Corpus Diavolis - Apocatastase

Chronique CD album (44:39)

chronique Corpus Diavolis - Apocatastase

Occultisme et Black Metal ont toujours fait bon ménage, bien au delà de la simple source d'inspiration. De nombreuses formations ont étroitement mêlé musique extrême et art sombre, l'un nourrissant l'autre de manière profonde, la première renforçant la portée du second. Corpus Diavolis fait partie de ces formations pour qui jouer du BM permet de réaliser des cérémonies orgiaques en l'honneur du corps du Diable, les plaisirs de la chair. Nouvelle recrue des très actifs Acteurs de L'Ombre, les marseillais se démarquent des dernières sorties du label par un Metal plus expérimental. Après deux albums sortis de manière indépendante, puis un chez Aeternitas Tenebrarum Musicae Fundamentum, voici Apocatastase enregistré et mixé par George Emanuel (Rotting Christ, Lucifer’s Child), qui désigne un concept stoïcien de retour à un état initial après l'accomplissement d'un cycle. Renforcé par l'arrivée de nouveaux batteur et bassiste, le duo composé de Daemonicreator et Lord Khaos livre six nouveaux rituels.

 

A ses débuts, Corpus Diavolis misait sur la rapidité d’exécution pour la mise en place de ses cérémonies démoniaques. Sur ce nouvel opus, cet aspect n’est pas mis de côté, mais le groupe a pris soin d’introduire de nouveaux éléments issus de l’avant-garde, du Doom ou de l’Ambiant. Rien ne bien neuf, mais il ne recherche assurément pas l’innovation à tout crin. Les blast beats sont encore majoritaires, cette vélocité dans l’exécution rappelle immanquablement Dark Funeral et Marduk tandis que les aspects plus ritualistes évoquent plutôt le Seth mené par St Vincent ou Cult Of Fire. Le travail sur les guitares est assez bluffant, que cela soit, assez classiquement, pour des riffs en trémolo, que sur des rythmiques plus lourdes ou encore des passages plus aériens. La batterie, quand à elle, est très nerveuse, quasi inhumaine, en particulier lorsqu’elle se lance dans de longue plages de double pédale.

 

Quelques arrangements électroniques (à la fin de « The Dissolution of Eternal Extasy in the Embrace of Satan ») viennent ponctuellement renforcer le côté mystique dont se pare le Black Metal de Corpus Diavolis. Le chant également fait partie des points remarquables d’Apocatastase. Loin des shrieks que l’on retrouve habituellement, Daemonicreator fait preuve d’une maîtrise assez bluffante et d’une grande variété. On passe allègrement de vocaux râpeux, âpres et secs, à des chœurs liturgiques, ou encore des déclamations narratives proches de mantras.

 

Je ne vous ferai pas une fois de plus le coup de la bonne surprise en matière de Black Metal ou du flair de l’équipe de LADLO, j’ai bien conscience que j’en ai plutôt abusé en 2021. Mais avec Apocatastase, Corpus Diavolis propose une œuvre assez complète et cohérente du point de vue de la musique, du concept, des ambiances et du visuel (superbe Digipack).

photo de Xuaterc
le 18/04/2022

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