Constante - Esquive les Ruines

Chronique Maxi-cd / EP (25:37)

chronique Constante - Esquive les Ruines

Décidément, la collection screamo hexagonal printemps 2022 est chromatiquement marquée par le rose vaguement pastel. Déjà en vogue sur la pochette de II de Yarostan, c'est au tour des Rennais de Constante de nous faire voguer en ces roses contrées avec leur EP Esquive les ruines (et vous pouvez retrouver le travail de l'artiste qui l'a réalisée ici).

Même si, ne nous y trompons pas, c'est plutôt du côté de l'autre couleur prédominante (le gris/noir) que penchent la musique et les paroles des Bretons.

 

Quatre morceaux ici, et tous dépassent les cinq minutes, un seul n'atteignant pas la barre des six. On trouve donc pas mal de mouvements au sein des pistes, la musique n'est jamais figée dans la répétition : Constante naviguent entre différentes idées et sections, avec des transitions généralement plutôt fluides et bien faites même si elles peuvent sembler un poil instables ici et là. Mais de mon point de vue, même cette instabilité a son charme, parce qu'elle vient à mon sens plutôt se poser du côté de la sincérité dans la musique que de celui des idées différentes simplement collées un peu à l'arrache. Une bonne chose donc.

 

Le groupe évolue dans un registre screamo, disions-nous, et plutôt pas trop violent rajouterais-je : on penche plutôt du côté emo que du côté hardcore/emoviolence. Et pourtant Constante ne sont pas en reste pour proposer quelques accélérations bien senties, ainsi que des voix hurlées que je trouve très réussies.

Pour rester sur le chant, si je trouve que les voix hurlées sont très bonnes, je trouve qu'elles sont par contre largement supérieures aux voix claires qui parsèment le disque (sur « Mes partenaires » ou « A double Tranchant » notamment, bien que le fait qu'elles soient doublées sur ce dernier les rendent plus intéressantes). Les passages en « chant parlé » ou clair me semblent un peu... anecdotiques, je n'ai pas vraiment d'autre terme à proposer, et n'apportent pas vraiment de matière au propos (selon ma perception des choses) du point de vue des émotions transmises, là où chez Amanda Woodward par exemple, ou d'autres, ce genre de passages étaient de véritables pierres angulaires des morceaux.

 

Cette chronique commence de façon un peu critique (même si je répète que j'aime beaucoup ces voix hurlées), mais Esquive les ruines présente de vraies originalités qui font se démarquer Constante des autres groupes stylistiquement et géographiquement proches, et qui fait qu'on peut les reconnaître assez rapidement à l'écoute.

 

Quelque chose qui semble presque un peu retro dans le son, quelque chose d'assez frais, de punk rock avec un petit côté cold déjà : la première minute du morceau d'ouverture « Mes Partenaires » me fait par exemple penser à un dérivé de The Cure (avec un son lourd et plus moderne), dans la basse et dans la rythmique, dans la mélodie et dans les effets.

Et les effets, ici, sont bien présents et plutôt bien gérés. A tel point que le second morceau, « A Double Tranchant », avec sa basse bien mise en avant et ses excellentes deux premières minutes instrumentales, m'a complètement fait penser à rien de moins que Glassing et leur excellent Spotted Horse dans la sonorité.

 

Mais c'est peut-être le dernier morceau, « Peau de chagrin », qui me plait le plus. C'est la deuxième fois cette année qu'un morceau de ce titre remporte la palme, après l'homonyme du dernier EP avant séparation de Quietus. C'est aussi ici le plus long, celui où il y a le moins de lignes de chant, et où ce dernier est essentiellement hurlé. Tirez-en les conclusions que vous voulez. On y trouve par ailleurs une chouette partie de batterie sur la section calme avec un joli tougouda à contretemps.

 

Bref, sur Esquive les Ruines, Constante proposent un agréable EP, aux paroles en français que je vous invite à aller lire, et qui me donne envie d'aller les voir en concert. Si je ne suis personnellement pas très convaincu par les voix claires présentes ici, vous l'aurez compris, le reste (voix hurlées et sections instrumentales) m'ont séduit. Je ne peux donc que recommander à celles et ceux qui ont apprécié les efforts récents de Coven, de Tenace, de Chaviré aussi (avec lesquels il y a parfois quelques similitudes vocales) d'aller y jeter une oreille, voire les deux, et surtout d'aller les voir et de les soutenir s'ils passent dans une salle pas loin de chez vous.

 

Avec Constante, on sera au moins d'accord sur un constat : « Dehors, c'est la merde ».

 

A noter que le disque sortira en vinyle avec une coproduction Tout Doux Records, Saka Čost, Seitan's Hell Bike Punks, Nuisances Records, Table Basse Records et Ribé Records.

 

A écouter quand on aime son screamo pas trop corsé et avec des ingrédients bien mélangés.

photo de Pingouins
le 24/05/2022

1 COMMENTAIRE

Freaks

Freaks le 25/05/2022 à 22:00:25

"Screamo pas trop corsé" pour ne pas dire Emo friendly, j'aime beaucoup la formule ;) Comme les autres groupes cités (Coven, Tenace, Chaviré) Constante, un jeune groupe, qui a pris le bon sillage... Spoken words pas hyper prenant c vrai..

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