Guilt Trip - Severance

Vous avez besoin de votre dose de hardcore bien débile et mononeuronal mais néanmoins groovy pour vous accompagner sur le chemin du boulot ou tout bêtement dans la vie, avec pour risque de voir augmenter l'envie envers le pétage de mobilier de bureau, et advienne que pourra ?

Alors Guilt Trip, avec ce nouvel album Severance, pourraient devenir l'un de vos compagnons de voyage, son mélange de hardcore / metal en mode riffs thrashy crossover et breakdowns groovy fonctionnant franchement gentiment pour se débrancher le cerveau une seconde.

Bénéficiant d'une production très propre, le quatuor de Manchester profite de sa signature chez MLVLTD pour pousser plus loin leur son et leur style crossover, dans le but d'asséner leur british mandale à un peu plus de monde au-delà de leur île. Pour ce faire, ils ont aussi misé sur le rayon des invités :on en trouve sur plusieurs pistes : Flo de Landmvrks, Alex de Malevolence, James de Rough Justice, et Mike de Lower Than Atlantis.

Moins lourd et beatdown qu'un Jesus Piece (dont la pochette affreuse n'est pas sans rappeler celle-ci, au moins dans la thématique visuelle), plus 'bonne ambiance' qu'un Incendiary et plus metal qu'un Inclination, moins venere qu'un Knocked Loose, End ou autre Burner, Guilt Trip ont trouvé un équilibre efficace, celui qui donne envie de faire n'importe quoi, mais dans la bonne humeur (à partir du moment où on est accoutumé·e à ce genre de conneries tout de même).

Dès les premières secondes du morceau d'intro « Fallen at my feet », on a un bon aperçu de ce qui nous attend sur Severance : du riff qui ne tient pas en place, du groove bien con qui se confirme dès après le sympathique « Come onnnnnn » sur le début de « Surrounded By Pain » qui lui cumule des solos thrashy... et la suite est à l'avenant. Du gros break gencivophage comme dans tout groupe de hardcore moderne qui se respecte (et oui, on n'est clairement pas dans de la sonorité old-school, là, malgré les inclinaisons crossover dont on parlait et le chant qui ne cherche pas à rejoindre les infrabasses), les petits coups de caisse claire isolée qui vont bien, de la poussière dans la bouche et dans les yeux rien qu'en imaginant le pit sur certains passages. Bref, ça rebondit bien de partout, ça peut être la bagarre et mine de rien, c'est rigolo.

Il faut par contre signaler que des voix claires apparaissent à partir de presque l'exacte moitié de l'album, sur « Broken Wings ». Et à mon sens, c'est bien dommage, même si le break derrière est bien lourd comme il faut. Le problème selon moi, c'est que celles-ci se réinvitent de plus en plus souvent dans la partie jusqu'en bout d'album, et que cela tend à affaiblir l'impact global, même si j'imagine que le but était de jouer sur la dynamique de la différence entre les morceaux. Alors si c'est quelque chose que vous aimez, tant mieux pour vous ; personnellement, ça me gâche pas mal le plaisir de tout ce riffing bien con, l'intro de « Hell Will Replace The Rain » par exemple, ou le refrain assez insipide de « Severance », sans parler de la 'balade' finale « Dusk ». Encore une fois, si ça vous parle, tant mieux, on dira que c'est subjectif, mais je préfère la première moitié de l'album, du coup, très personnellement.

Ensuite, un petit mot pour celles et ceux pour qui ça pourrait avoir une importance : a priori, vu la pochette, les titres des morceaux, les paroles les croix qu'arborent plusieurs des membres autour du cou sur leurs shootings photos, pas besoin de vous faire un dessin, les loulous sont croyants. Mais je n'ai vu dans aucune interview parmi celles que j'ai lues un quelconque prosélytisme ou même évocation particulière de cette foi. Alors est-ce que ça en fait du christian hardcore ? Probablement. A vous de voir si ça influe dans un sens ou dans l'autre sur votre avis sur ce disque.

Malgré ces quelques réserves, Severance fait bien le taf et devrait clairement faire monter quelques échelons à Guilt Trip au sein de la scène hardcore/metalcore actuelle.

Et sinon, ils passent en tournée en France en novembre en compagnie de Malevolence, Sylosis et Justice for the Damned, si par hasard vous aviez envie d'aller remuer votre vaisseau charnel pour naviguer sur des flots plein de sueur. Histoire de voir si ça confirme en live.

A écouter pour se détendre un peu avant un rendez-vous pénible ou en feuilletant un catalogue de fournitures de bureau. Ou pour une virée en kayak avé les copaingues.

Pingouins

le 24/10/2023