Iron Maiden - Chronicles of Eternity

Chronique CD album

chronique Iron Maiden - Chronicles of Eternity

ALERTE : cette chronique était évidemment un bon gros poisson d'avril, désolé pour tous les fans de Iron Maiden !

 

Après la sortie de l’album Seventh Son of a Seventh Son et de la tournée de quatre vingt seize date, dont presque la moitié aux Etat-unis, qui s’est étalée jusqu’à la mi-décembre 1988, Iron Maiden, sous la pression de son manager de toujours, Rod Smallwood, qui a toujours le nez creux jusqu’à présent, se presse pour rejoindre le Barnyard Studio à Essex, sous la houlette une fois de plus de Martin Birch, au début du mois de janvier 1989. Le groupe et celui qu’ils avaient surnommé, le temps d’un chanson, Sheriff of Huddersfield, ne voulaient pas laisser passer deux ans entre deux albums.

 

Les sessions d’écriture s’enchaînent rapidement : les membres du groupe débordent d’idées pour donner vie à Chronicles Of Eternity, qui emprunte les sons futuristes et progressifs des deux disques qui l’ont précédé, Somewhere in Time (1986) et Seventh Son of a Seventh Son (1988), avec une forte utilisation de guitares synthétisées. Il semble ne pas vouloir perdre de temps, le line-up ne varie pas et l’album sort le 3 avril, précédé de quelques semaines par le single « Voyager Eternal », plutôt bien reçu par la presse et qui se classe au septième rang des charts britanniques.

 

La pochette, dessinée par Derek Riggs encore une fois, dépeint un Eddie futuriste, équipé d’un exosquelette, est peut-être l’une des plus belles réalisées par l’artiste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour la première fois depuis ses débuts, je trouve que c’est le premier disque d’Iron Maiden à ne pas comporter de morceaux plus faible, chacun des titres semble à sa place, confirmant l’attachement de Steve Harris (basse) au Rock progressif, avec des durées fleuves, la plus courte étant 4:30. La presse, à la sortie de hronicles Of Eternity paraît regretter la présence de sonorités plus "dures", mais, comme j’ai pour ma part toujours préféré les longues pièces épiques (« Phantom Of The Opera », « Hallowed Be Thy Name » ou « To Tame A Land »…) chez la Vierge de Fer, j’y suis ici pour mon compte.

 

Une fois n’est pas coutume, et vous commencez à savoir que je n’aime pas habituellement cet exercice, je vais me plier au souvent rébarbatif piste à piste :

 

« Timeless Horizon » : Un titre d’ouverture épique qui démarre avec des synthétiseurs spatiaux, avant de basculer dans un riff galopant. Le thème : la quête d’un être immortel traversant les âges.

« The Celestial Clock » : mélodique et progressif, avec des solos imbriqués d’Adrian et de Dave, racontant l’histoire d’une horloge cosmique contrôlant le flux du temps.

« Voyager Eternal » : plus court et énergique, typiquement Maiden, mettant en avant Nicko et Steve. Le récit suit un voyageur perdu dans l’espace infini.

« Reflections in Infinity » : la pièce maîtresse de l’album. Bruce chante avec intensité sur des visions prophétiques dans un monde où passé, présent et futur se confondent.

« The Paradox Mirror » : une chanson aux riffs complexes et un refrain puissant, sur un artefact mystique montrant des réalités alternatives. Le titres est signé Dickinson / Smath, un duo qui fait des étincelles. Le solo de guitare de ce dernier est particulièrement dantesque.

« Edge of Forever » : un morceau aux airs mélancoliques, avec un superbe pont instrumental. L’inspiration vient des théories du Big Bang et de l’effondrement de l’univers.

« Eddie’s Odyssey » : dans la veine de Alexander the Great, Eddie devient un aventurier interdimensionnel. Une aventure épique, accompagnée de solos vertigineux.

« Chronicles of Eternity » : le morceau final, ambitieux et chargé en émotions. Des sections acoustiques et orchestrales accompagnent une réflexion sur la mortalité et le sens de la vie.

 

Pendant les sessions qui ont aboutit à la naissance de Chronicles Of Eternity, Steve Harris s’est montré particulièrement perfectionniste, la rumeur parle d’une prise de bec homérique concernant un lead de guitares à l’unisson que le bassiste était le seul à entendre décalées. Le technologie récente à montré il y a quelques années qu’il avait raison pour un un millième de seconde, décalage qui serait dû à la longueur du câble jack.

 

Après cette exploration intense des thèmes du temps et de l’infini, l’ensemble des membres du groupe était d’accord sur la nécessité de faire une pause. Cet album comme leur chant du cygne, une œuvre tellement dense qu’elle représentait la quintessence de leur créativité. Les tensions internes deviennent de plus en plus prégnantes, le paysage musical est en plein bouleversement avec l’avènement de MTV, les grunge et nu-metal qui sont en gestation… Face à l’intransigeance de Steve Harris, Iron Maiden finit par imploser, chacun allant de son côté. Chaque musicien ne veux plus entendre parler du groupe qui a fait sa renommé, pensant qu’un autre allait prendre le relais.

