Between the Buried and Me - Colors II

Chronique CD album (78:40)

chronique Between the Buried and Me - Colors II

Il faut bien le dire, sur CoreandCo, on est passés complètement à côté de ce dernier album de Between The Buried And Me, Colors II, paru en l'an de grâce II de ce pénible moment pandémique (qui a par ailleurs, comme pour beaucoup d'autres, été utilisé prolifiquement par le groupe pour accoucher de ce disque).

 

Et si on parle de côtés de cette plaque, je pense que l'on peut me mettre encore plus toute cette histoire de gémoétrie dans la gueule, car je ne suis que très peu familier avec la discographie du groupe en général, que je n'ai jamais vraiment suivi de près, tout en respectant la formation (malgré une confusion – dérivant de mon ignorance – qui me poussait à les assimiler parfois à Bring Me The Horizon). Coup de bol malgré tout, le seul de leurs albums que j'avais vaguement écouté, c'était Colors, premier du nom, sorti 14 ans avant ce deuxième épisode.

Et il faut bien l'avouer, il avait quand même la classe dans le style ; mais c'était trop metal pour moi, qui zonait alors (et toujours, en fait) bien plus du côté du hardcore de la vie, quand bien même les disques de Psykup tournaient souvent sur ma platine dans ces années-là.

Puis voilà donc que Colors II en vient récemment (en retard, donc) par je ne sais plus quel truchement à transiter entre mes deux oreilles, qui pendant huit dizaines de minutes se sont laissées porter par la créativité de cet album.

 

Ce qui est sûr, c'est que même si c'est assez facile à écouter quand on a les oreilles un poil habituées aux musiques extrêmes, ce n'est vraiment pas quelque chose qu'on pourrait qualifier de mainstream. Pour la complexité des compositions, leur longueur, ou pour le nombre impressionnant d'écoutes nécessaires pour assimiler les différentes sections qui viennent s'emboîter les unes dans les autres, tel un un apéro dinatoire entre un groupe de potes qui se retrouvent vingt ans plus tard, chacun ayant fait des choix de vie différents : si à l'instar de son illustre prédecesseur, il commence au piano style rock à papa, on y trouve également du simili-Opeth, du riff qui n'a rien à foutre là, des sonorités à la limite du rock '70, du clair et des growls, de la syncope metalcore couplée à des interludes wtf (au milieu de « Prehistory » par exemple, avec sa basse et ses ambiances à la limite des groupes à l'imagerie pirate et biture) et nawako-friendly, des solos rock psychédélique (« Bad Habits) et ainsi de suite. Autant dire que cet album porte extrêmement bien son nom tant il est riche de sonorités et de textures différentes.

 

Difficile de ranger BTBAM dans une étiquette tant les tiroirs, leur contenu et les autocollants desuus semblent aussi importants que le meuble qui les contient. Pour donner une idée de ce qui m'est passé par la tête lors de différentes écoutes de Colors II, j'ai pu passer de « mix d'un Hypno5e en moins introspectif et plus démonstratif avec des tendances à la Ne Obliviscaris et des bascules à la Opeth » à « sorte de metalcore progressif avec des influences de tech death à l'ancienne type Cynic, ou une sorte d'Hacride en beaucoup, beaucoup plus barré et multidirectionnel ».

 

Autant de noms qui au moins en théorie auraient dû trouver oreille preneuse en nos pages, et pourtant, comme je le disais, on est passés à côté ici. Pourquoi ? Trop proggy pour notre lapin Glaume peut-être, pas assez noiso-hardcore pour 8oris sans doute, trop metal pour certains (dont moi), trop mignon et lumineux pour d'autres, et possiblement, selon les mesures réalisées par les instruments sophistiqués dont on a récemment fait l'acquisition à CoreandCo, un peu trop d'oscillations et un poil trop bas sur l'échelle du bleuargl pour convaincre les autres.

 

Voyez plutôt les résultats de notre test en double aveugle et désolé pour celles et ceux qui consultent cette chronique sur leur téléphone) :

 

 

Les réglages sont certes encore à affiner, mais ces résultats ne trompent pas : ça oscille sévère (et on me dit dans l'oreillette que le résultat ressemble à la pochette, ce qui tombe bien).

