Dazy's Fasulia (הפסוליה של דייזי) - Friday Dinner (ארוחת שישי)

Chronique CD album (01:13:07)

chronique Dazy's Fasulia (הפסוליה של דייזי) - Friday Dinner (ארוחת שישי)

Improbable. C’est le premier adjectif qui vient à l’esprit quand on découvre Dazy’s Fasulia au hasard d’un clic heureux. Parce que, justement, il est assez peu probable que le destin fasse apparaître ce nom dans votre navigateur si vous ne parlez pas l’hébreu. Car c’est principalement sous le nom de הפסוליה של דייזי que la formation s’est fait connaître jusqu’à présent – Friday Dinner étant quant à lui orthographié ארוחת שישי. Improbable également parce que les groupes de Youpitralala Metal sont quand même relativement peu nombreux en Israël, le contexte géopolitique n’étant a priori pas le plus favorable au développement de cette scène aussi insouciante que délurée (… quoiqu’on vous a déjà parlé de Kruzenshtern I Parohod par le passé). Et puis improbable parce qu’il n’est pas franchement fréquent qu’un album de Fusion barrée propose pas moins de 17 morceaux – chacun illustré de son propre artwork judéo-scato-cartoonesque – pour une durée totale de 72 minutes.

 

Avouez que ça change un peu de l’image d’Epinal du groupe de forains ricains à gros nez rouge…

 

Quand on pose l’album sur la platine par contre, retour en terrain connu : cette basse slappée égrillarde, ces funkeries joyeuses, ces élucubrations vocales méchamment allumées, ce soleil insolent… Que je sois damné si ces gens-là n’ont pas la double citoyenneté israélo-nawaklandaise ! Parce qu’il faut bien parler de Nawak ici, si si, et pas de « simple » Fusion. Car si la base de Friday Dinner est indéniablement Funk Metal, cette appétissante pochette-surprise propose également du Rap Metal, du Reggae Metal, du bon vieux Rock qui grésille, quelques douceurs sucrées, du scratch, du saxo, de gros délires en roue libre, ainsi qu’un flot abondant de saveurs locales allant du chant excité en hébreu au violon Klezmer, en passant par nombre de ces sonorités qu’Orphaned Land a rendu familières même aux moins telaviviens d’entre nous.

 

Pour avoir une idée plus précise encore de ce que vous réserve ce dîner de veille de shabbat (… en imaginant que vous préfériez lire mes divagations plutôt que d’aller vérifier tout ça par vous-mêmes sur Deezer ou Bandcamp), il faut s’imaginer que le micro est pris d’assaut par (en moyenne) 2 joyeux zébulons au laïus plein de khhh et de chuintantes typiques de là-bas-dis. Côté guitare, préparez-vous à une approche particulièrement typée : d’ailleurs les fanas de textures organiques vont faire un peu la moue car Hadar s’est confectionné un son hyper saturé et assez peu naturel, aspect heureusement compensé par de réguliers effets de pédale grassement funky, ainsi que par un amour immodéré pour les espiègleries tommorellesques. Et tiens, puisqu’on vient de mettre un carton jaune au 6-cordistes, on en profitera pour en mettre un second, collégial celui-là : la durée excessive de ce 2nd album (mais si, relisez la fin du premier paragraphe) trahit en effet le manque de modération d’un groupe qui a du mal à refréner son appétit gargantuesque de musique. Et cette frénésie créative de le conduire parfois à se disperser un peu trop au sein de compos partant dans tous les sens (cela réduit par exemple l’impact d’un « רוצה ליהיות חבר שלי  / Do You Want to Be my Friend » pourtant affriolant).

 

Mais si ces quelques bougonneries justifient qu’on n’ait pas attribué plus qu’un 8/10 à cette pétillante sortie, elles n’empêchent pas le lapin jaune qui vous cause de prendre un MEGA panard à son écoute. Il faut dire que tout ça sonne comme la croustillante version barmitzvehsque d’une association O’funk’illo / Waltari / SOAD… On fait moins sexy comme menu, pas vrai ? Et l’auditeur de claquer convulsivement des doigts sous les dattiers amicaux de « תסמונת באום / Baum Syndrome ». Et l’amateur d’hymne fédérateur de s’époumoner sur le refrain de « ויטמין ג'י / Vitamin G. ». Et le fondu de funkerie mortelle de kiffer sur « חוזר בשאלה / Repeat The Question » (que les affreux jojos aux commandes ont affublé d’un refrain frisant la K-Pop… Non mais tu les crois eux). Et le mordu de distorsion sexy de savourer l’exceptionnelle première moitié de « סם פסיכדלי / Psychedelic drug ». Et le fan de Fishbone de savourer la gouaille cuivrée de « ג'אזמין / Jasmine ». Et non, cette liste n’est pas exhaustive…

 

Alors forcément, on se désole un peu que la chose ne soit pas (encore ?) disponible sur support physique. Et l’on a un peu mal au cœur en se disant que cette énergie explosive et cette bougeotte incessante doivent garantir des shows de folie auxquels on risque malheureusement de ne pas pouvoir assister avant longtemps, vu le contexte actuel. Mais on se réjouit surtout de constater une fois de plus que non, avec des albums et des groupes de cette trempe, la Fusion n’est décidément pas morte. Tiens d’ailleurs il faudrait peut-être qu’on en touche un mot à Jean-Charles Desgroux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: les beach partys nocturnes de Tel Aviv, la basse rondelette des vieux O’funk’illo, une disto’ tellement funky que ça en deviendrait indécent, des pétages de boulard typiquement Nawak… Vous trouverez tout ça en quantités affolantes sur ארוחת שישי / Friday Dinner. Plus du saxo, de grosses louches de folklore local, une guitare aventureuse passée par l’école RATM, ainsi que l’appétit gourmand d’une jeunesse prête à conquérir le monde. Qu’il est bon de ne plus avoir besoin d’une machine à remonter dans le temps pour profiter du meilleur de la Fusion !

photo de Cglaume
le 25/08/2021

2 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 29/08/2021 à 11:20:57

Bonne pioche.

cglaume

cglaume le 29/08/2021 à 19:42:44

<3

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