Dying Wish - Symptoms Of Survival

Chronique CD album (32:04)

chronique Dying Wish - Symptoms Of Survival

Et hop, une autre formation dont la sortie était attendue au tournant par pas mal de monde. Deux ans après un Fragments Of A Bitter Memory qui m'avait beaucoup plu, bien que d'autres membres de la rédac' aient été plus sceptiques, Dying Wish reviennent tout droit de Portland, Oregon, avec une tentative de confirmation, ce petit dernier Symptoms of Survival.

Il faut dire que le dernier avait permis à la bande de la charismatique Emma Boster de s'exporter assez largement à l'international et de gagner pas mal de notoriété, avec une tournée qui les a par ailleurs fait passer en France, au passage.

 

Pour résumer grossièrement et avant d'y revenir un peu plus en détail, assénons le verdict des impressions d'ensemble suite à pas mal d'écoutes : sur Symptoms of Survival, le son s'est à la fois durci et lissé, en se faisant plus lourd mais parallèlement moins hargneux qu'auparavant, plus massif mais aussi plus téléphoné, que ce soit dans les breakdowns et leur prémisses ou dans l'usage récurrent de basses à ondes gravitationnelles.

Là où l'atout vipérin d'Emma Boster était central et les compos plus directes, on assiste un peu ici à une « remodernisation » de ce metalcore revival que Dying Wish rebalançaient gaiement (ou pas) à la face du monde sur FOABM.

Alors qu'on se rassure néanmoins, les éléments de base sont là : ce côté At The Gates dans le riffing ressurgi régulièrement ici et là (sur le single « Watch My Promise Die » et sa caisse claire boostée à l'avant par exemple), Boster n'a rien perdu de sa puissance vocale, et au contraire son coffre s'est agrémenté de plusieurs valises bien fournies, on retrouve de beaux enchaînement gros breakdown dans ta face vers un 2-step de salle de bal (« Kiss of Judas », très ATG lui aussi) – et si les breakdowns sont efficaces, leur côté téléphoné par un pre-breakdown souvent très similaire (« oui, allô ? C'est le moment d'enfiler les protège-tibias ! » « merci, je les avais justement dans le coffre de la R16, à bientôt », ce genre-là) fait parfois soupirer, il y reste un côté fun qui fera bouger bien des nuques – , une prod léchée (mais ça on s'y attendait).

Par contre, petite overdose de voix claires pour ma part (avec peut-être une exception sur le dernier morceau « Lost In The Fall », occurrence la plus réussie je pense), d'autant plus du fait du morceau pivot de l'album, placé en plein centre, une longue balade presque tout en clair, qui bien qu'elle s'énerve un poil sur la fin me semble tout simplement pénible. Au-delà de l'aération de mi-album, je trouve l'exercice relativement raté pour le groupe, bien trop mielleux à mon goût.

Mais rassurons-nous néanmoins, la plus grande partie de l'album, reste résolument frontale.

 

Pour revenir à cette idée de résumé, donc, mais après avoir développé un petit peu, j'aboutis plus ou moins à la conclusion que Dying Wish fonctionnent ici à la recette, en appliquant un peu toujours la même méthodologie. Alors oui, la recette fonctionne, pas de problème là-dessus, mais il me semble qu'un petit pas de confort a été fait en direction du canapé, par rapport à leur opus précédent.

Le groupe a évolué, a gagné de l'expérience aussi, et ont pris une direction qui les fait à mon sens se reposer un peu trop sur leurs lauriers, en standardisant un peu plus leur proposition avec celle de tous les autres groupes évoluant dans un registre proche ces derniers temps.

Et c'est ça que je trouve assez dommage : même si ce disque est objectivement bon dans le style, j'aurais vraiment apprécié les voir développer leur singularité, fûsse-t-elle retro, plutôt que de rentrer dans des codes stylistiques de la tendance du moment. Le groupe ne manque certainement pas du talent pour le faire. Mais ça marche malgré tout. Donc les gens qui aimaient aimeront probablement. Les autres, toujours pas. Nous voilà bien avancés, hein ?

 

Bref, j'ai personnellement préféré le précédent. Mais je passe malgré tout de forts bons moments à l'écoute de Symptoms of Survival, si on omet quelques choses dispensables.

Et malgré ces quelques critiques purement subjectives sur l'aspect musical (et encore, plutôt sur la direction prise que sur la musique en elle-même), je respecte beaucoup les membres de Dying Wish pour leur sincérité et leur engagement. Se faire embarquer par les flics dans des manifs en soutien à Black Lives Matter, avoir des idées politiques et un engagement clair, d'autant plus aux Etats-Unis.

Et cela marque les idées derrière Symptoms of Survival, dès le titre, qui dérive de la reprise de la 'vie normale' suite à l'épisode pandémique que nous avons tous et toutes vécu de façon semblable et différente à la fois. Pour laisser Emma Boster le dire bien mieux que moi dans une interview à Kerrang (dont je vous conseille la lecture intégrale pour bien saisir ce qui anime le groupe) : « Peur. Survie. Contrôle. Cela parle de la souffrance quotidienne que nous, en tant qu'espèce, traversons pour survivre en société. Ce qui peut se référer aux traumas spécifiques que nous avons endurés personnellement, aux injustices que l'on voit à chaque coin de rue, ou encore plus largement aux divisions politiques qui ont surgi un peu partout – et ce que tout ça crée sur nous en retour. Ce sont des choses que nous commençons tous et toutes à comprendre vraiment, pas seulement en tant qu'individus, mais en tant que peuple ». Reconnaître et dénoncer le racisme systémique, la remise en question du droit à l'avortement, embrasser l'idée de se battre pour une société plus juste pour tous et toutes, voilà les valeurs dans lesquelles se reconnaissent Dying Wish.

C'est aussi ce qui les inscrits dans la tradition du punk-hardcore, celui qui s'engage, celui qui hurle sa détresse sur scène, celui qui martèle son espoir de voir de jours meilleurs, et qui souffre, évidemment, de ne pas les voir venir. Le genre de chose qui me fait relativiser certains choix artistiques, que j'ai parfois envie de qualifier de secondaires.

 

A écouter si comme Emma Boster, vous pensez que « ces temps sont toujours très sombres. Cet album est encore un album très sombre. Et nous sommes toujours des personnes très radicales sous beaucoup d'aspect, mais parfois peut-être que de montrer de l'amour et de la compassion peut faire partie des choses les plus radicales à faire. »

photo de Pingouins
le 12/12/2023

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