Destrage - SO MUCH. too much.
Chronique CD album (42:39)
- Style
Modern Zebulon Metal - Label(s)
3DOT Recordings - Date de sortie
16 septembre 2022
écouter "Italian Boi"
Au jeu des pronostics, la cotte de Destrage commençait à amorcer un début de déclin. C’est que leur dernier album avait assez mal géré le déséquilibre bipolaire de son approche – les 5 premiers morceaux étant bien plus excellents qu’une 2e moitié d’album glissant dans une épaisse gelée ado-bisou-gouzi. Conséquence ou non de ce loupé, nos Italiens se sont faits lâcher par Metal Blade pour se retrouver sur un label au spectre bien moins large, 3DOT Recordings, émanation du line-up actuel de Periphery. Ce n’est certes pas ce qui s’appelle « retomber dans l’anonymat » (d'autant que Century Media continue de les soutenir en Europe), mais ça éloigne un peu la possibilité de squatter une grosse Main Stage, ce genre d'écrin scénique étant en général environné de plus de pseudo-vikings bedonnants que de fans de The Big Bang Theory.
Eh bien les bookmakers vont avoir l’occasion d’arroser généreusement ceux qui y croyaient encore. Parce que ce frétillant SO MUCH. Too much est joyeusement intriguant en première approche, franchement passionnant après quelques écoutes, et carrément convainquant sur la durée. La formule n’a pourtant pas fondamentalement changé : leur Metal moderne tape toujours dans un registre technique flirtant avec les scènes Mathcore et Djent, fait parfois un détour du côté du Thrash/Death, tortillonne ses structures comme un stratège du Prog, mais prend bien soin d’ôter les échardes de nos oreilles avec de belles accroches Pop/Rock avant de les désinfecter via tout plein d’espiègleries extravagantes susceptibles de brosser les nawakophiles dans le sens du poil jaune. Imaginez que IWABO (ou si vous préférez un Dillinger à paillettes) brainstorme avec Psykup, Devin Townsend (qui grattouille d’ailleurs sa guitare sur « Private Party ») et les Melted Bodies, et vous comprendrez pourquoi la pochette est si violemment grenadine, pourquoi le titre promet des excès aussi séduisants, et pourquoi le clip de « Italian boi » semble avoir été réalisé par le dealer de Jean-Paul Gaultier.
Si l’on retourne faire le tour des reproches adressés à The Chosen One, on constate que la barre a aujourd’hui été aussi brillamment redressée que dans un film de Rocco. Ainsi l’énergie et les tubes ont cette fois été homogènement répartis sur l’ensemble de la tracklist – le fait qu’il y ait peu de morceaux faibles ou lents aidant pour le coup pas mal. Alors non, le groupe n’a pas complètement renoncé à sucer son pouce sous son plaid devant un film à l’eau de rose, ainsi qu'en témoignent l’interlude « Sometimes I Forget What I Was About To » et un « Is It Still Today » à fleur de peau. Et puis il n’a pas non plus abandonné son amour pour les ambiances à la Sauvé Par le Gong – cf. « An Imposter » et son gros côté High School Punk Rock. Sauf qu’il ne s’agit plus que de passades qui n’ont rien d’envahissantes. Ce que l’on retient avant tout de ce 6e album ce sont surtout des putains de titres. Une entrée en matière à la fois puissante et noisy, dotée d’un refrain tout en profondeur. Un « Italian Boi » complètement décalé mais aussi chaleureux qu’une embrassade townsendienne. Un « Private Party » qui pétille, trublionne, et balance un refrain semblant sorti d’un disque d’Ugly Kid Joe. Un « Vasoline » renvoyant cette fois encore à Devin, quoique dans un univers plus frétillant et compact. Ou encore un « Unisex Unibrow » tirant un trait d’union entre des bulles Lounge nuageuses et du Vénèrecore qui nous claque l’élastique dans les parties – la deuxième mi-temps de ce cocktail chaud-froid ouvrant par ailleurs brièvement une fenêtre sur des terres désolées semblant habitées par She Said Destroy (à 1:43).
Alors évidemment, au vu des canons esthétiques brandis par le groupe, de cette joyeuse hystérie qui l’empêche de tenir longtemps en place, et des quelques plaques d'acné Teen & Spleen qui traînent encore ci et là sur cette nouvelle cuvée, certains resteront bloqués sur l’aspect « too much » évoqué par le titre. Pour notre part on trouve que l’équilibre aujourd’hui trouvé par les Italiens est assez idéal. Et on réalise avec d’autant plus de honte que l’on n’a jamais eu l’occasion de voir ces zigotos mettre le feu aux planches. Dis Madame 2023, tu voudrais bien nous aider à remédier à cette vilaine impasse ?
La chronique, version courte: ça n’était pas forcément gagné d’avance, pourtant le 6e album des rageux italiens est pas loin d’être l’un de leurs tout meilleurs. Sorte de jumelage IWABO / Psykup au sein duquel sont expertement dosées épilepsie Math-djentcore, zébulonneries vitaminées et grosses accroches poppy, SO MUCH. Too much nous en donne effectivement beaucoup, mais – pour peu qu’on sache encaisser les compos pleines de grands écarts et de back flips frénétiques – sans que ça déborde de partout ni ne donne la nausée.
8 COMMENTAIRES
Eric33 le 14/12/2022 à 17:31:04
Toujours pas au niveau de means to no end mais bien au dessus de chosen one pour ma part.
Sinon pour rappel " vasoline" est une reprise de stone temple pilots !
cglaume le 14/12/2022 à 17:52:03
Ah putain je n’en avais aucune idée pour Vasoline, merci de l’info (… ne maitrisant pas franchement la disco de STP et la fiche promo n’en disant rien, j’ai fait Plouf! 😂😅)
papy_cyril le 21/12/2022 à 17:19:06
Tournicoti-tournicoton (voilà c'était gratuit mais on invoque pas, Zébulon gratuitement auprès d'un quinca!)
cglaume le 21/12/2022 à 17:25:54
Un tour de manège Papy ? 😁
papy_cyril le 21/12/2022 à 20:32:31
1 -2 -3 ! en plus ça peut faire revenir Margotte !
pidji le 27/12/2022 à 23:35:20
Bon bah c'est quand même une sacrée sortie de 2022 ça.
cglaume le 28/12/2022 à 07:25:04
N’est-ce pas ?
noideaforid le 30/12/2022 à 15:14:55
Ce groupe qui fusionne parfaitement la bonne bière ne donnant pas un mal de crâne le lendemain et le trempage d'un chamallow dans un chocolat chaud tout en caressant son chat.
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