Cytotoxin - Biographyte

« Nom de Dieu, la branlée !! »

C’est la pensée profonde, révélatrice d'une démarche plus phénoménologique que stoïcienne, qui m’a saisi lors de la toute première écoute de Biographyte. C’est que Cytotoxin a manifestement décidé de ne pas attendre la récolte du muguet pour planter son drapeau sur le podium 2025 ! Et ça, on le comprend dès les toutes premières secondes de l’album, « Hope Terminator » organisant un lâcher de moustiques leads et de basse bourdonnante qui fondent sur l'auditeur, puis tourbillonnent follement autour de lui jusqu’à ce que, pris de vertige, celui-ci se laisse sucer jusqu’à la dernière goutte d’hémoglobine auriculaire. De là, ce gigantesque shaker métallique nous mène de séances de hachage menu-menu en floraisons magnifiques, de mosheries gargantuesques en mitraillages en règle, l’urgence de la situation ne tolérant jamais ni protestation, ni hésitation, ni pause pipi.

« Si Toto quoi ? Cytoxoplasmose ? »

Na-oon : Cytotoxin ! Des Allemands marqués à vie par la catastrophe de Tchernobyl (c’est le 5^e album qu’ils consacrent au sujet), qui bourrinent dans la dentelle depuis quinze ans déjà. Damned, comment diable ai-je pu les snober aussi longtemps ? Les albums précédents devaient être moisis, c’est sûr… (Penses-tu : je me suis passé Nuklearth depuis, le 4^e opus, sorti en 2020… Du nectar, lui aussi !)

Mais hardi petit, on ne réparera pas le passé en se tapant la tête contre les murs ! Hédonismons donc plutôt, histoire de profiter pleinement de cette juteuse sortie !

Comment vous faire comprendre mon enthousiasme dans toute son éclatante ferveur sans vous écraser sous les superlatifs ? En vous confiant que Biographyte semble vouloir faire la synthèse de ce que Beneath The Massacre (les saccades cyclopéennes), Archspire (la technique inhumaine), Exocrine (les vastes envolées & l’ambition), Benighted (les coups de bélier dans ton pont-levis) et Gorod (le putain de groove & les accroches) savent faire de mieux…

Et qu’il y réussit, ce diable d’album !

Ah ça, si Cytotoxin est fidèle à une certaine idée du Death allemand, c’est clairement plus à celle de Necrophagist qu’à l'école Debauchery ! Pendant trois quarts d’heure, l’auditeur se prend TGV et road trains en pleine poire, devient la boule d'un flipper dément que le groupe prend un malin plaisir à faire tilter à intervalles réguliers, et se fait shaker le booty et les noyaux dans une gigantesque partie d’autos-tamponneuses madmaxiennes… Le tout dans une ambiance homérique de fin du monde tout droit tirée des Guerres Secrètes de Marvel (quoiqu’en 2025, pour être compris, il vaille sans doute mieux évoquer le conflit Thanos Vs Avengers) !

Un vrai délice, qui ne requiert pas de penchants masochistes pour bien profiter de la chose, tant le groupe sait se faire fin et séduisant (… puisque je vous le dis !)

Et le mieux dans tout cela, c’est que ni fatigue (parce que ça peut finir par saouler ce genre de séance de marteau-piqueur nucléaire si c’est fait par des bidasses de seconde classe), ni ennui (parce que ça peut redonder rapidement ce genre de démonstrations tout-à-fond-les-ballons) ne viennent perturber l’écoute. Le feu d’artifice se trouve sans cesse renouvelé, le bombardement de couleurs toujours équilibré, toujours dosé de manière à ce que la bouche ne puisse s’arrêter de béer, les yeux de s’écarquiller, et les cervicales de bovinement hocher.

Un tel album s’écoute dans son intégralité : on n’y trouve nulle tiédeur, ni nul rebut – tout juste pouvez-vous zapper les deux interludes si vraiment vous ne voulez jamais faire une pause pour souffler. Néanmoins, si/quand Pidji me demande(ra) d’extraire un titre pour enjailler l’une des émissions CoreAndCo Radio qu’il anime avec ferveur, je lui proposerai sans doute « Hope Terminator » ou « Bulloverdozed », qui provoquent quelques geysers d’endorphine plus spectaculaires encore que leurs voisins (...quoique : on en parle de ce « Eventless Horizon » démentiel, qui n’accorde aucun répit ?).

Si un skeud aussi explosif, aussi intense, aussi insensément grandiose ne finit pas dans le Top 3 de 2025, c’est que cette putain d’année (… l’humanité n’a jamais foncé aussi vite en direction d’Idiocracy) sera une cuvée exceptionnelle !

La chronique, version courte : Archspire, Ophidian I, et autres chantres d’un esthétisme brutalement expert ont beau avoir violemment mis à contribution notre capacité d’émerveillement par le passé, cette dernière se retrouve à nouveau fortement sollicitée par Biographyte, cinquième album qui ravira les fans des formations citées en début de phrase grâce à une combinaison ultime du meilleur de Beneath The Massacre, Exocrine, Benighted et Gorod. Vous pensiez ne plus avoir assez d’appétit pour rester à la table du Brutal Death ultra-technique ? Cytotoxin vous fournit de quoi trou-normandifier efficacement la suite du festin !

Cglaume

le 07/04/2025