 

Cet évènement et le vide laissé, ne laissent pas certains acteurs musicaux indifférents, on est encore loin de l’omniprésence d’Internet et des informations qui transitent plus vite que la lumière. Dans ce contexte, Janick Gers, un guitariste proche de Bruce Dickinson, au courant de la situation du groupe, décide de recruter une équipe de musiciens pour continuer sous le nom d'Iron Maiden, des sosies à la fois visuels et musicaux. Adrian Smith n’arrive pas à être remplacé, son faux départ est donc orchestré, justifiée par des "désaccords musicaux", en particulier concernant l’utilisation des guitares synthétisées, imposé par Dave Murray.

 

Cependant, grâce à une production habile, des campagnes marketing ingénieuses et une certaine désaffection des fans qui ne suivaient plus le groupe de près, personne ne se rend compte de la supercherie. EMI, sa maison de disques, craignant de perdre l’une de ses plus grosses machines à cash, soutient secrètement Janick Gers dans son plan. Ils embauchent des ingénieurs du son talentueux pour masquer les failles du groupe. Interrogé en 2002, et souhaitant conserver son anonymat, un cadre de la maison de disques explique « L’important, c’est que les albums se vendent. Les fans ne se soucient pas des détails. »

 

Quatre albums sont publiés par cet ersatz de Maiden, No Prayer for the Dying en 1990, plus direct, avec des titres aux structures moins progressives, plus Rock.. La production semble maladroite, mais les fans pensent qu’il s’agit d’un choix artistique pour revenir à des racines plus simples. Fear of the Dark en 1992, mieux produit n’est pas illustré par Derek Riggs, qui avait peu-être flairé l’entourloupe, mais par Melvyn Grant qui dessine un Eddie boisé. La chanson-titre devient un classique, mais certaines failles dans la composition (comme « Weekend Warrior ») laissent perplexes les fans de la vieille école. Le chanteur, autrefois surnommé Air Raid Siren, se voit qualifié de "Budget Bruce". Son départ est annoncé et Maiden prend son temps pour recruter son successeur, Blaze Bayley (ex-Wolfsbane) et pour enregistrer Malgré quelques éclats sur The X Factor (Sign of the Cross, The Unbeliever), la descente aux enfers continue avec un Virtual XI si bâclé qu’il ferait vomir un paquet de Motilium®.

 

Nous jetterons un voile pudique sur la doublette A Real Live / Dead One, deux CD live, sélections de titres issus de concerts différents. Alors qu’Iron Maiden a toujours a été réputé pour ses prestations en concerts, ici, on voit, et surtout entend un groupe essoufflé, pas toujours au top (on parle du speech avant « Wasting Love » ?), et la rumeur prétend que lors d’un concert à Düsseldorf, "Budget Bruce" a oublié les paroles du classique « The Trooper ».

 

La vérité finit par éclater à la fin de cette décennie maudite, lors d’une interview donnée en 2000, le vrai Bruce Dickinson déclare :

« Le même jour de juin 1999, Adrian (Smith), Steve (Harris), Nick (o McBrain), Dave (Murray) et moi (NdT : les noms de famille ont été rajoutés par le traducteur) avons reçu chacun huit fichier MP3 anonymes. C’est ainsi que nous avons écouté Virtual XI pour la première fois… et je crois qu’on a tous ri, pleuré, et ouvert une bière pour oublier cette horreur. Quand j’ai entendu cet album, j’ai su qu’ils avaient touché le fond. Heureusement, nous étions prêts à revenir.  Suite à cette écoute et légèrement éméché, Steve et moi avons appelé Rod Smallwood et le boss d’EMI. »

 

Alors que tout semblait perdu, et qu’Iron Maiden sombrait dans l’anonymat, une annonce allait bouleverser l’histoire du heavy metal : Brave New World. Les vrais Maiden étaient de retour, et cette fois, ils allaient tout écraser. Mais le public ne devait rien savoir, et au départ, la supercherie resta cachée. Mais plusieurs indices permettaient de lever le voile, à commencer par le bon qualitatif entre Virtual XI et Brave New World, à propos duquel Steve Harris se fend d’un laconique «  Nous sommes enfin de retour, comme vous nous avez toujours connus », les oreilles les plus attentives remarquent que pour la première fois, le batteur, Nicko McBrain, utilise une double pédale, en particulier sur le titre «  The Mercenary ». Une décision étonnante, car Nicko s’est toujours refusé à ce type de technique, préférant démontrer sa vitesse et son habileté avec une seule grosse caisse. Ce changement, bien que subtil, illustrait à lui seul le retour du vrai Iron Maiden. Non seulement le groupe reprenait les rênes de son héritage, mais il était aussi prêt à évoluer et à explorer de nouvelles dimensions musicales. Autre détail qui ne manque pas d’alerter certains fans, le groupe, en particulier Bruce et Adrian sonne beaucoup mieux en concert.


