Granit 665 - The Fine Art of Poisoning

Chronique CD album (50:15)

chronique Granit 665 - The Fine Art of Poisoning

Les sueurs  froides, la gorge nouée, le nœud à l’estomac, sont des symptômes caractéristiques de la fièvre.  Généralement, une grippe n’est pas loin. Ces mêmes contradictions physiques, on les retrouve lorsque l’on a peur.  Si on rougit ; c’est davantage un signe de timidité. Mêmes signes, toujours, qui guettent le prochain shoot.  Plusieurs interactions, attentes, signes résumant un même état d’urgence.  Au moins, on sait lorsque la maladie nous gagne et nous emporte.

 

The Fine Art of Poisoning s’apparente à la bande-son parfaite pour ce dysfonctionnement physique et psychique. L’album cloue rapidement le sujet, l’entrave dans ses mouvements et son esprit.  Au nom d’une liberté de ton et d’émotions, il est bientôt impossible de s’en défaire, lutter ne sert à rien. S’en inspirer est salvateur. Les traditionnels 10 titres qui composent cet album sont trempés, imprégnés d’une poisseuse mélancolie qui parle à l’âme.  On passera difficilement le cap.

C’est au label Chanmax que l’on doit cette périlleuse sortie, GRANIT 665 ayant participé à un split avec les nantais de Goudron précédemment pour la même maison. Là où les ambiances presque « garage » habitaient ce premier effort, ici on prend toute la (dé)mesure du quatuor de vétérans.  Comme l’indique la bio officielle: «  Les membres de Granit 665 sont de vieux habitués des scènes musicales les plus bruyantes … Et totalisent à eux 4 plusieurs décennies d’expériences rock, ayant sillonné les scènes françaises et européennes avec diverses formations, de Greenfish à U’ZY ou Portobello Bones ».  A l’écoute de The Fine Art of Poisoning, on se rend compte que c’est bien plus que ça.

 

L’alchimie qui s’est installée entre les 4 musiciens est tangible. Inutile pour le chroniqueur bavard de chercher des rajoutes, des superlatifs, tout effort serait vain. Il faut prendre l’exercice pour ce qu’il est. Une fidèle retranscription du jeu et de l’expérience de 4 chercheurs du bruit blanc. Même si l’on peut y trouver une certaine aisance dans les constructions rythmiques et les syncopes mélodiques (nous ne sommes pas chez Yngwie Malmsteen), l’auditeur sera surtout embarqué par la force organique, veineuse qui traverse tout le disque.  Une fièvre indicible et addictive. La voix de Lionel Fahy rappelle bien sûr les incontournables faits d’armes des ‘Bones’. Jamais braillard, écorché, volontairement en retrait, le chant est un atout majeur du disque comme un cinquième pilier, celui de la lumière. Aucun groupe ne rivalisera avec ce bouillonnant mélange de force brute, de descentes acides, d’ébullition mentale, de plaintes écorchées dans le vif. Ce cri qui comme dans Abbe rappelle (par la voix d’Henri Grouès – dit l’Abbé Pierre) comme un écho ce à quoi nous aspirons tous : Une place pour les vivants.

 

GRANIT 665 a étoffé son mélange de guitares massives, de rythmiques costaudes dans un hangar d’un aérodrome, pour  gagner en acoustique et cela se sent au niveau de la production percutante qui donne encore plus de poids au disque.  Lionel Arlen du Collectif 7iè Œil signe un visuel à l’avenant organique, « naturel » et sombre parmi les fantômes qui inspirent les 4 chamanes.

Assurément, une pièce maîtresse ! Ne vous reposez pas en paix, soyez conscients !

photo de Eric D-Toorop
le 18/10/2010

1 COMMENTAIRE

Pidji

Pidji le 18/10/2010 à 11:46:08

Excellent album en effet !!!

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