Borgne - Temps Morts

Borgne, cette implacable entité helvète, poursuit sa quête inlassable et déshumanisé et sape de toute lueur d'espoir avec le très mal nommé Temps Morts (le groupe enchaîne les sorties à un rythme effréné depuis 2007). Si on ajoute à cela les très nombreux autres projets du sieur Bornyhake (Pure, Enoid...), la création et le premier album de The Path of Memory, son travail au sein du Chaos Studio, la gestion des labels Rotten Vomit Records et Azif Records, on a du mal à trouver des temps morts dans ses activités musicales. À peine un plus d'un an après un Y hautement qualitatif, et qui avait constitué pour moi la porte d'entrée à la discographie de Borgne, ce dernier est de retour

Borgne est là, entre autres, pour terroriser la population.

Pas de gros changements par rapport à l’album précédent, Borgne reste cette usine à terreur, froide et mécanique. Cependant, dans l’ensemble, Temps Morts semble moins radical que Y. Les rythmiques effrénées ne sont pas systématiques, le blast n’est pas un passage obligé pour permettre à Borgne de dépeindre la lente déliquescence de la civilisation occidentale au travers un Black Indus cybernétique. Par exemple « I Drown My Eyes Into The Broken Mirror » avec ses arpèges de guitare sèche, ses nappes de synthé futuristes et son beat électro, est aussi sympa qu’un clou rouillé sous un ongle. L'essentiel du travail, impressionnant, de composition préfère se concentrer sur les restitution des atmosphères que sur la violence pure. En ce sens, on peut penser aux premiers Aborym.

La voix de Bornyhake se met une fois de plus au diapason de la musique, le musicien multiplie les efforts pour la rendre aussi terrifiante, c’est particulièrement vrai lorsqu’il prend des intonations gutturales comme aux deux tiers de « L’Écho De Mon Mal » ou à plusieurs reprises au long de « The Swords Of The Headless Angels ». Avec plus de vingt ans de carrière, Borgne parvient à diversifier sa musique tout en restant fidèle à son Black Indus terrifiant, en affinant son écriture au profit d'ambiances urbaines, mécaniques et froides.

Xuaterc

le 02/09/2021