Buñuel - Killers Like Us

Chronique CD album (45:08)

chronique Buñuel - Killers Like Us

Troisième opus pour Buñuel, Killers like us semble clore l'aventure italienne de Eugene. S Robinson. L'envie d'aller se désaper ailleurs et probablement moins présente. Fidèle à ses envies d'expérimentation et d'échanges, le dernier parrain de la noise mondiale, n'est pas à un revirement près.

Pour mieux comprendre la démarche, il faut plonger sans retenue dans « Even the Jungle », j'y reviens.

 

Killers like us fait suite, donc, à A resting place for strangers et The Easy way out, deux brûlots totalement iconoclastes, déviants et bien en marge de la production musicale actuelle fusse-t-elle sauvage. Dans le cas présent, ce bon vieux rockab' se voit déifier le temps d'un « When God us a rope » qui porte la banane bien droite à moins que ce ne soit des spikes.

 

Résumer les 45 minutes en termes purement musicaux est un peu vain, chez Buñuel, à l'instar du réalisateur espagnol (naturalisé mexicain), il y'a toujours quelque chose d'inattendu qui se passe. Chez Luis Buñuel, l'expérimental croise le romantisme ; le polar rencontre le documentaire, et le fantastique nous mène au western. La pochette bien gaulée qui met en scène le 44 Magnum de Robinson y fait, peut-être, référence.

 

Chez Luis Buñuel, la narration est importante et atypique. Que dire du phrasé infernal de Robinson. À moins d'être parfaitement anglophone, il a fort à parier que les mashups déclamés ne laissent de marbre. On pourra toujours se réfugier dans An Evil heat de Oxbow sorti, il y'a pile 20 ans, pochette jaune immonde et disque immanquable dans le long parcours du bonhomme.

 

Alors l'écoute est assez éprouvante, il est vrai, mais terriblement addictive. Les motifs créés par Xabier Iriondo, Andrea Lombardini et Francesco Valente emportent loin l'auditeur dans un maëlstrom sonore aux milles textures. La batterie de Valente concasse et broie, la basse de Lombardini explose les codes des lignes de groove et David Wm. Sims (The Jesus Lizard) n'est jamais loin. Iriondo, seul sur sa planète, écrit sa propre grammaire guitaristique avec « For the cops », « Roll call », « A prison of measured time » et le vénéneux « Hornets »uniques, et imparables en guise de matrice.

 

Dans ce déferlement, on retiens aussi « Crack shot » avec la fougue de Kiasa (Madame Robinson) et bien sûr le terminus dantesque « Even in the Jungle ». L'avenir pour Robinson le conduira, peut-être, chez Oxbow (en route depuis 1988) ou ailleurs... Ceci dit le feu n'a pas fini de couver chez Buñuel.

 

photo de Eric D-Toorop
le 11/04/2022

1 COMMENTAIRE

Moland

Moland le 11/04/2022 à 15:15:25

Yes, bonne pioche. Dans mon top2022 pour le moment. 

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