God Is An Astronaut - The Beginning Of The End

Chronique CD album (52:08)

chronique God Is An Astronaut - The Beginning Of The End

2022 sera live ou ne sera pas. Après les albums d’Anna Von Hausswolff au Montreux Jazz Festival, de Neptunian Maximalism au Roadburn Festival et de Sunn O))) à la BBC, voici celui de God is an Astronaut, qui revisite, 20 ans plus tard, son tout 1e opus. The End of the Beginning devient pour l’occasion The Beginning of the End. Il n’en faut guère davantage pour qu’on dégaine un de nos adages favoris : la vie est une série de cycles. Et les papes du post-rock irlandais en closent magistralement un avec cette oeuvre enregistrée dans les conditions du live. Fort de l’expérience accumulée au cours de la double décennie écoulée, le groupe utilise la technologie actuelle, pour insuffler à sa 1e offrande un son moderne, ainsi que de nouveaux arrangements, comme si des rides apparues au fil des années, il tirait une nouvelle jeunesse. Le résultat s’avère vivifiant, brillant, voire bluffant.

 

D’aucuns pourraient s’interroger sur la pertinence de l’entreprise. Les néophytes pourront se contenter de cette nouvelle version pour entrer dans l’univers du combo, tandis que les puristes s’amuseront à la comparer à sa jumelle. Les esthètes, quant à eux, qui peuvent se confondre avec les 2 précédentes catégories d’auditeurs, saisiront l’intérêt de la démarche pour la richesse qu’elle apporte à la discographie du groupe. Car ne nous méprenons pas : nous n’avons pas là une œuvre remasterisée mais bel et bien une sorte de réécriture. Témoin « From dust to the beyond », par exemple. Dans la nouvelle mouture, le titre gagne en puissance, notamment sur sa fin, avec ce passage à la basse, groovy en diable. De même, la fin de « Remembrance », gagne en ampleur et en coffre dans sa version live.

 

Avec cet album, au même titre que les langues, GIAA prouve que sa musique est vivante. Elle se nourrit du vécu de ses démiurges, elle évolue, s’auto influence, se gorge de 1001 subtilités à peine perceptibles. Explorer ces variations infimes, c’est une manière pour les Dublinois de poser un regard distancié sur leur travail et réécrire leur propre histoire. Le choix du live apporte une dimension plus organique à l’ensemble, ainsi, des titres comme « Point pleasant » (qui se termine en fade away dans sa version initiale) se montrent sous un ciel plus dynamique, la spontanéité des conditions d’enregistrement leur conférant une saveur plus rock. Appréciez le travail apporté aux parties de batterie. Le morceau sonne alors comme une fin de concert, épique et intense.

 

God is an Astronaut appartient à cette famille de groupes de post-rock qui savent savamment doser un sens inné de la mélodie amène avec des envolées entraînantes sans marquer de ruptures franches dans les structures de leurs morceaux mais en incorporant ces éléments constitutifs de leur musique dans des transitions qui relèvent de l’indécente évidence. En instillant une sorte de rage dans la version live de son 1e album, non content de proposer un moi qui a grandi, en gagnant en expérience, dans un sens psychanalytique, oserait-on avancer, il réalise un coup de maître artistique et symbolique avant de poursuivre son périple sur les routes de la création. Une façon de se souvenir d’où l’on vient, pour mieux avancer.

photo de Moland Fengkov
le 31/08/2022

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