Alkoholizer - Free Beer​.​.​.​Surf's Up​!​!​!

Ah ça, il a l’œil le collègue Sepulturastaman! Non parce que dès qu’il a vu la pochette de Free Beer… Surf’s Up!!!, son logiciel cérébral – pourtant handicapé, en ces périodes de grand froid, par un rhume persistant dû au port systématique du kilt-qui-se-marie-si-bien-avec-sa-longue-crinière-dreadlockée – a immédiatement été piocher dans son disque dur mémoriel les pochettes de Surf Nicaragua (Sacred Reich) et Shark Attack (Wehrmacht).

… Pas le bouquet le plus mignon que l'on puisse confectionner avec des noms de groupes dites-moi! Mais bon, on est Hors Sujet là ...

Quoiqu’il en soit, via ce judicieux parallèle visuel – sans doute voulu par le groupe, contrairement à la similitude des « pattes artistiques » à l'œuvre, aussi naïves les unes que les autres – il a su mettre immédiatement le doigt sur le profil stylistique des italiens d’Alkoholizer. Ah c’est sûr: ce n’est pas au vieux Sep’ qu’on apprend à resserrer un joint de culasse grimaçant!  

Alkoholizer (pourquoi pas « Alkoholator » tant qu’ils y étaient à faire dans le caricatural old school?) prospère donc sur le terreau joyeusement véloce du street thrash US des débuts, avec pour fil rouge cette rage, ces chœurs de babouins à bandanas et ces mosheries à bermudas qui nous ramènent du côté Crossover de la Force thrash.

Et ‘de dieu que c’est bon!

Pourtant, lors de la 1^e écoute, en découvrant le début de « The Hogmosh – Nozno Strikes Back!!! », on commence par se faire du mouron. Bordel, ce fade in lourdement poussif, ce riff balourd à grosse bedaine et ces « Alkoho – lizer! » fins comme un défilé de sous-vêtements pour sumos, arf, ce n’est pas très engageant! Sauf que dès l’embardée qui arrive enfin à 1:34 – et par la suite quasiment sans interruption jusqu’à la fin de « Stop Hit Off The Ghetto – Join The Boar Party!!! » – les gugusses vont bourrer tout le temps à fond de train, en arborant sans cesse cet air goguenard du vieux pote toujours prêt à raconter une grosse blague bien bidon en se décapsulant une 33 Export.

Bon c’est vrai, ici la machine à recycler tourne à plein régime. Mais:

1. c’est fait dans la décontraction la plus joyeuse et le jus de houblon le plus frais

2. le propos est clairement de laisser de côté tous ces plans mid pépères qui, d'habitude, ennuient le thrasheur vitessophile entre deux sprints hyper véloces, les seules « pauses » autorisées consistant ici à se ruer dans la mélée moshcore avec les potes à patches

3. tout cela est assumé à 300%

Et cette dernière vérité n’est pas extraite de leur discours promotionnel, mais transpire sainement  de la musique même du groupe. Ainsi nul besoin de voir la pochette ou de lire le titre du morceau pour comprendre que « Surfin’ Beer » – au sein duquel nos affreux jojos vont caler une petite reprise du « Misirlou » popularisé par « Pulp Fiction » – doit quand même beaucoup au « Surf Nicaragua » de Sacred Reich et, plus flagrant encore, que « Breatalize and Destroy » n’est rien d’autre que la version alcootestisée du « Seek and Destroy » de qui-vous-savez, vu qu’y tourne régulièrement un gimmick riffé directement issu du titre en question (tiens: à 0:27).

Tout le temps à bloc et de fort bonne humeur, le groupe taille sa route entre les différentes références précitées, sans oublier Slayer, les vieux Anthrax (ah ces petits cris aigus!) et toute la smala. Les plus blasés auront du mal à le croire, mais nos lascars réussissent à ne jamais vraiment lasser, leur joyeuse énergie et les légers changements de registres (plutôt crossover speedé ici, classic thrash là, corement moshy ailleurs, slayerien plus loin… Et puis tiens: des percus à la Overdose à la fin de « Stop Hit Off The Ghetto – Join The Boar Party!!! ») se chargeant de maintenir la banane en mode "ON" sous notre moustache. Pour ne rien gâcher, les soli sont fréquents et tout à fait recommandables, et le champ lexical utilisé puise dans le meilleur du « Petit Tankard illustré ». Alors il vous faut quoi de plus?

Allez, stop le blablah: si vous devez piocher dans les toutes dernières productions du courant « revival thrash pas original » et que vous voulez éviter les déceptions et autre pertes d’érection intempestives, optez pour Free Beer… Surf’s Up!!!, vous en aurez pour votre argent!

La chronique, version courte: Free Beer… Surf’s Up!!! c’est la scène thrash old school / crossover thrash ricaine qui vous conte les aventures de Tankard sans jamais redescendre en 1^e, 2^e ou même 3^e vitesse. Ça fonce, ça déconne, ça picole – ça farte aussi, forcément: bref ça remet du kérosène dans le moteur de la 2CV!

Cglaume

le 22/01/2015