Dead Sun - Soul Diseased
Chronique CD album (36:15)
- Style
OSDM atmosphérique / Edge of Sanity worship - Label(s)
Xtreem Music - Date de sortie
02 février 2023 - écouter via bandcamp
Ça y est, le point de non-retour a été franchi. Tout comme il n’est plus possible de penser « Macron » sans penser « 49.3 », ou « Hanouna » sans penser « grosse bouse », on ne peut plus penser « OSDM » sans penser « Rogga Johansson ». Il fallait bien que ça arrive : il est partout, tout le temps, et avec tout le monde, tout comme Michelle Yeoh, mais sans passer par des dimensions parallèles, lui. Rien qu’en 2022, Metal Archives recense 7 albums et 3 EPs sortis par le Monsieur (au sein de Battle Axis, Echelon, Furnace, Gauntlet Rule, Heir Corpse One, Massacre, Paganizer, ainsi que sous son nom propre), plus 3 participations en tant que guests (chez Amaurot, Speckmann Project et Weaponry)… C’est pas pantagruélique ça ? Et encore, la page qui lui est consacrée sur le fameux site encyclopédique est incomplète puisque, à l’heure où je tapote ces mots, elle ne compte pas Soul Deceased parmi les albums sortis en 2023 par le bonhomme…
Dead Sun, donc. J’avoue modestement que ce nom n’était pas plus familier que cela à mes oreilles. Pourtant, avec 8 albums et un EP, il s’agit du 4e projet le plus prolifique de Rogga The Omnipresent, à égalité avec Revolting, juste derrière Those Who Bring the Torture (8 missiles intercontinentaux augmentés de 2 EP de moyenne portée), Ribspreader (9 pavés et 2 EP), et enfin Paganizer, tout là-haut, perché sur sa brouette de 12 full length et 8 EP.
De quoi laisser rêveur les peine-à-composer…
Dead Sun, disais-je. Dont le pitch est simple : « J’aime Edge of Sanity – Purgatory Afterglow, surtout – et je compose les albums que ce compatriote d’âge mûr n’a pu / voulu écrire ». À cet instant précis, ceux qui ont suivi les derniers épisodes de La Case del Rogga s’insurgent (... attention à ne pas s’étouffer avec un bretzel, Messieurs-dames) : « Comment donc ? Mais le lascar nous a déjà fait le coup dans le cadre de Demiurg. Et de Eye of Purgatory, aussi, d’ailleurs ! N’y aurait-il pas bégaiement créatif caractérisé ? »
Oui. Mais.
... Mais dans ces deux autres groupes le Roggy est contraint 1) par Dan Swanö (Edge of Sanity, justement) et Ed Warby (Gorefest) pour le premier, 2) et par le duo Jeramie Kling / Taylor Nordberg (Inhuman Condition) pour le second. Or le Roggynounet, même quand ses copains ne sont pas dispos, ça le démange tout plein de tresser de la barbe-à-papa avec sa 6-cordes ! Et il ne voit pas pourquoi il devrait attendre. D’autant que Dead Sun a une autre différence fondamentale avec ses deux combos swanöphones jumeaux : il s’ouvre plus largement sur l’univers du « Death Atmosphérique ». Mais si, vous savez : cette appellation ancienne, qui servait à étiqueter les premiers albums de Septic Flesh (en 2 mots), ceux des fromages-qui-puent Apocryphal et Catacomb, ainsi que quelques albums isolés comme le Tales From The 1000 Lakes d’Amorphis. Ce Death mélo d’antan taquinant le Doom et drapé dans des nappes de clavier évoquant aussi bien des criques hivernales peuplées de sirènes succubesques, que des temples troglodytes à demi effondrés, jadis voués à la gloire de dieux oubliés.
Ça vous revient ?
Eh bien c'est pile-poil le propos de Sould Diseased. Car l'album semble constitué de brillantes chutes de Purgatory Afterglow pleines de riffs duveteux, de rythmiques molletonnées et de growls de gros nounours, celles-ci – les chutes – étant décorées par un clavier vintage présent sans être étouffant, et enrobées d’un prod’ d’époque, délicatement voilée, et aussi moelleuse que votre oreiller préféré. Mais comme il s’agit quand même de Death Metal, de fréquentes décharges nous sont envoyées dans le coccyx via quelques accélérations gaillardes chevauchant au rythme de D-beats vifs mais aussi peu hostiles qu’un punk à bichon.
