Anaxagor - Anaxagor
Chronique CD album (45 mn)

- Style
Thrash Death - Label(s)
Great Dane Records - Date de sortie
31 mai 2020 - Lieu d'enregistrement Studio de Sylvain Octor-Perez (Bordeaux)
- écouter via bandcamp
- « Anaxagor(e), qu’est-ce donc ? »
- « Le nom d’une agence roubaisienne experte en sanitaire et en médico-social ? »
- « Hein !? »
- « Ou bien celui d’un sirop antitussif ? »
- « Ben non, t’es con ou tu le fais exprès !? »
- « Celui alors d’un gars – genre philosophe – vivant dans l’antiquité ? »
- « Aaaaaaah, tu chauffes mon loulou. Mais ce penseur présocratique – Anaxagore de Clazomènes (vers 500-428 av. J.-C.) –, auteur d’un traité Sur La Nature et à qui l’on doit de belles citations qui mettraient une kyrielle de profs de philo déconfinés en double P.L.S. mentale (« Au début était le chaos, puis vint l’intelligence, qui mit tout en ordre »), prend un « e » ! Dommage !!! »
En fait, Anaxagor, c’est d’abord la rencontre entre deux potes gratteux, Antonin et Fédric, deux frérots qui ont décidé fin 2017 de se capter plus sérieusement, de composer quelques morceaux 100% Thrash Death et d’enregistrer en septembre 2018 – motivés les bougres – une live session, accompagnée de Mathieu à la basse, d’Alex au chant qui avait jusque-là pas mal buriné au micro dans plusieurs formations du Sud-Ouest, ainsi que de Jérémie – alias « le suppliciant des fûts » – à la batterie. Il en est sorti un support numérique, une demo 4 titres Only The Strongest, bien rincés à l’occasion de nombreux concerts sur Bordeaux.
Pour l’instant, je suis en train de vous narrer l’histoire de centaines de groupes français. En fait, pas toutafé, puisque le quintet est entré il y a un an dans le collimateur de Sylvain d’Exocrine. Premier coup d’accélérateur. Ce dernier leur a enregistré, mixé et masterisé leur futur album et connaissant le niveau d’exigence et la maitrise technique du bonhomme, j’en connais quelques-uns qui ont dû en chier des ronds de chapeau : les mois de l’été 2019 ont dû paraître bien longs à certains ! Il en est ressorti une galette de 10 titres et de 45 mn à la qualité de prod’ inespérée, très très loin – forcément ! – de leur demo de 2018. C’est au tour de Raph de Great Dane Records d’entrer ensuite dans la danse. Second coup d’accélérateur. Il faut dire que ce label se démène – au-delà de quelques tête-de-ponts (Carcariass, Nihilism, Voorhees) – pour intégrer des nouveaux groupes de Death à son roster et promouvoir leurs derniers sorties (Armageddon Death Squad, Empyreal Vault, Heboïdophrénie, Red Dead, …). Donc, vous l’aurez compris, du joli monde s’est penché sur le berceau de ce jeune groupe et il ne faudrait pas oublier l'artiste et musicien Jeff Grimal qui a colorisé avec talent le dessin que Fed lui-même a réalisé avec pas moins de talent pour la couv’ très réussie de cet album.
Au niveau musical, je craignais d’emblée un truc : éprouver la lassitude du TOUC-A-TOUC-A-TOUC-TOUC-A-TOUC-A-TOUC-A-TOUC-TOUC-A-TOUC-A-TOUC-A-TOUC... matraqué par le bon vieux Thrash à papa, en fait la même lassitude que celle ressentie à la longue lors du concert de Death Angel, Exodus et Testament passés par Toulouse le 29 février 2020. Trop de « TOUC-A-TOUC-A-TOUC » tue le « TOUC-A-TOUC-A-TOUC ». Or, grâce aux compos soigneusement réparties entre Antonin et Fed (ce dernier a quitté le groupe depuis peu), Anaxagor offre à nos esgourdes un mix Thrash Death 66,666% Old School / 33,333% Moderne. Vous cherchez de l’originalité ? Nop, pas ici ! La raison est limpide : cela n’a jamais été l’ambition musicale du groupe. Il s’agit juste ici de faire du Thrash mêlé de Death, un Thrash sérieux et efficace qui tire sa source de groupes dont les noms ne vous surprendront guère : Megadeth, Metallica, Slayer, Sepultura, Lamb Of God. Il suffit pour cela de parcourir les lyrics de "Fame Of Thrash", véritable « Hall of Fame » du groupe, où sont habilement répartis les titres ou paroles de chansons cultissimes (« conquer or die », « raining blood », « legions of dead », « a thousand lies », « face of destruction » et moult autres exemples).
De nombreux thèmes sont extraits de jeux de vidéo très célèbres et de leur environnement ludo-historique, à l’instar de "Shepard" (très bon, surtout lors de sa montée en tension rythmique à la 4e minute autour du « Why ? »), "Rise From Your Grave" (idem autour du « We Will Die, Die ! ») et "Blood Lord", trois morceaux inspirés par les univers de Mass Effect, Altered Beast et World of Warcraft. Quelques romans SF finissent de baliser l’inspiration de cet Anaxagor, avec l’orwellien "Stomping on a face" : son entame à une seule piste de guitare manque vraiment de relief, mais la suite est plus consistante avec une fin bien trippante lorsque Alex crache son « 84 ». "Panopticon" est, quant à lui, une non-digression à la Havok, qui contient en son cœur une p’tite friandise très sepulturesque. Les matraquages de Jérémy et les riffs bien brise-nuque d'Antonin et de Fed à la lead poutrent bien ce qu’il faut à l’écoute de "Louder than all" et de "Born To Frag", deux des compos les plus récentes et d'ailleurs les plus denses. Les Bordelais achèvent leur Thrash Tour de 10 étapes avec "Toxic Troll" ; c'est simple : ils y enfilent leurs cagoules pour mieux nous foncer directement dans le (gras du) bide.
Bon, concluons : si j’applique ma règle, forcément arbitraire, de ne jamais dépasser 8/10 pour un premier album, que j’additionne la valeur intrinsèque du bon Thrash Death déployé par les Anaxagor dans leur Anaxagor, avec la qualité, l’honnêteté et la loyauté dont a fait preuve Sylvain tout au long de cette aventure, et le tout en mettant en retenue les notes données par notre 'zine aux derniers albums de Testament, Warbringer et Havok, on arrive à ce … 7,333/10.
On n’est pas mal là !?
Vraiment pas mal du tout, j’trouve…
2 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 30/05/2020 à 18:19:36
Un mix bien sec et une superbe pochette: ça fiat le job.
Seisachtheion le 30/05/2020 à 21:00:46
C'est clair, cette couv', c'est de la bombe !
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