Celebrity Sex Scandal - Convergence of Infinite Sequences
Chronique CD album (41:23)
- Style
Smart & twisted Nawak Metal - Label(s)
Razor To Wrist - Date de sortie
17 février 2023
écouter "Captive"
Au vu de la place que les mésaventures chemsexo-pédophiles du Piètre Palmade occupent dans la presse francophone, il aurait été de mauvais ton d’ignorer la dernière sortie de Celebrity Sex Scandal. D’autant que les nouveaux bourgeons qui apparaissent ci et là sur le tronc du vigoureux label Razor To Wrist donnent rarement naissance à des branches vermoulues ou à des fruits insipides. Et que The Fundamental, l’album précédent, s’était avéré suffisamment canon pour accrocher une place dans le Top 10 2021 du mariole qui vous cause. Mais avant de nous lancer plus avant dans la critique joyeuse, rappelons deux points fondamentaux :
1) le groupe américain dont il est ici question a beaucoup à voir avec Dog Fashion Disco. Ce n’est pas un hasard s’ils sont sur le même label : le leader et guitariste des Scandaleux n’est autre que Greg Combs, qui gratta la tête du fameux toutou en même temps que sa 6-cordes jusqu’à Committed to a Bright Future.
2) musicalement, les deux combos pratiquent des versions jumelles d'un même « smart & twisted Nawak Metal », paillettes cuivrées et rictus mauvais colorant leurs discographies respectives de clairs-obscurs aux airs de parenté marqués. Mais là où l’équation métallique déjà relativement corsée de Todd Smith et Jasan Stepp reste relativement accessible grâce à de pures accroches contrastant avantageusement avec les recoins les plus sombres de leurs compos, chez Celebrity Sex Scandal on fait dans le chaotique, dans le non déterministe. Et vas-y que je te colle du sinus, de la racine cubique et du logarithme népérien dans la formule, histoire que le biniou devienne irrésoluble. Sauf qu'à l'époque de The Fundamental, le groupe avait réussi à nous rendre une grosse partie du problème limpide en optant lui aussi pour une approche tendant asymptotiquement vers la tubosité sexy…
Eh bien sur le premier point, rien n’a changé : prenez n’importe quel morceau de Convergence of Infinite Sequences – allez, « The Profit » par exemple – et ces cuivres mutins, ces accès rageurs, ce côté tongue-in-cheek vous donneront l’impression d’écouter des inédits du Toutou Dansant. Par contre, en ce qui concerne le deuxième point, la dernière sortie du Tabloïdophile effectue comme un pas en arrière, ses 10 titres s’avérant à nouveau moins faciles d’accès. Rassurez-vous, rien qui s’apparente à un crossover Mathcore dissonant / Musique concrète, hein. Mais il n’est pas rare que, malgré un premier abord accueillant et une attitude amicale, les compos nouvelles errent, divaguent, aillent de-ci et de-là sans décider clairement d'une direction précise, laissant l’auditeur un peu décontenancé, un peu perdu, ne sachant si c’est lui qui est trop bouché pour comprendre ce qui se passe, ou si c’est le groupe qui échoue à faire monter les blancs Nawak en neige.
« The Profit », justement, est un bon exemple de morceau qui fait douter. Car ce passage Ska, ce chant enjoué, cette activité trépidante sentent la nouba et les copains. Pour autant, le groupe nous bringuebale de gauche à droite, renverse le contenu de notre verre sans s’excuser, et ne nous permet jamais tout à fait de jouir pleinement de la fête, trop occupé qu’il est à se contorsionner comme une vicieuse anguille. « Kill Me » emprunte quant à lui le visage vénère/core louvoyant de Dog Fashion Disco pour, dans un premier temps, nous mettre en confiance, avant de mieux nous perdre dans ses dédales sinueux. Et je ne vous parle pas de « Unmitigated Worship » et ses semi-indécisions pourtant pétillantes, qui dépensent beaucoup d’énergie sans jamais aller bien loin…
Je vous rassure (... du moins j'essaie) : les amateurs de gueule de bois joyeuse et de masochisme mondain adoreront.
Heureusement pour les chochottes de mon espèce, le groupe sait quitter l’attitude du bad cop pour redevenir le gentil flic qui met en confiance. C’est d’ailleurs ainsi qu’il nous accueille sur un « Stone Cold Badassery » dont on adore autant le titre que l’abord « Broadway Nawak Metal » plein de faste clinquant et d’énergie. « Jukebox Blues » récupère les auditeurs dont la boussole défaillante a perdu le nord grâce à 3 minutes et demie aussi chaleureusement rétro que pleines d’un swing de vieux crooner roublard. Du côté de « Sblood », ça a beau jouer l’état second et les entre-deux flous, il devient assez vite évident que le ton se veut bienveillant, caressant même… Tandis que « Caffeind » rappelle qu’il est possible d’être à la fois bourru comme un grizzli, sautillant comme un Bugs Bunny, et coolos comme un barman qui paie sa tournée. Mais celui qui remporte définitivement notre adhésion, c’est « Captive », morceau qu’on pourrait initialement croire parti sur la mauvaise voie – celle du blues enfumé de 4 heures du mat’ –, mais qui s’avère vite avoir la séduction du playboy de tracklist, son refrain de compétition étant d’autant mieux mis en valeur qu’il ponctue des épisodes effectivement moelleux – nocturne tout d’abord, puis électro-planant, avant de finir désincarné au fond d’on ne sait quelle vieille carcasse de robot désarticulé. Le pur coup de cœur de deuxième mi-temps qui rattrape toutes les errances précédentes !
Alors c’est sûr, Convergence of Infinite Sequences tient un peu de la publicité mensongère en cela qu’il converge moins efficacement qu’il le prétend (... et que The Fundamental avant lui) vers le bonheur auriculaire de son auditorat le moins élitiste. C’est que Celebrity Sex Scandal aime avancer en crabe, hésiter, ne pas faire de choix clair, voire coïtus-interrupter. Mais il a désormais appris que pour ouvrir plus grand les portes – et en premier lieu celle de notre petit cœur palpitant – il faut savoir bricoler de chaleureuses accroches, ainsi que l’ont démontré les grands-frères de Dog Fashion Disco. C’est donc ce à quoi il se résigne. Et on l’en remercie, car cela permet à son quatrième album de nous livrer quelques [rares, mais savoureux] ajouts de choix à notre playlist « Le Nawak en tenue de dimanche ».
La chronique, version courte: la comparaison des notes respectives l’annonce assez clairement, et je vous le confirme : The Fundamental est plus sexy que ce Convergence of Infinite Sequences nouveau. Pas parce que ce dernier est pauvre ou mal rasé, mais parce qu’il a décidé de redevenir moins immédiat, moins accueillant. Sauf qu’en grattant un peu, en insistant – chose d’autant plus facile qu’on apprécie cet univers musical très Dog Fashion Disco-friendly – on y découvre de bien belles choses, dont un « Captive » assez imparable.
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