Grand Froid - Sacred

Chronique CD album (26:37)

chronique Grand Froid - Sacred

« Erreur 1312 : 0 rigolada has been found. Play it again, louder »

 

C'est ce message que j'ai trouvé sur nos moniteurs en revenant de la machine à café-caviar des bureaux de la rédac', après avoir lancé une analyse croisée rigoloscope/cglaumomètre de Sacred, proposé par les Manceaux de Grand Froid (que j'avais du mal au début à ne pas confondre avec les ex-Bökanövsky toulonnais de Grand Détour, malgré un style différent, mais le 'froid' dans le titre m'a permis au final de faire la distinction nord-sud).

Paru en février sur bandcamp/cassette autoproduite, il devrait sortir en version vinyle du côté de chez Seaside Suicide d'ici peu (j'espère en tout cas), toujours dans la scène DIY donc.

 

S'il y a eu ce petit problème de rigoloscope c'est, comme l'a confirmé notre équipe ingénierie, et d'après des sources collégiales en la personne de notre très cher Euka de metalorgie, qui a eu l'occasion de les admirer en live récemment, qu'une conclusion s'imposait : « la violence ! »

 

Cette violence, elle va s'exprimer sous une forme qui est déjà très bien propensée par le morceau d'ouverture, « an eulogy of treachery » : si les premières sonorités peuvent faire penser au Converge de You Fail Me (tout comme sur le début de « a consideration of imperatives »), un nom et une influence qui débaroule à fond marquera à mon avis considérablement l'ensemble de ce disque : Cursed.

Leur dark hardcore bien cradingue et poisseux, à la limite des sonorités crusty parfois, mais toujours la bouche pleine de poussière, dégouline de partout sur Sacred.

Ici avec un ralentissement bien crade (« a rhetoric of absence », au départ plus mid tempo qui vient creuser des sillons nocturnes dans des couches de terre, de poussière et de gravats), là dans la destruction totale et l'occupation de tout l'espace sonore du bien nommé « a declaration of war », la fin abrupte qui laisse tout groggy de « a discourse of supremacy »..... Mais aussi dans ses parties plus calmes, tel l'instrumental « a consideration of imperatives » qui laisse planer un air du superbe « Gutters » sur III, chose que l'on retrouvera en clôture d'album avec « a reckoning of affliction ».

Celui-ci se trouve aussi être le plus long, ce qui est assez surprenant vu l'intensité qu'on a mangé dans la gueule depuis le début, mais là encore ça fait penser à Cursed dans la construction. Et cela permet de reprendre ses esprits au bout du compte, malgré une entrée en matière qui n'a aucun temps à perdre et qui se lance droit dans le pentu, comme on dit dans les contrées où j'ai grandi.

 

Côté paroles, on n'est logiquement pas beaucoup moins sombre, et la critique sociétale est centrale, avec un regard qui, vous l'aurez deviné, pas des plus lumineux non plus en ce qui concerne nos perspectives d'avenir. Le degré d'optimisme véhiculé par la musique se retrouve bien dans les textes, on valide donc la théorie et la cohérence de la pratique (à tous les niveaux).

 

Bref, sur Sacred, Grand Froid repeignent le monde en noir, en badigeonnant l'énergie du hardcore et la fureur du crust grindy sur la face de qui voudra bien les entendre. Avec des riffs parfois gras, presque toujours offensifs, malgré quelques aérations bien placées, bien foutues et bienvenues, c'est je pense l'un des albums que j'ai le plus écouté au cours de cette première moitié d'année, et encore un disque très solide provenant de la scène punk DIY, toujours très riche, et dont on profite de l'occasion pour la saluer ainsi que toutes celles et ceux qui la font vivre.

 

A écouter en se demandant si la musique de Grand Froid est vraiment plus sombre et violente que l'avenir qui nous est promis.

photo de Pingouins
le 11/07/2024

5 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 11/07/2024 à 11:21:13

J'ai dit que ça me faisait penser à Cursed ?

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/07/2024 à 11:58:37

Pas mal mais biiiiiiien plus inoffensif que CURSED et son monumental "Three Architects Of Troubled Sleep", mu par la folie furieuse et fielleuse. 

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/07/2024 à 12:04:16

CURSED avait un pied dans la scène crust avec un son abrasif et inquiétant. Là, la prod est très commune. C'est vrai aussi que "A Declaration Of Wa"r sans son break trèèèèèès trooooooooooop long aurait tout cassé.

Euka

Euka le 12/07/2024 à 00:23:00

Je connais pas Cursed, c'est bien ? 😁

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/07/2024 à 11:55:51

Non pas du tout. "Three Architects Of Troubled Sleep" est juste énorme.

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