Freaky Fukin Weirdoz - Oh My God

Chronique CD album (48:15)

chronique Freaky Fukin Weirdoz - Oh My God

Quand on aborde un film ou un livre, il est conseillé de commencer par le début et de suivre sagement la progression de celui-ci dans l'ordre suggéré par l'auteur, sous peine de ne plus rien y comprendre. Il y a par contre moins de raisons d'adopter une démarche aussi linéaire quand il s'agit d'aborder la discographie d'un groupe. C'est pourquoi, après avoir flashé sur Hula! – leur 6e album sorti en 1998 – et commencé par explorer leurs premiers pas, on va aujourd'hui se rendre à l'autre bout du CV des Freaky Fukin Weirdoz, histoire de voir si leur dernier album maintient le même niveau d'excellence que leur avant-dernier. Sur le grill aujourd'hui l'on trouve donc Oh My God, son Ganesh placide en poste à l'accueil, sa vitrine azur et or, son dossard n°7.

 

Sorti en 2009 – il n'y a relativement pas si longtemps que ça, finalement – celui-ci a la lourde tâche de devoir répondre à des attentes caractérisées par un niveau d'exigence relativement élevé. C'est que son prédécesseur a récolté rien de moins qu'un 9,5/10 en ces pages! Et qu'il s'avère être un « album du retour » rompant 11 années de diète discographique. Dans ce genre de situation, en général les groupes ont la pression. Ce qui les conduit bien souvent à proposer un premier titre facile dont la mission est de se mettre les fans dans la poche. D'où « Cumshot », morceau frétillant de la batterie et de la disto', dont les premiers soubresauts font par contre beauuuuuuuucoup trop penser au « Pressure » de Skindred. C'est vrai que les Allemands mixaient Reggae et Metal bien avant que les Gallois ne commencent à s'agiter... Mais le fait est que la bande à Benji Webbe est passée par là entre temps, et qu'il est un peu dommage de penser « plagiat » dès les toutes premières secondes de ce retour aux affaires. D'autant que s'il fait preuve de la gouaille et de l'extravagance vocale habituelles, cette compo' n'atteint pas non plus des sommets. Doté d'un refrain dont les sirènes de police et les saccades marquées font penser à Body Count, « Babylon » continue ensuite sur la lancée Reggae Metal, avec un peu plus de succès cette fois.

 

Mais non, Commander Zdanko et ses boys n'ont pas décidé que le millénaire nouveau devait les voir se cantonner à une Fusion monochrome limitée au mariage dreadlocks / power chords. Dès « Unpoppable », une intro human-beat-boxesque annonce un léger changement de cap, et le groupe d'enfourcher son destrier Rap Metal pour une courte escapade le voyant emprunter un sentier franchement Pop le temps du refrain. A partir de ce tournant le doute n'est plus permis: Freaky Fukin Weirdoz pratique toujours cette Fusion arc-en-ciel qui a fait sa renommée, plus Néo sur « She Got 5 », plus Rock sur « Coming On Strong », plus Punk planant sur « Never Never Never », plus Country sur « Ready To Die »... Plus Waltari quoi, cette fois encore! Et pour embrayer sur une autre similitude avec le groupe de Kärtsy Hatakka, fidèles à la tradition les Allemands proposent 2 nouvelles reprises particulièrement bien gérées: une version légèrement enNawakifiée et carrément habitée du « The Ocean » de Lez Zep, ainsi qu'une réinterprétation totalement transfigurée – façon Stoner/Punk lourd: il est quasi-impossible de reconnaître l'original – du « Rebel Music » de Bob Marley.

 

Les titres qui remportent le plus facilement notre adhésion sur cette nouvelle cuvée s'appellent « Get Loose » – grosses guitares au grain Stoner, refrain canaille et accrocheur –, « Hey Hey Hey » – Punk Rock énergique sympathiquement vénère – ou encore « Never Never Never » – où l'on retrouve les volutes psychédéliques suggérés par la pochette, mais également une belle acidité punky. A l'opposée de ce festival d'énergie pétillante, on regrette que certains refrains assez faiblards plombent légèrement des titres qui promettaient mieux – cf. « She Got 5 » ou encore « Use Me », belle pièce de Fusion plus classiquement Hip-hop'n'Funk dont le break de guitare s'avère particulièrement sexy.

 

Alors non, l'exploit réalisé sur Hula! n'est pas ici réitéré. C'est peut-être pour ça que 11 ans après, ce 7e album n'a toujours pas été suivi par un 8e (… pas bon signe, ça!). En même temps il n'est pas donné à tout le monde de sortir 2 chefs d’œuvre d'affilée (… n'est pas Waltari qui veut!). Pour autant Oh My God est tout aussi jouissif qu'un Mao Mak Maa par exemple. Il satisfera donc sans mal les amateurs du back catalogue des Allemands, ainsi que les consommateurs de Schweppes Metal estival qui bronzent habituellement au son de Skindred, Waltari – donc – et de toute la scène Fusion des late 80s / early 90s.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 20 ans après leurs premiers balbutiements et 11 ans après leur 6e album, Oh My God confirme que les Freaky Fukin Weirdoz ne sont pas près d'abandonner cette Fusion « Waltarienne » qui voit leur Metal coloré d'autant de Reggae que de Rap, de Punk, de Bibopeuloula que d'élucubrations pétillantes. Un album qui ne change pas la donne, mais confirme notre attachement à ce très bon second-couteau.

 

photo de Cglaume
le 13/09/2020

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