Allez, on vous donne un petit aperçu « en mode bande-annonce » de ce qui se passe pendant ces 10 titres, histoire de vous spoiler un peu le contenu du film. En commençant par les premières minutes de « Sjuk Själ », dont la mélodie amicale et la rythmique tranquille donnent envie de fredonner les paroles de « Black Tears » (… sauf qu’en fait de chant clair, ici ça growle). Cette introduction ouvre agréablement l’appétit, évitant avec à propos que les zappeurs pratiquent leur activité préférée. Pas de secousses violentes ni de changement d’ambiance sur la suite… Jusqu’à ce qu’arrive la pièce de choix, « Carved to the Bone ». Si la compo ressort tout particulièrement, c’est que non seulement elle offre le refrain qui colle le plus aux synapses (« To the boooones… »), mais qu’en grattant un peu on lui trouve des airs de ressemblance subliminaux avec le « Future World » d’Helloween. Si si : non seulement son intro scintillante au synthé semble revisiter les trépidations impatientes des guitares de Mrs Kai Hansen et Michael Weikath, mais les twins flamboyantes qui prennent la suite dès 0:31 semblent clairement marquées du sceau de la citrouille… Tantôt sur la brèche (« The Shape from Out the Shadows »), tantôt mélancolique (« Mausoleum Melodies »), souvent collées aux basques d’Edge of Sanity, les 36 minutes que dure Soul Diseased coulent avec la douce chaleur d’un rhum arrangé au fond d’une gorge irritée. Autant vous dire qu'on est plus que tenté de s'en resservir une rasade quand la dernière piste s'achève...
Rabâcher sans lasser, comme au sein d’un vieux couple qui a longtemps roulé sa bosse sans jamais la briser : c’est ce que Rogga réussit une fois de plus avec Soul Diseased. Décidemment, non seulement l’adage qui dit que c’est dans les vieilles marmites mélo qu’on fait le meilleur Death old school n’est cette fois encore pas pris en défaut, mais on se dit même qu’il mériterait d’être augmenté d’un « … et c’est encore plus vrai quand c’est Rogga qui touille la popotte » !
La chronique, version courte : Soul Diseased est un nouvel hommage de Rogga Johansson au Edge of Sanity de Purgatory Afterglow, rendu à travers le prisme de ce Death atmo’ que les moins de 30 ans ne peuvent-pas-connaîîî-treuh. C’est chaud comme le plaid du fauteuil devant la cheminée, sucré comme le miel dans l’infusion, réconfortant comme un bisou sur un bobo, et délicieux comme la mousse au chocolat de Grand Mamie (… mais couillu, hein, quand même : c’est du Death nom de nom !)
7 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 27/04/2023 à 07:58:25
Pour illustrer le groupe, tu as trouvé une photo d'il y a 20 ans ? :)
Crom-Cruach le 27/04/2023 à 08:07:17
D'ailleurs son énième projet ASTROPHYTE est très intéressant (alors que je passerai sur le double album de FURNACE).
Pingouins le 27/04/2023 à 09:15:24
Bon, depuis le temps que je vous lis parler de Rogga et que j'ai l'impression qu'il fait presque partie de la team, à force, j'ai tenté d'écouter tout ça.... et ben c'est vraiment pas du tout pour moi, un peu trop mignon propre sur lui (en tout cas pour cet album), je trouve la batterie assez peu intéressante, mais je ne suis plus vraiment adepte de melodeath, donc...
cglaume le 27/04/2023 à 11:04:58
@Pingu: s’pas du melodeath, vil ! C’est Edge of Sanity qu’est célébré là, pô Dark Tranquillity 😝
@Cromy: si t’as une photo officielle de ce projet plus récente, je prends !
Crom-Cruach le 27/04/2023 à 14:12:49
@ Lapin : Ben tu mets la tête de Rogga....
@Pingouins : écoute PAGANIZER, les derniers MASSACRE, STYGIAN DARK ou encore le total brutal dernier TO DESCENT: c'est moins kikoolol.
cglaume le 27/04/2023 à 14:32:19
Regarde donc: https://www.metal-archives.com/bands/Dead_Sun/3540373434
Pingouins le 27/04/2023 à 15:59:35
Merci Crom, je m'en vais suivre ce conseil d'ici peu !
Lapin : c'est du melokikoodeath épicetout :p
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