Carcass - Surgical Steel

Chronique CD album (47:06)

chronique Carcass - Surgical Steel

Quand on a pondu des albums référentiels aussi bien dans le microcosme marron-cracra du goregrind que dans les prairies verdoyantes du death mélodique (sans parler d’une participation non négligeable au capital de la SARL death’n’roll), qu’on n’a plus donné de nouvelles depuis 1996 – en dehors de rares coucou-le-voilà en festival ou via des featurings – et qu’on repointe d’un coup d’un seul le bout de son groin, c’est forcé, on est attendu au tournant. Et parmi la foule impatiente, évidemment, certains ont le couteau entre les dents, prêt à servir. C’est pourquoi, quand Nuclear Blast lâche enfin Surgical Steel dans la jungle hostile d’une Metalosphère fébrile, certains coups partent vite et fort. Demandez donc à notre Cobra Commander ce qu’il pense de cette 6e rondelle: il vous parlera  Moltonel épaisseur triple, Canard WC et sanibroyeur SFA. A l’opposé, on en croise qui vous assènent que ce nouvel album se retrouve au coude-à-coude avec Heartwork dans leur Top 50 perso. Maintenant ami lecteur, toi qui n’as été élevé ni dans une favela à l’ombre de la sainte chapelle Krisiun, ni chez les Bisounours où tout-le-monde-il-est-beau, ensemble on va pouvoir causer sans faire passer les thermomètres dans le rouge.

 

Sache tout d’abord que les bouchirurgiens anglais (Messieurs Walker et Steer, à présent épaulés par de talentueux petits nouveaux) ont calibré cette nouvelle galette aux petits oignons. D’un côté les bougres ont conservé l’extrême acidité des diatribes du père Walker, l’imagerie médicale de leurs débuts, un artwork à la Tools Of The Trade, plus quelques petits brûlots bien courts (1:50 pour « Thrasher’s Abattoir »), histoire de ne pas trop se couper de la fan base d’Exhumed et Impaled. De l’autre ils ont copieusement arrosé certaines compos (« The Granulating Dark Satanic Mills », « 316L Grade Surgical Steel »…) du bon vieux rot’n’roll qui faisait bicher les fans de Swansong.  Mais pour le gros de l’œuvre, nos vieux briscards ont tapé en plein dans ce qui leur a permis – a long time ago – de cartonner (...jusqu'à en attirer l'attention de Sony!): voilà c'est ça, ils sont retournés s'abreuver à la corne d’abondance Heartwork, en insistant bien franchement sur l’utilisation de guitares-rossignols dont le potentiel mélodique a de quoi ratisser large (fan d’Arch Enemy, es-tu là ?).

 

Joli grand écart, non ?

 

Bon, disons le cash: si le son, le style, la patte – bref: tout ce qui fait que Carcass est Carcass – est bien là, il manque tout de même un truc… La magie. Le petit plus qui fait les grands albums. Et du coup un « Captive Bolt Pistol », s’il est certes classique et efficace, est vite oublié – le genre pas vilain mais vain. D’un « Noncompliance… », on dira qu’il est plutôt sympa mais un peu lourd, et que son fil conducteur est un brin fadasse. Un « The Master Butcher’s Apron » sent le savoir-faire à plein nez, sans toutefois nous mettre vraiment le feu aux tripes. Et sur « A Congealed Clot Of Blood », on touche carrément le fond tout gélifié de la cuvette, les pieds lestés de gros sabots grassouillets. Vous avez saisi le truc: la Ferrari est de retour, mais elle roule au colza.

 

Sauf que quand on attend un grand Sauternes et qu’on n’obtient qu’un assimilé Coteaux du Layon, la déception à tendance à faire sous-estimer les qualités objectives du nectar proposé. Et ce serait dommage, car Surgical Steel sait  se faire gouleyant. « Cadaver Pouch Conveyor System » par exemple, a de quoi redonner la foi dans la chirurgie britannique, le morceau ayant tout ce qu’il faut où il faut (mélodies, agression, chromes, leads sprinteuses…) pour figurer sur un Heartwork bis digne de ce nom. « The Granulating Dark Satanic Mills » est une chouette chute de Swansong, dynamique, enlevée et enthousiasmante. « Unfit For Human Consumption » est moins égal sur la longueur, mais son 2nd tiers, en plus d’être sacrément fameux, nous offre un putain de décollage de bombardier (à 3:08) qui n’est pas loin d’être ce que l’album a de meilleur dans le bide. Et d’enchaîner sur le morceau titre qui propose une synthèse vraiment réussie des 2 albums précédents. Le tomber de rideau se fait sur un « Mount of Execution » pas 100% parfait, mais nous laissant sur un vieil arrière-goût rot’n’roll pas dégueu’. Allez tiens René, remet-nous la même!

 

Evidemment, on aurait aimé que la sortie de Surgical Steel soit l’occasion de nous prosterner devant l’autel du dieu Carcass dans un élan d’adoration béate. D’où une certaine déception devant le manque de constance de cette hostie nouvelle. M’enfin bordel les loulous, reconnaissons que les anglais nous envoient quand même une bonne poignée de titres qui déboitent vraiment, alors plutôt que de ronchonner et de rester jouer dans votre coin avec votre pelle et votre seau underground, venez donc profiter de ces quelques cartouches bien explosives qui viendront avantageusement grossir la setlist de leurs prochains rendez-vous live.

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Non, le nouveau Carcass n’est pas nul. Non, le nouveau Carcass n’est pas excellent. Cette tambouille 80% Heartwork, 18% Swansong, 2% Necroticism recèle autant de vraies petites bombinettes que de preuves de l’empâtement d’une muse ne travaillant plus qu’à temps partiel.  

photo de Cglaume
le 15/10/2013

6 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 15/10/2013 à 09:36:12

J'sais pas, j'le trouve trop gentil, trop propre sur lui...

Cobra Commander

Cobra Commander le 15/10/2013 à 09:42:45

Album lamentable dénué de la moindre trace de feeling, de groove ou d'envie. Ils entrent en studio comme ils montent sur scène: en faisant la gueule et en torchant une musique préfabriquée et totalement fadasse. Le vide absolu pour une reformation inutile. Certes le son est très propre, très lisse, très doux, intégralement castré. Les solos sont jolis et bien niaiseux... Ce groupe est mort et sa carcasse se fait picorer par les fans d'Arch enemy ou Black Dalida Murder... En clair, cet album est une abjection...
Mais "ils nous l'avaient bien dit: le Rock Commercial, c'est vraiment à chier."

cglaume

cglaume le 15/10/2013 à 09:47:28

D'ailleurs c'était pas facile-facile de placer une référence à Krisiun dans cette chro :)

Cobra Commander

Cobra Commander le 15/10/2013 à 09:54:34

On ne compare pas Glenfiddich et Sirop Sport...

vkng jzz

vkng jzz le 15/10/2013 à 15:19:43

parfaitement résumé Cobra !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/10/2013 à 19:35:11

Mi prune mi camembert

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