Ce qui est en outre le marqueur d'une grande dynamique vocale, d'ailleurs pas nécessairement corrélé au style de musique derrière, tant le groupe joue justement autour des contrastes, un peu tout ceux que l'on peut imaginer : rythmiques, stylistiques, d'intensité...

Et pourtant ce graphique fait aussi ressortir l'usage de trucs qu'on ne s'imaginait pas forcément invités sur ce genre de galettes, tels des refrains ici et là, tout en restant très libres sur la structure d'ensemble de leurs morceaux, la virtuosité de chacun des musiciens permettant ces explorations diverses en toute sérénité (en plus de s'être amusés à inviter trois batteurs de renom pour les solos sur "Fix The Error" : Mike Portnoy - Dream Theater, Navene Koperweis - Entheos, Ken Shalck - Candiria).

 

C'est d'ailleurs un peu pour ça que ce nom de Colors est revenu pour la seconde fois sur cet album. Déjà, pour ce qu'il décrit. Mais aussi, comme le dit le guitariste Paul Waggoner : « En 2020, nous voulions donner tout ce que nous avions et montrer au monde que nous sommes encore là. Et c'est pour cette raison qu'on a appelé cet album Colors II, parce que nous en étions un peu au même point qu'au moment de faire le premier. Nous nous demandions quelle était notre place dans cette scène. Et on se le demande encore. Donc à ces deux moments de notre carrière, nous avons décidé de simplement être nous mêmes et d'écrire le meilleur album possible ».

 

Le problème pour moi maintenant, c'est que vous connaissez probablement beaucoup mieux que moi le groupe et sa production, et les fans de prog ici présents hausseront probablement une commissure de lèvres en se disant « ahah, il n'a rien compris ». C'est possible. Mais faut bien (re)commencer par quelque part, en même temps.

 

Bref. Si vous aimez la musique complexe, parfois épique, et qui parvient à l'être sans être prétentieuse, allant piocher dans différents registres sans tomber dans le bête patchwork mal cousu, et que vous avez comme moi laissé Between The Buried And Me de côté pendant trop longtemps, je ne saurais que trop vous conseiller de remédier à ça. Parce qu'en ce qui me concerne, c'était une erreur. Ca ne parlera pas spécialement à votre fibre hardcore, on est clairement dans le domaine du metal, mais ces petits gars démontent bien. Leur musique est chouette. Ils ont l'air sympa. Sérieusement, écoutez-les. Même s'il y a indéniablement beaucoup trop de voix claires à mon goût, ça n'en reste pas moins un excellent album.

 

Ah et puis merde, débourillez-vous (oui, c'est une faute de frappe, mais j'aime bien, je la garde) avec ça.

 

A écouter lorsque l'on aime explorer chaque recoin d'un nouveau paysage, connaître l'intimité du détail tout en embrassant l'ensemble.

photo de Pingouins
le 05/01/2023

5 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 05/01/2023 à 13:50:32

Impressionnant ton bleuarglometre haha !!

Perso je n’avais pas réussi à rentrer dans Colors, trop dense et pas assez catchy pour moi. Du coup j’ai zappé la suite…

Pingouins

Pingouins le 05/01/2023 à 15:39:15

Oui, tous les fonds de l'année ont été alloués au bleuarglomètre, pour faire moins d'erreurs quand à l'échelle du bleuargl dans nos chroniques !

C'est toujours trop metal et pas assez hardcore pour moi, et trop gentillet, mais il faut bien admettre que l'album reste très bon, bien que très dense lui aussi.

8oris

8oris le 06/01/2023 à 12:52:01

Je valide l'idée du bleuarglomètre! :D

noideaforid

noideaforid le 06/01/2023 à 15:43:34

Et vu que le groupe t'a séduit, je peux te conseiller les albums à partir de Coma Ecliptic. Je ne suis pas un élitiste de prog metal mais plutôt de nawakerie, le côté gentillet,fun et coloré de  BTBAM ça fait du bien! je n'apprécie pas Opeth ou hypno5e à leurs juste valeurs pour des raisons d'émotions mais BTBAM est plus ''accessible'' de ce côté la pour moi. parce que les couleurs,c'est cool! voilà,voilà : )

Pingouins

Pingouins le 09/01/2023 à 18:53:38

Merci pour les conseils noideaforid :)
Même si pour moi ce "plus accessible" le rend justement plus difficile à écouter ahah :p

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