Farscape - Purged and Forgotten

Chronique CD album (37:35)

chronique Farscape - Purged and Forgotten

Cette pochette, par Toutatis ! Une touche à la Repka qui fera immanquablement bicher les vieux thrasheurs. Et puis ce côté « evil cartoon grotesque » qui rappelle autant le premier Poltergeist, les débuts de Risk, que les délires à la Tankard… Pourtant, contrairement à son label, non, Farscape n’est pas allemand : les zigotos crèchent plus au sud, à Rio de Janvier. En revanche, en effet, ceux-ci sont de gros fans de ce Thrash rudimentaire confectionné à l’époque par Kreator et Sodom, quand ceux-ci étaient encore apprentis-chaudronniers. Un cocktail Samba / Yodel, donc, particulièrement fructueux, bien que pas forcément intuitif (… comment ? Le lien avec l’Allemagne ? D’anziens oviziers ont fui l’Europe pour l’Amérique du sud en 1945 ? Insinueriez-vous que…).

 

Malgré la véhémence jouissive de son propos, son incroyable célérité et la bave fielleuse qui doit couler abondamment à la commissure des lèvres quand les quatre gugusses interprètent leurs nouveaux titres, non, Farscape n’est pas un regroupement de jeunots voulant prouver aux boomers que la génération Z n’est pas uniquement bonne qu’à swiper sur Tik Tok. Au contraire, le groupe s’est formé il y a un quart de siècle, a sorti trois albums entre 2003 et 2013, et revient là avec un quatrième opus après 10 ans de mutisme prolongé. Et attention, détail relativement incroyable pour quiconque se rend souvent sur l’onglet « Members » de Metal Archives : la formation n’a pas connu le moindre changement de line-up depuis ses débuts en 1998. Comme quoi 1) des egos d’artistes peuvent tout à fait cohabiter sans que ça parte en cacahuètes (… avis à 99,9999% des gangs en activité !), 2) pour peu qu’on fournisse le son mais pas l’image, on peut tout à fait avoir la quarantaine et donner l’impression de n'en avoir que la moitié.

 

« Furieux et rétro, donc, Farscape ? »

 

Tout à fait. Furieux parce que derrière le micro ça aboie comme un roquet atteint de la rage, en mode proto-Blackened Thrash belliqueux. Et furieux parce que la vitesse moyenne est celle d’une torpille au galop. Rétro parce que, en effet, la chose sent fort les dessous de bras d’un Mille Petrozza tout juste post-ado. Et cette rétrophilie de s’incarner jusque dans la mise-en-son, la prod’ étant voilée de l’un de ces linceuls cracra qui sent les 80s, laissant pour l’occasion la batterie faire poc poc poc jusqu’à ce que mort s’en suive. D’ailleurs ça pique un peu au début – en 2023, on aime pouvoir entendre le canif pénétrer les chairs sans trop avoir à tendre l’oreille – mais il ne faut pas longtemps pour que tout ça semble parfaitement logique, voire goûtu. Rétro encore (oui, je n’avais pas fini) jusque dans les gimmicks ancestraux. Telle l’intro gentiment grotesque, qui réapparaît en fin d’album pour rappeler qu’il ne dépend que d’un doigt et d’une touche >Play pour que la boucle se remettre à boucler. Et telle la cover planquée façon « hidden track » d'antan, qui rend hommage au « Grippin’ a Heart » de Living Death, groupe de Thrash teuton (encore !!) dont seul votre vieux copain Denis, celui avec la grosse outre à bière en guise de bide, se souvient.

 

« Mouais… ça sent l’album de niche pour vieux trve… »

 

Superficiellement, peut-être. Mais ceux qui aiment le bon vieux Thrash chilien – vous savez, celui qui n’arrête pas de botter des culs ces derniers temps (cf. Critical Defiance, Demoniac...) – ou les excès de vitesse à la Terrifier devraient être aux anges avec Purged and Forgotten. D’autant que l’album est loin d’être aussi bas du front que j’ai pu maladroitement le laisser penser. Car il est entre autres rehaussé de leads qui vont clairement puiser leur mélodicité du côté de la NWOBHM (perso j’entends Maiden quand, à 4:08 sur le morceau-titre, se réveillent les twins). Et puis ça tricote dur parfois, les tortillons guitaristiques introduisant le tube « Leucotomy » ayant un petit côté Mekong Delta pas dégueu (oui, on reste en Germanie). On fera par ailleurs un détour du côté du Québec sur « Backing From The Hole », le temps d’évoquer plus ou moins Voivod via quelques vocaux déconnectés en apesanteur, et de gratouilleries de guitare en mode Spontex particulièrement sexy. Et puis les plus barbares d’entre vous seront contents d’apprendre que – quitte à naviguer aux environs des origines du Metal extrême – Farscape parsème ses morceaux de riffs lorgnant plus clairement vers le Death old school – Death et Massacre étant les premiers célébrés (écoutez le début de « Miss Violence », ou ce riff à 1:55 sur le morceau-titre).

 

Alors véhément, speedé, conservateur, oui, cela résume bien la démarche de Farscace sur son 4e album. Mais cela n’est pas incompatible avec grisant, sophistiqué, et finaud. Et c’est donc assez logiquement qu’on ajoute les « Purged a Forgotten », « Leucotomy » et « Backing From The Hole » à notre best of du Thrash de la décennie !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : profondément ancré dans la sauvagerie « proto » et les excès de vitesse propres aux premiers pas du Thrash teuton à la Kreator, le 4e album des Brésiliens de Farscape n’en reste pas moins frais et captivant, notamment du fait d’un niveau technique bien au-dessus des standards « punk » du genre, de leads lorgnant vers la NWOBHM, et d’une ardeur particulièrement communicative !

 

 

photo de Cglaume
le 16/11/2023

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/11/2023 à 19:38:25

C'est p't-être bien pour moi...

cglaume

cglaume le 16/11/2023 à 20:36:50

P’têt’ b’en ouaip 🙂

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