Bongripper - Satan Worshipping Doom

Chronique CD album (53:15)

chronique Bongripper - Satan Worshipping Doom

Dans la course au son massif et écrasant, on peut facilement situer les Bongripper dans le peloton de tête. Ce grondement qui semble sortir du sol possède une aura infernale. Rien de nouveau en 2010 ceci dit, mais ce monolithe du Doom enfonce un peu plus en profondeur ses fondements, appuyant par là même ses influences de Sleep (et notamment du Dopesmoker), un peu de Moss dirais-je, et bien sûr on sent les origines sludge, Eyehategod, Sourvein, un peu de Ramesses aussi.

 

La pochette magnifique (ou horrible, ou les deux à la fois) démontre tout à fait la montagne de clichés entremêlés de ce disque, elle rappelle un peu les créatures cosmiques bizarroïdes du dessinateur de BD SF Druillet, et la même manière d'entrelacer n'importe comment ces dernières, et toujours avec ces regards étranges difficilement expressifs...

 

L'album ne cache pas grand chose en son sein, si ce n'est une froide apparition black dans le morceau "Satan", rappellant un vieux Darkthrone, et quelques breaks dont le placement a été intelligement pensé. Les riffs, variant régulièrement pour pallier au manque de voix ne sont des sempitrenelles alternatives au riff Doom par excellence, aéré dans sa composition pour permettre aux amplis de bien chauffer et arrondir les enceintes entre deux notes.

 

Le son de cet album est particulièrement massif, grondant, rempli de sub bass alors que les leads qui se profilent dans les fréquences plus aigues rappellent plutôt le son crasseux du metal, voire du black metal, un peu comme Ramesses a réussi à le faire sur certains de leurs albums mais en plus abouti (je parle du son, des prises, du mix, pas des compositions, nuance). L'atmosphère qui en ressort est proprement fulminante. Les enceintes semblent étouffer dans un goudron de shit bulleux et épais.

 

Alors je vous le demande, pourquoi s'emmerder à travailler des compositions complexes et variées, pourquoi se tartiner d'un chanteur, pourquoi aller se faire chier à développer un thème complexe mais riche quand on voit qu'un groupe de Sludge Doom instrumental vous pondent un album de quatre titres où les trois quarts des morceaux de la playlist sont déjà inscrits dans le titre de l'album... Cet album qui devient le plus recherché dans le genre ! Pour vous donner une petite idée de la démesure du succès de cet album, je précise que le DLP se vend à plus de 300€ sur ebay (et ebay rien pour attendre celui là).

 

C'est assez incompréhensible : alors que la plèbe reproche régulièrement le manque évident de créativité des groupes récemment formés, accusant ces nouveaux de trop repomper les ténors intouchables du genre (Electric Wizard, Cathedral, Sleep et bien sûr Black Sabbath), il y a Bongripper qui fait -inexplicablement selon moi- exception à ce jugement cruel, et pourtant ceux-ci ne font absolument pas exception à la règle - au contraire je dirais même qu'ils la cristalisent : la glorification de l'anti-nouveauté, et d'ailleurs de l'anti-subtilité.

 

Prenons le recul qui s'avère nécessaire : cet album est excellent et s'écoute avec plaisir, les variations arrivent toujours à temps pour ne pas nous lasser de l'aspect instrumental. C'est un très bon album du genre et il est facilement placé dans le lot des "meilleurs de l'année". Cependant cela ne justifie pas la montée des prix sur Ebay et la sur-évaluation de cet album. Pour être clair, j'accepte d'acheter cet album en CD à 10€, mais jamais à plus de 60€ (et n'allez pas croire que la marge sur ce coût revient au groupe, ce serait trop beau), et je ne parle même pas du DLP...

 

Mais restons plutôt dans la musique pour la musique : le business découlant de cet album reste extérieur aux profits du groupe (malheureusement), et leur musique est tout de même écoutable sur bandcamp (cf. le player en haut à gauche de cette page). Il me tarde de vous révéler une chose : le Doom est une musique d'abruti profond, répétant inlassablement les mêmes ritournelles d'une manière qui oscille entre la transe mystique et... L'abus de psychotropes et autres drogues qui font vomir, sans subtilité aucune. Le Doom ne s'élève pas, il s'enfonce plus bas que terre, et les clichés mis en exergue par les exécutants du style sont nécessairement, eux aussi, plus bas que terre : Satan, Worship, Doom. Arrêtons un instant de nous cacher derrière une quelconque vivacité d'esprit, le Doom a été créé pour ceux qui ne savent tout simplement pas jouer rapidement, et qui ont fini par détester la musique ultra rapide, cachant par là leur honte et leur frustration. Arrêtons de nous prendre pour des dieux de la lenteur, et apprécions entre amis dégénérés-abrutis-bas-du-front ce Satan Worshipping Doom comme il se doit, c'est à dire simplement.

 

 

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photo de Carcinos
le 19/07/2012

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