Au-dessus - Mend

Chères lectrices, chers lecteurs,

Si vous détestez que les chroniques que vous avez l’habitude de parcourir contiennent quelques occurrences égohistoriques sur celui qui les rédigent, hé ben… n’hésitez pas à mettre en mouvement vos pouces opposables pour passer votre chemin.

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… La lecture en ce jour du mois de mai 2017 d’une mini-chronique de l’album End of Chapter des Lituaniens d’Au-Dessus, rédigé par l’excellente Marie-Hélène Soenen pour Telerama (si, si, c'est possible) a eu bien des effets en cascade, puissants et inattendus. Ses mots m’avaient alors plus qu’hameçonné : « Les gars d'Au-Dessus semblent avoir mille idées à la minute, et ne s’interdisent rien, dans ce disque hétéroclite, gorgé de riffs accrocheurs et de rythmes obsédants. Leur univers pesant, traversé par la menace et le malaise, excelle pourtant dans les envolées, quand les guitares et les cris éperdus décollent, et libèrent la tornade émotionnelle essentielle à tout bon post-metal. »

L’écoute de cet album provoqua un tel effet de blast que la musique, devenue depuis plusieurs années une compagne distante, s’est replacée plus que jamais au cœur de mon horizon mental. Au point de devenir une complice fidèle. Au point de m’autoriser deux ans plus tard à penser que je pouvais pondre quelques textes pour un ‘zine dénommé CoreandCo. Donc sans Au-Dessus, il n’y aurait sans doute jamais eu de Seisachtheion, cet autre moi, pétri par l’amour du Métal noir jusqu’à la moindre de ses fibres…

Je me rappellerai longtemps de la mine des potos qui m’ont accompagné un mois après sur la route du Hellfest 2017, alors que je passais le titre "X" dont les dernières minutes enveloppèrent la caisse d’un voile polaire, déchiré par les saillies goguenardes de mes kopaings. À part que l’un deux se prendra en 2019 une claquasse monumentale lors du passage des Lituaniens au Motoc’ (malgré un son pas top). Il faut bien admettre qu’End Of Chapter est un travail formidable, sans doute unique. Xuaterc n’a pas hésité à en faire « un très grand album qui […] fera date ». Perso, j’en fais l’un des albums Black Metal de la décennie 2010 ! Un pur condensé de Black scandinave, de Sludge et de Post-Black Metal.

Autant vous dire que j’attendais le retour d’Au-Dessus avec impatience ! Cinq ans, c’est long, très long, trop long, même si l’on apprend des Acteurs de L’Ombre, toujours à leur côté, que deux sorties ont été en fait programmées pour l’année 2022. Xuaterc ayant fait un pas-de-coté (ça sent le traquenard ^^), j’ai les heurs de chroniquer leur première sortie Mend, disponible depuis fin avril. Déstabilisé, je l’ai été et à plusieurs titres, par le format (un EP 5 titres dont une intro 100% instrumentale et samplée), par le naming des titres (finis les chiffres romains !) et plus encore par la musique défendue durant 25 p’tites minutes.

Celles-ci sont très loin d’être désagréables ; elles réitèrent, par exemple, le plaisir d’entendre le chant impressionnant de Mantas. Le (Post-)Black Metal défendu est plaisant, avec le 2^e titre "Negation II" comme proposition la plus dense et la plus forte. Quelques passages supplémentaires accrochent positivement, comme l’entame de "Alienation". Pour le reste, les repères sont devenus… différents. C’est linéaire, propre, presque convenu ("Lethargy", mise à part sa fin, intéressante), là où c’était entêtant, tortueux et inconfortable C’est rond et chaud, là où c’était saillant et froid. End Of Chapter était une sorte de solution musicale, où l’on avait trempé du Regarde Les Hommes Tomber (que les Lituaniens adorent par-dessus tout) dans un bain d’azote liquide alimenté par le riffing réfrigérant d’un premier Immortal ou d’un Dissection… Rien de la sorte ici ("Epiphany"). Même pour ce qui est du Post-Black Metal, j’en reviens à être plus convaincu par les dernières sorties des Slovaques de Besna ou des Biélorusses de KRVVLA (l’un comme l’autre bientôt chroniqués d’ailleurs) que par ce court-format des Lituaniens, alors même que ces derniers devraient déjà être pour les premiers des figures de proue indépassables.

La circonspection – et non la déception – est le sentiment dominant ici. Mais peut-être que, finalement, mes attentes seront de toute façon vaines… Après tout, l’ultime morceau de leur dernier long-format en date "XII : End of Chapter" n’annonçait-il pas déjà la couleur ?

Seisachtheion

le 03/06/2022