Diablo Swing Orchestra - Pacifisticuffs
Chronique CD album (44:20)
- Style
Orchestral nawal metal - Label(s)
Candlelight Records - Sortie
2017
écouter "Superhero Jagganath"
Vous imaginez, vous, Metallica sans James Hetfield, Motörhead sans Lemmy, ou AC/DC sans Brian Johson (… et pourquoi pas avec Axl Rose ou Bon Scott pendant qu'on y est)? Eh bien imaginer Diablo Swing Orchestra sans Annlouice, sa cantatrice barrée, c’était un peu du même tonneau. Même si Nightwish a réussi à faire sans Tarja (... parait-il). D’autant que Kristin Evegård, la califette à la place de la Callas, n’est pas, semble-t-il, dotée des attributs qui permettent de hululer comme une Montserrat Caballé à la nuit tombée.
Mouais.
En même temps « Jigsaw Hustle », qui était sorti fin 2014 pour nous rassurer, l’était plutôt, rassurant. On pouvait y retrouver la folie multifacettes du groupe dans les rondelettes proportions attendues par nos oreilles. Ça s’annonçait encourageant. Séduisant même. M’enfin bon: sur l’espace d’un titre, beaucoup arrivent à faire bonne figure. Alors la peau de l’ours, hein, elle n’allait pas forcément partir bien vite aux enchères…
Et bam: Pacifisticuffs. « Pacifuck », pour les intimes. Parce que c’est quand même plus facile à dire que tous ces « cifisti » qu’on dirait une formule magique à la Mary Poppins. Déferlantes enjouées, emphase rigolarde, Baloo à la basse et Dingo à la trompette: cette fois encore la pochette-surprise s’avère aussi généreuse en gourmandises qui pétillent que le présentoir à bonbecs de la boulangerie de mes Hariborgies enfantines. Opera metal? Cabaret metal? Fanfare metal? Nawak metal? Tim Burton metal? Pas besoin de choisir: les Suédois nous offrent un bouquet tutti frutti à prix d’ami, avec en prime un cours de danse – parce que la chose ne peut simplement s’écouter assis sur son tabouret en faisant poumpoum avec le pied. Et puis diantre: c’est que le charme opère vigoureusement! Car non seulement on finit par ne plus ressentir le vide laissé par Annlouice, mais on en arrive presque à se dire que la gouaille Gwenstefanique de Kristin passe plus aisément que les roucoulades hyperboliques de son aînée.
Bon alors certes, lors des premières écoutes certains (comme ma pomme) vont peut-être néanmoins se dire: « Tiens, j’ai déjà entendu ça quelque-part… ». Par exemple, quand à 0:40 sur « Superhero Jagganath » vous attendez qu’arrive enfin le chant, il n'est pas impossible que votre oreille réclame l'arrivée d’Annlouice déclamant le « Set them free, cut the leash… » qui entame « Lucy Fears The Morning Star ». Parce qu'elle (votre oreille, pas Annlouice) aura l'impression de reconnaître les lieux, la petite. En même temps, quand on a pour particularité principale le fait de faire cohabiter des cuivres, des cordes et du gros metal joufflu, difficile de ne pas glisser parfois dans l’impression de déjà-vu. Sauf que l’excellence et la personnalité des morceaux nouveaux permettent de passer outre cette première impression pour rapidement profiter pleinement de ces shoots d’air musical frais.
D’autant qu’elles sont nombreuses les raisons de s’enthousiasmer. De la débauche de moyens « Superhero Jagganath » au vivifiant « Knucklehugs », du swing’n’jazzy « Karma Bonfire » au Sympho funky disco metal de « Jigsaw Hustle », de la fanfare badaboumesque « The Age Of Vulture Culture » au ciné-cabaret « Lady Clandestine… », on passe d’une scène d’anthologie à un nouvel hymne remue-palpitant à un rythme soutenu. Alors évidemment, l’expert envoyé sur place par Ronchon & Frères ne pourra s’empêcher de remarquer que, ce « Ode To The Innocent » 100% non métallique plein de trémolos précieux, s’il permet certes de constater une fois de plus le talent de Kristin, on aurait quand même pu se contenter de l’écouter sur un EP Unplugged & Unmetallized. Gaston Bougon notera encore que c’est un peu dommage que le dernier vrai morceau, « Climbing The Eyewall », soit aussi lourdement chargé en pathos pas top et en triste fatalisme. Et puis pourquoi ces 4 instrumentaux, dont l’un terminant l’album sur une pantalonnade champêtre dispensable? L’un des feux d’artifice cités en début de paragraphe aurait permis de quitter ce 4e album avec les batteries bien plus saturées en énergie positive!
Mais si les râlouilleries précédentes justifieront qu’on plafonne la note de ce nouvel opus à 9/10, ça ne suffira pas à lui éviter les lauriers du top de fin d’année. Et si c’est à présent trop tard pour la liste du Père Noël ou les Etrennes, n’hésitez pas à faire de Pacifisticuffs votre prochain cadeau de St Valentin: il fera autant d’effet qu’un week-end à la Paci-fistinière, tout en respectant l'intégrité de vos conduits, lui!
La chronique, version courte: on prend les mêmes (ou presque…) et on repart pour un 4e chef d’œuvre… Alors même que la perte stratégique de la cantatrice barrée qui apportait tant au groupe aurait pu signifier la fin des haricots, Diablo Swing Orchestra revient avec un Pacifisticuffs aussi exubérant et captivant que les 3 albums précédents. Paci-onnant!
7 COMMENTAIRES
Margoth le 31/01/2018 à 15:26:17
Une tuerie ! Et avec un peu plus de recul, je dois bien admettre préférer la nouvelle chanteuse malgré son registre très différent de l'ancienne. Ça leur va fort bien et leur laisse beaucoup plus d'ouvertures pour le futur.
EgoFandango le 01/02/2018 à 00:22:53
Album qui mettrait l'industrie pharmaceutique sur la paille si il était distribué à grande échelle.
Freaks le 04/02/2018 à 03:43:29
Il y en a que pour le metal sur ce Zine.. Et les innocents dans tout ça?? ;)
Freaks le 04/02/2018 à 03:46:43
Innocemment parfait ;)
cglaume le 04/02/2018 à 10:53:54
Les innocents ils restent dans cet autre Finistère, aux longues plages de silence... :)
TOph' le 11/06/2018 à 06:34:32
Grand fan de Pandoras Pinata, je me demandais comment ils pourraient faire mieux (ou à minima aussi bien), surtout en perdant un pillier du groupe : leur voix ...
Et je suis sur le cul, ce groupe est un ovni, ils n'ont aucune limite et semblent à l'aise quel que soit le concept abordé.
Ca fonctionne grave bien avec leur nouvelle chanteuse.
Excellent album, tout est bon! Foncez, pauvres fous, vous ne risquez pas grand chose, si ce n'est de vouloir réécouter encore et encore ...
Mon seul désespoir, c'est que je ne les verrais probablement jamais sur scène :(
cglaume le 11/06/2018 à 08:56:02
C'est vrai qu'ils sont casse-bonbons: jamais une date en France depuis leurs débuts :(
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