 

Histoire de solder toute cette histoire, malgré une action en justice contre Janick Gers pour "usurpation d’identité musicale", le travail phénoménal de ce dernier pour maintenir à flots la « franchise » Maiden pendant les 90’s, est reconnu et il est pardonné, reste dans le groupe, contribuant au renouveau du vrai Iron Maiden. Au regard de cette situation, les paroles de « The Thin Line Between Love And Hate » le dernier titre de Brave New World, prennent un tout autre sens. Lors de la première date de la tournée, le 2 juin 2000 à Strasbourg, Dickinson déclare, dans le français qu’on lui connaît, « nous sommes putain de retour ! »

 

Face aux clowneries de certains groupe de nu-metal, et le dépression post-ado du Grunge, les fans d’Iron Maiden pardonnent vite à l’institution anglaise ses errements, Ces mêmes fans continuent de se moquer gentiment de cette équipe de sosies, en particulier "Budget Bruce" qui devient la cible de nombreux mèmes.

 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 

Arrivés à la fin de cette chronique, une question vous taraude certainement: que sont devenus ces sosies après cette gloire factice ? Dave Murène a définitivement quitté le monde de la musique. Nick McCerveau a ouvert un restaurant végan, Run to the Kale. Budget Bruce a continué d’enregistrer des albums en imitant Air Raid Siren. Cardigan Smith a monté un groupe de reprises de Maiden avec Thunderstick , Dennis Wilcock et Dennis Stratton, trois anciens membres du groupe dans les années 70. Quant à Stève Marris, il est devenu prof de basse (on raconte même qu’il a donné des leçons aux jeune Fieldy avant que ce dernier ne fasse partie de Korn). Il a également publié un livre intitulé Comment devenir Steve Harris (mais en moins bien), qui mélange anecdotes fictives et mauvaise foi.

 

En 2019, les quatre musiciens sont réunis sous la pression de l’ancien attaché de presse de Blaze Bayley, pour donner un concert à Nuremberg, ultime clin d’oeil à Iron Maiden (vierge de Nuremberg est l’autre nom donné à la vierge de fer). Ce show est un vraie catastrophe, devant une dizaine de spectateurs, dont les membres du groupe de première partie, Megadette, tribute band de Megadeth qui ne joue que des morceaux de l’album Risk.

Une chose est sûre : rien ne remplace le vrai Maiden.

Up the Irons !

photo de Xuaterc
le 01/04/2025

10 COMMENTAIRES

Goret du Nord

Goret du Nord le 01/04/2025 à 07:53:05

Quelle créativité en ce 1er avril 2025 !!!! Bravo 👏👏👏

cglaume

cglaume le 01/04/2025 à 07:53:34

Seuls les vrais savaient...

Moland

Moland le 01/04/2025 à 07:55:05

Belle diablerie !

Xuaterc

Xuaterc le 01/04/2025 à 08:53:44

Merci. On ne pourra pas dire que CoreAndCo ne chouchoute pas ses lecteurs

noideaforid

noideaforid le 01/04/2025 à 10:41:03

Ce n'est pas blood incantation la blague du 1er avril ? 

cglaume

cglaume le 01/04/2025 à 11:06:28

🤣🤣🤣

el gep

el gep le 01/04/2025 à 11:18:18

Absolument pas d'accord avec toi Xuartec ! Mais alors pas du tout !
Cet album est une honte, une honte !
Les guitares, synthétiques, les compos, plastiques, la pochette, cliché de chez cliché !
Et les textes, nan mais Donjons Et Dragons chez les planètes de Galaxies lointaine,s ça va deux minutes, hein.
Vraiment, cet album est à oublier, je ne te remercie pas de l'avoir ressorti de son, relatif, certes, oubli général.

Noideafroid, c'est les Prog-Metalleux en général, la blague. Surtout leurs fans.
Tiens, j'ai connu deux metal-progueux en bas de chez moi. Jamais vu des musiciens avec pareilles têtes à claques, j'en avais des frissons... euh bref...

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 01/04/2025 à 12:01:38

Derek Riggs utilisait déjà l'IA pour faire ses artworks en 1989 ?
Nan mais quelle escroquerie...
... et quel visionnaire un peu aussi en même temps 😳

Xuaterc

Xuaterc le 01/04/2025 à 12:05:21

L'IA a tout piqué à Derek Riggs, et non l'inverse
@el gep, tu es bien du style à défendre bec et ongles Paul Di'Anno face à Bruce Biteenfils

el gep

el gep le 01/04/2025 à 13:03:37

Ahah Xuxu, j'ai surtout aucun style !

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