Fleshbore - Painted Paradise

Chronique CD album (36:17)

chronique Fleshbore - Painted Paradise

 : bureaux de la CoreAndCo Corp.

Quand : peu avant que le calendrier de l’avent ne commence à se faire effeuiller

Quoi : passage en revue des envois promotionnels

« … candidat #384 : Painted Paradise, 2e album de Fleshbore, Indianapolis, USA.

- Genre pratiqué ?

- Technical/Melodic Death

- Bon point. Label ?

- Transcending Obscurity

- Deuxième bon point. Pochette ?

** le stagiaire placarde l’artwork typé Sword & Sworcery au mur **

- Ça flatte la rétine : troisième bon point. Une mention « FFO » est fournie ?

- Oui : For fans of Archspire, Allegaeon, Psycroptic, The Zenith Passage, Soreption

- Festival de bons points ! Allez, zou : on chronique. »

 

Le diagramme de décision est relativement simple, finalement, pour passer les filets de notre processus de sélection et finir chroniqué en ces colonnes… Et pour le coup, Painted Paradise ne fournit aucun argument solide pour remettre en cause la pertinence dudit process. Car celui-ci nous offre un superbe méli-mélo d’un Death metal à la fois

  • technique, mélodique et brutal
  • grunté, shrieké, growlé, gruiké, squealé et bruïï-bruuu-ïïïté
  • très généreux en informations, et néanmoins clairement abordable sur le plan de la narration

 

La mention FFO évoquée ci-dessus n’est pas complètement à côté de la plaque, bien qu’elle insiste un peu trop sur l’aspect « mitraillette à blasts ». Si Fleshbore la joue parfois en mode cyborg tel un Archspire à exosquelette, et si Michael O'Hara (dont le spectre vocal est plus large encore que celui du Bo Summer – cf. Illdisposed – de la grande époque) peut débiter ses textes quasiment aussi vite qu’Oliver Rae Aleron, les Américains ont quand même plus de galbe, plus de souplesse, plus de moelleux. Ceci du fait de belles mélodies qui illuminent la tornade d’éblouissants éclairs. Mais également grâce à une basse très mise en avant (elle s’offre pas moins de trois solos !), et dont les formes généreuses donnent envie de câliner ce gros grizzly pas si hostile, au fond. À ce sujet, le FFO aurait pu / dû mentionner Augury, histoire de bien appuyer sur cet aspect "Badass Bass". Et au final, quand on fait le compte de leurs qualités et des groupes qu’ils évoquent, on se fait d’ailleurs la réflexion que nos jeunes amis pourraient tout-à-fait demander la nationalité canadienne : musicalement, ils ont tout ce qu’il faut où il faut pour !

 

Mais penchons-nous sur cette tracklist où se côtoient agitation, respirations, et destruction. La chose est dense, les oreilles se prennent pas mal d’hectopascals dans le coin des tympans, et les neurones se voient obligés de pédaler comme des dératés pour ne pas en laisser tomber à côté. Très vite, cependant, des passages somptueux et autres accroches séduisantes prennent l’auditeur par la main pour le rassurer, et l’inviter à refaire la visite une nouvelle fois, si d’aventure il s’était perdu en chemin. « Wandering Twilight » – qui démarre pourtant sur la rythmique écrasée d’un Meshuggah broyant du noir – fait partie de ces compos amicales qui cavalent « joyeusement » le long de courbes attrayantes. Même chose pour « Laplace’s Game » qui enchaîne les appels au kiff et autres plans monstrueusement groovy – sans oublier l’une de ces escapades, à 2:03, offrant à l’auditeur un beau moment de transcendance musicale.

 

Mais on se fait chatouiller les capteurs à miam-miam en moult autres endroits. Sur « The World » par exemple, qui triomphe lors d’un discours mélodique mid-tempo démarrant à 1:08. Ou encore sur « Inadequate », qui laisse un troupeau de brontosaures nous piétiner pendant ses 40 premières secondes avant de changer de tactique pour pratiquer le bombardier à hoquet stridulent (mouais, peu parlant comme description… Écoutez plutôt vers 2:10). On arrête là les échantillons : si vous n’êtes toujours pas convaincus, vous ne le serez pas par trois exemples supplémentaires… À vous, maintenant, de décider si ça vous dit d’observer des panoramas grandioses pendant qu’un étau vous broie le crâne grâce à un mécanisme à précision atomique. Si votre réponse est « Mais ce serait le panard, Bernard ! », partez aussi gaiement que prestement gambader vers la page Bandcamp du groupe, et cueillez-y d’opulents bouquets de riffs : vous verrez, ils seront du meilleur goût sur vos étagères d’amateur avisé de Metal qui envoie du bois de santal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Tech-Death, Death mélo, Brutal Death : Painted Paradise ne choisit pas entre ces trois chapelles, celles-ci cohabitant sans que jamais l’une d’elle ne tire durablement toute la couverture sur ses arpions. Si vous demandez chaque année au Père Noël que Beyond Creation balance plus de parpaings dans sa pluie de dentelle, ou qu’Archspire décore enfin ses bombes à neutrons de petites fleurs, avec ce 2e album de Fleshbore, vos vœux seront enfin exaucés !

 

photo de Cglaume
le 21/01/2025

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