Cortez - Phœbus

Chronique Vinyle 12" (50:20)

chronique Cortez - Phœbus

Comment réveiller un monstre qui dort depuis huit longues années ?

 

…Avec un long et doux larsen. Insidieux et sourd, comme un acouphène. Une basse (ou plutôt une belle guitare octavée mais vous le savez déjà qu’il n’y a pas de bassiste dans l’histoire) s’intègre naturellement, comme si de rien n’était. Trois notes. La batterie finit par débarquer, tribale, intense, tentaculaire. quatre notes. Et tout s’arrête subitement… Tout sauf la guitare qui gratte un accord aigu en boucle, prête à exploser à la moindre occasion.

 

Le monstre est réveillé, il s’apprête à se relever pour de bon.

 

Et quand « temps mort », premier et bien nommé titre de Phoebus, finit effectivement par exploser à plus de trois minutes, un inévitable frisson débarque aussi sec. Les quatre accords tonnent toujours. Le ton est épique, passionné, intense. Putain d’ouverture ! Le chant screamé qui rentre enfin à plus de quatre minutes balance une bonne dose d’émotion et d’énergie supplémentaire avant un retour des fameux quatre accords introductifs qui replongent finalement le morceau dans les abîmes dont il était issu.

 

Cortez est bien de retour et, sans pour autant oublier l’excellent split sorti il y a quelques mois aux cotés de Plebeian Grandstand, ce second véritable album était intensément attendu. Initial, leur premier et incroyable album, est donc vieux de huit ans déjà et, à ce stade d’attente, un disque ne serait-ce que moyen ne pardonne pas. Et bien qu’à cela ne tienne, Cortez va juste nous pondre un chef d’œuvre, histoire de ne pas décevoir son petit monde. On reconnaît donc très bien le trio dès les premières écoutes de ce nouvel album, même si la formule a subi quelques petits changements de line up… Ces mêmes rythmes chaotiques, cette même émotion, cette même intensité et ce même souffle épique donc. Sans tomber dans l’excès, les suisses mettent en scène leur propos, le font vivre. Il n’est pas seulement question ici de composer de bonnes chansons mais bel et bien de raconter dix histoires passionnantes. Inutile de rappeler que l’exercice est d’autant plus remarquable qu’il est bien question ici d’une paire d’instruments et d’une voix sans compter que le trio ne fait pas du post rock, loin de là. L'album s'étend pourtant sur plus de cinquantes minutes, double lp oblige : il n'en fallait surement pas moins pour de bonnes retrouvailles après une si longue absence (et non, ce n'est pas trop long, loin de là).

 

Malgré la forme assez cintrée du style pratiqué, Cortez enchaine donc les riffs mémorables, les patterns entêtants, les secousses tribales, les explosions chaotiques et les accalmies tendues. La machine n’arrête pas d’avancer et ce tourbillon d’émotions et de rebondissements finit par prendre le pas sur cette sage écoute méthodique qui est celle du chroniqueur moyen. Parfois même, on ne sait plus vraiment quelle piste défile tant les chemins que Cortez emprunte sont sinueux et riches en détours, sans compter que le groupe n’hésite pas à couper littéralement un morceau en deux ou à y insérer des cassures raides comme une trique de soldat en permission. Malgré tout, les titres restent très cohérents et une fois de plus, très réfléchis… J'aurais presque envie de dire qu’il s’y passerai trop de choses pour pouvoir emmagasiner tout en une seule prise avec mon petit cerveau ramolli. Parce que c’est très probablement là que réside le véritable génie du trio : en alliant intensité émotionnelle, richesse des compos et chaos total (quoique souvent trompeur), Cortez résout l’équation parfaite de ces esthétiques très à la mode de nos jours. Ils ne tombent jamais dans une extrême noirceur (souvent) factice, ni dans une mise en valeur abusive de la moindre bonne idée qui leur tomberait sous les doigts. Trop de groupes surfent aujourd’hui sur des compos à trois riffs sous pretexte que ces derniers sont très bons. Mais Cortez ne fait pas d'habillage, Cortez ne donne pas le change, Cortez ne gratte pas dans le sens du poil et ne fait aucun putain de compromis. Phoebus, dans ce contexte, c’est ce que l’on n'attend finalement plus depuis très longtemps, une identité remarquable dans une multitude, l’équilibre dans le chaos, la justesse dans le drame. 

photo de Swarm
le 28/01/2013

4 COMMENTAIRES

vkng jzz

vkng jzz le 28/01/2013 à 09:39:54

intense, welcome back !

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 28/01/2013 à 10:42:02

Tuerie

Ypsilanti

Ypsilanti le 29/01/2013 à 00:55:55

Throatruiner nous régale !

Tookie

Tookie le 29/01/2013 à 08:50:53

Epique !

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Planet of Zeus + guests au Petit Bain à Paris le 6 mars 2025