Devin Townsend - Accelerated Evolution

Chronique CD album (54:30)

chronique Devin Townsend - Accelerated Evolution

Ne jamais bouder un album de Devin Townsend. Je vais graver ça au marqueur dans le marbre de ma porte de réfrigérateur. Parce que ça fait déjà 2 fois que je me fais avoir. La première fois lors de la sortie de Terria, que j’avais superbement ignoré du fait de chroniques vantant le calme, la sérénité, la puissance tranquille de l’objet. "Du scrabble metal? Non merci!" Tu parles… Découvert avec 7 ans de retard, cet album s’est révélé l’un des plus monumental de la discographie du canadien. Alors forcément, après coup, quand j’ai réalisé que j’avais également zappé Accelerated Evolution – à l’époque jugé comme une pièce moins forte, plus légère, plus pop – je me suis dit qu’il y avait sans doute une autre erreur à rattraper, d’autant que l’excellent Addicted a lui aussi été décrit par beaucoup comme « plus léger » et « plus pop ». Dont acte: achat, écoutes… Joie.

 

Bon, c’est vrai: le feu sacré brûle sans doute moins fort sur cet album que sur d’autres chapitres de la saga Townsendienne, mais bordel, il contient quand même des monstres de morceaux que nul amateur du maestro n'a le droit d'ignorer. Et contrairement à certains des albums plus intimistes récemment sortis par le monsieur, sur Accelerated Evolution on a droit à l'habituelle pluie de paillettes et au Grand Cirque Céleste tout en chromes, démesure, grâce et multiples couches empilées jusqu’à des hauteurs Olympiennes. D’accord, sur le papier la description des grands traits caractérisant ce 5e (6e si l’on compte l’album de Punky Brüster) album n’a pas l’attrait de l’opulente croupe d’un Infinity, ni les attributs généreux d’un Terria. Accelerated Evolution fait moins dans la folie transcendantale, dans la communion fusionnelle avec Gaïa ou dans le feu d’artifice intersidéral. Accelerated Evolution - qu'on se le dise! - c’est des tempos plus calmes au service de l'expression d'une sérénité tranquille légèrement teintée de mélancolie, voire d’inquiétude… Oui, mais parée de l'habit de lumière et de la pompe merveilleuse caractéristiques de notre savant fou préféré!

 

Une fois la bête lancée, si l’on est accueilli par la grosse armada d’un « Depth Charge » impressionnant, on reste néanmoins un peu sur nos gardes devant une entrée en matière mettant un peu trop en avant la forme au détriment du fond. Puis vient le duo « Storm » / « Random Analysis » qui annihile toute tentative de camper sur des positions défensives. On y retrouve en effet toute la puissance bienveillante, l’altitude et les envolées poignantes typiques du maestro, sans parler du formidable effet de contraste entre un « rock » plutôt direct et une incroyable promenade à dos de nuage (attention, décollage à 3:04) offert par le 2nd de ces deux titres. La suite s’avère plus « émo-bluesy » (« Deadhead »), voire sombre (« Suicide »), mais heureusement, Devin sait toujours déployer ses ailes au moment idéal pour donner envergure et panache à ses tourments intérieurs. Et puis l’enthousiasme serein rejaillit dès « Traveller », un enthousiasme un peu aveugle d’ailleurs, dans la mesure où, sur « Away », il conduit le père Townsend à diluer les excellentes lignes de gratte spatiales démarrant le morceau en un exercice instrumental durant quasiment 8 minutes… Mais tout cela se termine par une happy end à l'américaine avec double ration d'au-revoir, sur l’enchaînement ininterrompu de 2 titres qui se complètent à merveille. « Sunday Afternoon » commence en enfilant le gros pull d’un dimanche paresseux et nous colle le nez à la fenêtre, les yeux à l’horizon et le vague à l’âme, avant que « Slow Me Down » illumine le fond de notre tunnel d’une lumière éblouissante et nous bombarde de son pop rock metal larger than life. Bonheur, plénitude, petit nuage et sourire niais...

 

OK, si on le découvre direct' après la claque Ocean Machine, la folie Infinity, la violence Physicist ou le jardin d’Eden Terria, Accelerated Evolution peut décevoir et sembler un peu tiède. Sauf que dans l’absolu, c’est un très (très) bon album. D'ailleurs je vais arrêter de ce pas ces impasses ridicules et reconsidérer très sérieusement mon intention initiale de bouder Ghost 2...

 

 

 

 

La chronique, version courte: certes Accelerated Evolution est loin de trôner tout en haut du Top 5 des plus grosses tueries Townsendiennes, notamment du fait d’une personnalité plus posée, plus mélancolique, voire plus pop. N’empêche, ça reste du matos de 1er choix.

photo de Cglaume
le 25/03/2012

2 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 26/03/2012 à 13:26:56

Tu me donnes envie de retenter ma chance avec certains disques du pépère Townsend. Dont celui-là, que je ne possède pas. Du coup, j'ai réécouté Terria. Pendant longtemps je n'ai pas pu dépasser "Canada", trop de ballades FMisantes... Mais c'est quand-même très joli, finalement... Un peu trop peut-être.

cglaume

cglaume le 26/03/2012 à 13:34:45

Ca, il ne faut pas s'écouter du Townsend si l'on est d'humeur cynique, ou massacrante. La musique Devinienne, c'est plutôt la sublimation des émotions positives par le metal. La sublimation de la folie furieuse aussi, pour certains albums, mais pas la folie d'un serial killer...

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