Have heart - The Things We Carry

The Things We Carry... Les choses qu'on porte.

Les choses qu'on porte, ce sont les pertes, les cicatrices, le poids sur le cœur. Et, comme le dit le dernier morceau de cet album, « Watch Me Rise », continuer à aller de l'avant.

Ce morceau, « Watch Me Rise », est constitutif de ce que fait Have Heart, de ce qui fait Have Heart.

Et bien qu'il soit placé en dernière position sur The Things We Carry, il y est complètement central, parce que tout ramène à lui et à son message, et ce dès la symbolique de sa pochette : « In this world, they choose to see me as a setting sun, so it's up to me, I have to see me like a rising one », disent entre autres les paroles. Se voir comme un soleil levant, comme une nouvelle aube, plutôt que de s'abandonner à un crépuscule existentiel, c'est tout le processus qui est en jeu dans cet album et dans ses paroles, de « Watch Me Sink » à « Watch Me Rise » donc.

Pat Flynn, au chant, accorde beaucoup d'importance aux mots. Parce qu'il y a à travers eux quelque chose de plus que de l'encre : « Rends-toi bien compte de ce que tu as fait : tu as allumé un feu dans le cœur d'un gamin. Tes mots, et le message que tu as envoyé, sont gravés dans mon cœur et brûlent dans ma tête » (« Something more than ink »). Lui et Have Heart ont toujours gardé cette idée en tête, comme Flynn le dit lui-même dans de leurs concerts de réunion en 2019 : « le hardcore qui m'a toujours parlé est celui qui voulait juste être vrai, ouvert au fait de pouvoir se tromper, mais aussi de se reprendre, d'être émotif... et ça a changé ma vie».

Et c'est ce qui a marqué des milliers de personnes qui on trouvé, dans la sincérité des paroles de Flynn et dans la qualité de son écriture, de quoi alimenter leur feu intérieur.

Que ce soit à propos de ne pas s'abandonner à sombrer dans l'alcool (« Life is hard enough as it is... »), leur mode de vie straigth-edge étant important pour le groupe, ou plus généralement sur les difficultés que présente la vie, Have Heart ne font pourtant pas de prêche.

En substance (évidemment dépourvue de drogue), le message est simple : « Respectez les autres. Respectez vous vous-mêmes. Soyez la personne que vous voulez être ».

En pratique, les onze morceaux qui constituent The Things We Carry ont durablement marqué l'histoire du hardcore et de celles et ceux qui en écoutent. En concert, Flynn ne doit chanter probablement qu'un peu moins de la moitié des paroles, tant le micro passe au public ou que l'ensemble de celui-ci hurle leurs mots, devenus collectifs, à pleins poumons, à en foutre la chair de poule. Je ne trouve cette passion nulle part ailleurs que dans le hardcore, et en particulier dans sa sous-branche du 'Boston hardcore', dont Have Heart ont largement contribué à redéfinir avec la sortie de cet album et du suivant.

Si ce n'est pas clair, jetez juste un œil à ça, qui dira en images ce que je tente maladroitement d'exprimer :

Bref. Faut-il vraiment parler de la musique ? Du hardcore straight-edge, souvent agrémenté d'une ligne mélodique, une emphase évidemment mise sur le chant, et mine de rien une envie d'aller droit au but, avec à peine plus de 25 minutes d'un bout à l'autre de la plaque.

Côté son, on est plutôt dans un hardcore qui mise sur l'impact direct et passionnel que dans la modernité aux muscles lustrés et au poil luisant de toute la lourdeur du monde. Mais ça, vous êtes au courant, parce que vous connaissez déjà ce disque.

Alors oui (ou non), cette chronique n'a pas grand chose de descriptif de l'album, même si celui-ci me donne régulièrement envie de pratiquer le 2-step dans mon salon.

Plutôt une sorte de petit hommage à ce groupe qui, avec un nom qui est à la fois très adapté, une affirmation, une requête et un espoir, et bien que peu prolifique d'un point de vue discographique, coche haut la main toutes les cases qui font du hardcore ce style si particulier, en tout cas cette branche-là, et dont je ne comprends toujours pas comment l'immense majorité des gens font pour traverser la vie, et les choses qu'on y porte, sans lui.

A écouter parce que la vie est déjà bien assez dure comme ça pour s'en priver.

Pingouins

le 17/09/2023