dire : je m'étais achetée celui de Dirty Shirt l'année dernière – parce qu'il vaut amplement son pesant de cacahuètes – mais ça faisait bien des années que je ne m'en étais plus procuré. Et puis notre Pidji en chef a déboulé sur ma boîte mail pendant mes vacances avec ce A Paranormal Evening At The Olympia Paris dans sa besace, me demandant si ça pouvait bien m'intéresser. Et comme je suis toujours dans le fil rouge – et ne suis pas prête de m'en débarrasser – de chroniquer toute la discographie studio de 'sieur Furnier, autant dire qu'il aurait été clairement malvenu de ma part de refuser. Quand bien même on ne me retirera pas de l'idée qu'un album live purement audio d'Alice Cooper, c'est une hérésie en soi : au vu des prestations du maestro du shock rock, ça se mate en plus de s'écouter dès lors que l'on parle d'un témoignage de concert. Malheureusement, si ce concert parisien a bien été enregistré musicalement parlant, aucune image n'a été captée (de manière professionnelle). Pour le coup, on devra se contenter de ce qu'on a, notre fibre patriotique flattée par le fait que ça vienne de chez nous, dans une salle plus que prestigieuse qui plus est.
Alors, déjà, premier point aussi étrange que fâcheux : la tournée a beau promouvoir son dernier album en date, Paranormal, comme l'intitulé le laisse à présager, il s'avère qu'il n'y a eu que son efficace vitrine, « Paranoiac Personality », qui a été interprétée. Léger quand même. En revanche, niveau setlist, on ne pourra nier que le choix des dix-sept autres titres joués font office d'un énorme best of qui ravage tout sur son passage. Autant dire que les veinards qu'on entend brailler dans la salle ont bien dû pisser d'excitation à tout bout de champ durant cette soirée. Parce que, certes, chaque album n'a pas été représenté – il y en vingt-sept, ça aurait été fort compliqué quand même – mais on ne pourra pas reprocher d'avoir pris le temps de piocher dans toutes les périodes importantes de la carrière d'Alice Cooper. Et qu'au final, voir qu'un concert commence d'emblée sur un « Brutal Planet » dont l'album du même nom sorti en 2000 reste l'un de ceux que j'affectionne le plus, aussi imparfait était-il, en mode bien plus dynamique et rock'n roll que la version studio, ça ne peut que laisser présager une excellente prestation. Le son est d'ailleurs à saluer : même s'il semblera peut-être brut de pomme lors de la première écoute, il faut admettre qu'il sied comme un gant à cette volonté rock'n roll old-school, flattant également le groupe qui accompagne Vincent Furnier qui, soulignons-le bien, a toujours eu du pif pour s'entourer de musiciens talentueux. Autant dire – et chaque personne ayant déjà assisté à un de ses concerts en vrai pourra sans doute me le confirmer – la production correspond pile poil à ce que dégage Alice Cooper en live, sans qu'aucune tricherie d'effets ou d'éventuel réengistrement en studio de certaines parties comme on peut le voir maintenant sur certains témoignages live CD/DVD ne soient à déplorer.
Pour le reste, comme je le disais, c'est du best of où les hits s'enchaînent à tour de bras. Que ça aille dans les débuts lorsqu'il était encore un véritable groupe avec son premier gros succès « I'm Eighteen » et l'énorme « Ballad Of Dwight Fry » tirés de Love It To Death – voyez comment je n'étais pas dans le faux quand je disais dans ma chronique qu'il y accordait encore pas mal d'importance malgré le grand âge de ladite galette – ou encore de son petit frère, Killer, avec « Under My Wheels », d'autant plus trippant en live soit dit en passant, une portion de « Killer » et « Halo Of Flies ». Ou encore les incontournables « Billion Dollars Baby » dont on imagine aisément le lâcher de faux billets sur la fosse et « School's Out » joué en toute fin où Alice Cooper s'amuse à faire le maître de cérémonie en présentant de manière théâtrale tout le beau monde qui l'accompagne et à le mixer avec le très à-propos « Another Brick In The Wall » de Pink Floyd de la même manière qu'on l'avait eu à Clisson lorsqu'il était avec Hollywood Vampires. Les premières frasques en solitaire de Furnier sont également très bien représentées avec des « Department Of Youth », « Cold Ethyl » et « Only Women Bleed » (peut-être l'un des seuls moments de répit laissés au public pour se reprendre un peu) tirés du mythique Welcome To My Nightmare (1975). Les années 80 auront le droit a un peu de lumière avec « Pain » issu de Flush The Fashion (1980), « The World Needs Guts » (Constrictor / 1983) ou encore le passage obligé de « Poison » (Trash / 1989). Le fameux « Brutal Planet » pour représenter sa doublette d'albums un brin particulière car bien plus cold wave/indus' à la limite du metal que le hard rock bluesy auquel Alice Cooper nous avait toujours habitué. Et du plus récent comme le fameux « Woman Of Mass Distraction » tiré de l'excellent Dirty Diamonds (2005) et le tout nouveau « Paranoiac Personality » plus forcément nouveau maintenant.
Autant dire, ça brasse large et il y en a un peu pour tous les goûts. Alors, certes, peut-être pourra-t-on regretter une absence totale de prise de risques en focalisant tout sur les indécrottables classiques. Mais n'oublions pas autre chose : dans le schmilblick vient se greffer une dimension visuelle avec un véritable fil conducteur. Que l'on ne pourra pas spécialement critiquer ici via l'absence totale d'images. De la même manière qu'il faut penser également qu'un concert d'Alice Cooper peut être vue comme une véritable sortie familiale où sont regroupés plusieurs générations, comme j'ai pu le constater moi-même en m'émouvant de voir des familles venir sur trois, voire quatre (!) générations, autant dire que ce n'est pas une mauvaise chose de varier un peu les registres. Parce qu'il commence à se faire vieux ce cher Vincent. Mais même si l'image n'est pas là, on sent pertinemment qu'il n'a pas perdu de sa fougue et de sa passion au vu de ce que l'audio nous montre. A se demander s'il ne nous enterrera pas tous d'ailleurs.
Dans tous les cas, ça ne répond pas à la question de si l'achat de ce nouveau témoignage live vaut le coup. A cela, j'aurais tendance à rester mesurée : certes, la setlist est solide et bourrée jusqu'à la gueule de hits à l'efficacité imparable... Comme énormément d'autres galettes d'Alice Cooper, qu'elles soient live ou en compilation, qui blindent les étals des magasins. En cela, si vous avez déjà pas mal de matière de ce genre dans votre musicothèque, l'investissement ne vaut pas forcément le coup tant ce nouveau double-album live n'apporte pas grand-chose de nouveau au schmilblick. Si de live vous voulez investir, privilégiez plutôt le Theatre Of Death de 2011 qui contient aussi l'image. Après, si vous voulez découvrir le registre sous un spectre temporel large, voilà qui peut représenter en revanche une belle carte de visite. Et bien sûr, si vous êtes un die-hard fan et/ou que vous étiez dans le public ce soir-là, autant dire que l'achat est absolument indispensable, que ce soit pour la collection ou/et conserver un support fidèle et propre pour le souvenir.
1 COMMENTAIRE
cglaume le 17/09/2018 à 10:47:11
"Dans tous les cas, ça ne répond pas à la question de si l'achat de ce nouveau témoignage live vaut le coup. A cela, j'aurais tendance à ..." + "... répondre: achetez plutôt celui de Dirty Shirt. Ce n'est pas pour rien que je vous en parle en tout début de chronique !!"
:D
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