Hemotoxin - When Time Becomes Loss

Chronique CD album (29:06)

chronique Hemotoxin - When Time Becomes Loss

Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé ont été sensibilisés à la question en leur temps. Ils vous le diraient donc d’une seule voix : le sang contaminé mène en général soit à la mort, soit au tribunal (… si vous n’avez pas la référence jouant l’hôtesse d’accueil de cette chronique, demandez à Papy, ou cultivez-vous en lisant cet article). Cette vérité se vérifie jusque dans la micro-sphère du Metal extrême. Car c’est un fait, Hemotoxin (dont le nom dérive d’une saloperie qui gâche le repas des vampires) ne sort quasiment jamais des platebandes du groupe Death. À un tel point qu’à sa place, on craindrait de finir dans le box des accusés pour contrefaçon aggravée.

 

Mais il semblerait que les héritiers de Chuck Schuldiner n’aient pas encore remarqué ce qui se trame du côté de Pittsburg, Californie (à ne pas confondre avec son homonyme de Pennsylvanie). Car cela fait treize ans déjà que Michael Chavez crie à qui veut bien l’entendre son amour pour l’œuvre (… post-Human) du Metal Gourou floridien. Et en 2016, c’est depuis le catalogue d’Unspeakable Axe Records – qui a quand même pignon sur rue – que Biological Enslavement, le second album de cette cohorte schuldinophile, avait prêté haut et fort allégeance au patron du Death Metal. Fin 2021 encore, pour les ceusses qui n’auraient pas encore tilté, Bam, la troupe reprenait « Crystal Moutain ».

 

Manifestement, ces zozos n’ont pas peur de la brigade anti-plagiat !

 

Pour le quatrième album qui nous rassemble en ces virtuelles colonnes, Michael Chavez a plus que jamais fait les choses en grand. Signature avec Pulverised Records. Embauche ponctuelle de Scott Fuller (ex-Abysmal Dawn, ex-Havok, ex-Morbid Angel, ex-Citécomme Unepuce) afin de tirer le meilleur de la batterie. Prêt d’une guitare, ainsi que des casquettes de producteur et de mixeur, à Andrew Lee, le capitaine qui tient habituellement la barre de Ripped to Shreds (...au sein duquel, eh oui, Michael riffe et râle). Et location des services d’une muse particulièrement dégourdie, qui a su puiser à grands seaux dans la source Death sans jamais recycler éhontément, ni copier-coller bêtement.

 

Car si l’on se sent comme dans les pantoufles de Chuck quand on débarque au sein de When Time Becomes Loss, l’impression qui nous saisit est plus un agréable sentiment de familiarité que la sensation frontale d’un déjà vu / déjà entendu / déjà digéré. En effet, enrichissant de lignes de basse seanmalonesques (cf. « Concious Descent ») et d’accès acrimonieux à la Atheist (« Morbid Reflection ») sa connaissance approfondie d’une discographie qu’il maîtrise de « A Moment of Clarity » à « Zero Tolerance », M. Chavez réussit à provoquer à plusieurs reprises de ces frissons de plaisir qui poussent certains à acheter Symbolic en de multiples exemplaires. Ainsi, dès 1:47 « Call From The Abyss » nous embarque dans un vol plané permettant d’apercevoir les lumières scintiller, loin, tout en bas. « Abstract Commands » réserve un autre break délicieux, à 0:57, pour une prise d’élan, puis un sprint qui rappellent le meilleur de Laurent Fignon sur la Grande Boucle. Et c’est au bout d’une minute passée sur « Concious Descent » que l’on se retrouve tel un cabri maso voyant une escadrille de fabuleux faucons fondre sur lui : on bêle de plaisir et de crainte mêlés.

 

Aux qualités du faussaire de génie, Hemotoxin ajoute une précieuse concision, son When Time Becomes Loss durant tout juste moins d’une demi-heure. Ce qui ne laisse pas assez de temps à ses 7 titres pour commencer à nous barber (… même si, c’est vrai, nos pupilles brillent moins fort sur « Malédiction » et « Reborn in Tragedy »). Pour autant, que les amateurs d'affutage de manche ne laissent nulle sueur froide leur dessiner de polaires auréoles sous les bras : malgré cette louable absence de gras, nombre de morceaux réservent de luxuriants solos s’étendant sur une bonne minute.

Vous voilà rassurés.

 

OK, le créneau pratiqué par Hemotoxin est particulièrement étroit, et tous les morceaux livrés sur ce 4e album ne sont pas irréprochables. Cependant, si j’ai bien fait mon taf, vous devriez avoir compris que ceux que Gory Blister, Illogicist et Miscreance n’arrivent plus à rassasier une fois boulottées les 7 évangiles discographiques selon Tonton Chuck auraient tout intérêt à se ruer sur When Time Becomes Loss. Celui-ci leur donnera en effet une belle ration supplémentaire de Death sans le désagréable arrière-goût de musique longuement ruminée, et maintes fois régurgitée par d’autres….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : c’est certain, « Il n’y a d’autre dieu que Death, et Chuck Schuldiner est son prophète » est la prière qu'adresse Michael Chavez, le cerveau d’Hemotoxin, en guise de salut à ses pairs. Si ce genre d'attitude intégriste vous fait craindre un usage immodéré du papier calque, attendez avant de passer votre chemin. Car When Time Becomes Loss offre de véritables frissons de plaisir, et pas uniquement de ceux provoqués par les lointains échos de riffs chéris déjà entendus par le passé. On n’ira pas jusqu’à dire que cet album aurait pu être écrit par le grand Chuck lui-même… Mais on se retient, parce qu’on pourrait, si on nous poussait juste un peu.

 

 

 

photo de Cglaume
le 06/06/2024

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