Faith No More - The Real Thing

Chronique CD album (55:21)

chronique Faith No More - The Real Thing

 

« … Somebody put me together! »

 

Aahhhhh, bonheur, pression, passion: c’est un exercice particulier que celui consistant à ajouter une Nième brique au mur critique consacré à un grand classique. Que ce soit pour alourdir sa dernière demeure ou surélever encore un brin le temple qui lui est dédié, on sait que l’on s’expose à la vindicte de ceux qui ne partageront pas notre avis, et qu’en même temps l'exercice est un rien futile – les chances pour que le lecteur de passage fasse ainsi une grosse découverte étant vraiment minimes. Du coup la chose est à la fois moins confortable et moins motivante qu'à l'accoutumée…

 

N’empêche: quel bonheur que de replonger dans The Real Thing, œuvre que l’on connait sur le bout des doigts, mais que l’approche chroniquatoire permet d’envisager sous un œil nouveau, le scalpel à la main et la casquette de jury impartial vissé sur le matelas capillaire. Parce que, donc ** putain de suspense haletant **, aujourd’hui la chronique dominicale « Retour à nos  années Croque-Vacances » est consacrée au 3e-mais-quasi-1er album de Faith No More. Enfin c’est comme ça que l’on serait tenté d’envisager l’opus tant c’est celui qui va faire décoller le groupe façon Ariane 5, ceci notamment grâce à l’adjonction d’un sacré bon sang de trublion derrière le micro: Mike Patton, jeune chanteur issu de Mr Bungle, dont la gouaille nasale et le piquant en font le Daffy Duck du Rock. Celui-ci vient renforcer les rangs FaithNoMoriens afin de remplacer un Chuck Mosley à l'arc vocal duquel il manquait définitivement quelques cordes.

 

Mais Faith No More, ce n’est quand même pas que Mike Patton. Parce que le groupe avait déjà fait son petit effet avec ses 2 albums précédents – et en particulier grâce au tube « We Care a Lot », qui avait eu les honneurs de MTV. Et parce que la patte Faith No More, c’est aussi pour beaucoup la basse tendue, dodue, ronflante et tressautante de Billy Gould. Ce ressort qui ouvre « Falling To Pieces », cette pulsation motrice sur « Epic », ce martellement qui ouvre « The Morning After » (… dans un style qui rappelle drôlement « We Care a Lot »)… Ils font tout autant partie de la légende que notre Woody Woodpecker chantant. La même réflexion vaut également – et pourtant celui-là on a tendance à l’oublier – pour Roddy Bottum et son clavier qui, perçu avec une oreille de 2015, sonne un peu cheap, certes. Sauf que le refrain de « The Real Thing », au côté de Mike et Jim, c’est lui. Ainsi que ce ruissellement d'une fine bruine mélodique au début de « Falling To Pieces ». On ne s’en rend pas forcément compte immédiatement, car ses interventions sont moins in your face que celles de Mike et Billy, et son look n’a pas le chien de ceux de Jim ou M. Bordin, mais Roddy et son synthé font également pour beaucoup dans l'identité du groupe.

 

The Real Thing, donc, c’est tout d’abord le trio gagnant constitué des légendaires « From Out Of Nowhere », « Epic » et « Falling To Pieces ». Ou comment, en 3 morceaux, révolutionner le petit monde de la Fusion en l’amenant au grand public sur un plateau d’argent. Une grosse louche de vocaux rap (les mecs de Clawfinger ont forcément grandi en écoutant « Epic »), des mélodies et nappes de clavier permettant aux refrains de se déployer à des hauteurs stratosphériques, une « nervosité cool » extrêmement funky, cousine des débuts des Red Hot… Et un chanteur / frontman d’exception. Une formule un peu à part, et une formule gagnante.

M’enfin l’album ne s’arrête pas à ce trio introductif d'exception. D’autant qu’en 4e position on trouve le thrashy « Surprise! You’re Dead! », composé en réalité une bonne dizaine d’années auparavant, quand Jim Martin était guitariste des Agents of Misfortune aux côtés de … Cliff Burton (oui oui petit scarabée: de Metallica). Puis c'est « Zombie Eaters » qui déploie son lourd drapé tout en tension sur 6 bonnes minutes, avant de laisser place à un morceau-titre encore plus long (8:13!), mais également à la fois plus puissant et plus poignant. Sensibilité, inspiration, tripes, force, amplitude, génie: tous les ingrédients sont réunis dans ce morceau qui constitue indubitablement le pic de la mi-album. Car sans être mineures, les compos suivantes semblent avoir les épaules moins larges, que ce soit le Happy Rock insouciant de « Underwater Love », le typique-mais-plus-convenu « The Morning After », ou l’instrumental tiens-Secret-Chiefs-3-ne-serait-pas-à-l’état-embryonnaire-ici-? « Woodpecker From Mars ».

 

La fin d’album se révèle elle aussi particulièrement goûtue, notamment grâce à une reprise pertinente du « War Pigs » de Black Sabbath, et à un « Edge of the World » Swing’n’Blues qui fait claquer des doigts au bord de la piscine. Le seul hic? Ces 2 morceaux font un peu pâlots comparés à la version live qui en est fournie sur l’excellent Live At Brixton Academy, sur lequel ceux-ci se voient carrément transcendés. Mais ça c'est une autre histoire dont on vous reparlera prochainement...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: premier véritable pas effectué sur le tapis rouge des Légendes du Rock pour Faith No More, The Real Thing est l’un des albums fondateurs de la Fusion. En effet il est l’un des rares premiers à exposer au plus grand nombre les possibilités du Rap Metal, les bénéfices du mélange Funk/Rock, ainsi que les capacités extraordinaires d’un futur Monstre sacré, Mike Patton.

photo de Cglaume
le 11/10/2015

2 COMMENTAIRES

mcmetal

mcmetal le 11/10/2015 à 14:15:05

zut y 'a pas 9,5 comme note :-) mon favori de fnm

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/10/2015 à 16:33:10

Un classique

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